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Le derby de toutes les incertitudes

Karim Farouk , Vendredi, 20 janvier 2023

Samedi 21 janvier, le mythique Stade du Caire accueillera le match au sommet Ahli-Zamalek. Un match traditionnellement chaud, même si les deux équipes sont loin de leur forme habituelle en ce moment.

Le derby de toutes les incertitudes

Ahli-Zamalek est le plus grand match de football égyptien qui apporte tant d’enthousiasme et d’anticipation. La rivalité entre les deux clubs date de plus d’un siècle et donne habituellement lieu à une ambiance fiévreuse dans les rangs d’un public amoureux du football. Mais ce 125e derby cairote n’arrive pas au bon moment pour les deux rivaux éternels.

Zamalek, l’équipe hôte, traverse une période de doute après avoir concédé une défaite et 2 nuls lors de ses 3 dernières rencontres en championnat. Un bilan catastrophique pour le double champion en titre qui l’a relégué à la 3e place du classement, à 5 points derrière le leader Ahli (31 points), et ce, après 13 journées. Les Blancs ont perdu leur dynamisme des deux dernières saisons qui leur avait donné une grande stabilité en contraste avec Ahli. « Je ne sais pas pourquoi l’entraîneur Jesualdo Ferreira a changé sa méthode de jeu cette saison. L’équipe fonctionnait bien la saison passée et les joueurs avaient bien digéré son système. Alors, pourquoi le changer ? Les joueurs égyptiens ne sont pas très flexibles pour changer de systèmes », a dit Hazem Emam, ancien capitaine de Zamalek et membre du conseil d’administration de la Fédération Egyptienne de Football (FEF).

Ferreira avait adopté un schéma de 3-4-3 la saison passée qui avait abouti au titre avant de varier cette saison entre un 4-3-3, un 3-5-2 et un 4-2-3-1. « Si j’utilise un système, vous allez me demander pourquoi je n’utilise pas l’autre et ainsi de suite. Je choisis le schéma de jeu en fonction de mes joueurs et de l’adversaire », a expliqué le technicien portugais.

Bien que Ferreira soit sur la sellette en raison de ce changement des schémas de jeu, le président de Zamalek, lui, a exprimé sa confiance en lui après avoir accumulé les succès lors des deux dernières saisons. « Ferreira restera en poste jusqu’à la fin de la saison au moins. Tout ce que je lui demande c’est de réviser ses méthodes et que chaque joueur joue à son poste normal au lieu d’essayer de les déployer dans diverses positions, ce qui crée une confusion », a dit Mortada Mansour.

Mais ce n’est pas le collectif seulement qui a échoué, car au niveau individuel, les Blancs font pâle figure. En dépit de l’arrivée de 9 joueurs l’été passé, aucun d’eux n’a pu sortir du lot. De même, certains joueurs de l’ossature principale de l’équipe n’arrivent pas à rééditer leur performance, et seul Ahmad Sayed « Zizo », meilleur buteur et joueur la saison passée, semble au niveau des expectatives. Samedi, Ferreira (76 ans) devra mettre tout son savoir-faire pour rassurer ses supporters et relancer l’équipe dans la course pour le titre.

Les problèmes d’Ahli

Chez le voisin Ahli, la situation est plus calme, mais loin d’être rassurante. « Ce qui est étrange et nous inquiète en tant que supporters du club c’est l’inconsistance de l’équipe, surtout au niveau des résultats. La saison passée c’était compréhensible, vu que les joueurs étaient épuisés en raison de la succession des matchs et du fait d’avoir enchaîné leur troisième saison d’affilée sans repos. Mais le groupe a eu un bon repos avant cette saison, et malgré ça, le niveau n’est pas du tout stable », affirme Walid Salaheddine, ancien capitaine de l’équipe et analyste sportif. C’est vrai qu’Ahli est en tête du classement et qu’il possède la meilleure attaque et la plus solide défense, mais les chiffres ne disent pas tout. Le niveau de l’équipe varie beaucoup d’un match à l’autre et d’une période à l’autre. Lors des 5 derniers matchs, les Rouges ont concédé 3 nuls, et sans la débâcle de Zamalek la pression aurait été grande. L’équipe sort aussi d’un échec face à Masri (0-0) dans un match qui était à sa portée. « On a dominé le match et créé beaucoup d’occasions. On a perdu 3 occasions qu’on ne pouvait pas se permettre de rater », dit Marcel Koller, entraîneur de l’équipe.

Le technicien suisse avait déjà exprimé son mécontentement quant au niveau de ses attaquants. Mohamad Chérif n’a marqué que 2 buts en 12 matchs, la nouvelle recrue Chadi Hussein a signé un seul but en 10 matchs, tandis que le Sud-Africain Percy Tau a marqué 2 buts en 5 matchs, mais a passé plus de la moitié de la saison à l’infirmerie avec des blessures musculaires. « Il est indispensable qu’Ahli renforce son côté offensif. L’équipe a besoin d’un attaquant étranger et d’un ailier avec de grandes qualités qui puisse perturber les défenses adverses avec des actions individuelles. L’équipe a réussi à se créer un grand nombre de chances à chaque rencontre, mais la majorité n’est pas exploitée », a dit Emad Metaeb, ancien attaquant d’Ahli et de la sélection.

Ahli a acheté en janvier le jeune attaquant tunisien Mohamad Dhraoui (19 ans), mais cela semble un investissement pour le futur plutôt qu’une solution immédiate. Le club cherche à étoffer son côté offensif, notamment avant la Coupe du monde des clubs en février prochain. Mais pour ce derby, Ahli doit s’inquiéter aussi de sa défense, vu que Mahmoud Metwalli manquera au rendez-vous en raison d’une suspension et Yasser Ibrahim semble incertain pour cause de blessure. L’enjeu pour Ahli est double. Il s’agit de creuser l’écart avec son principal rival et prendre une sérieuse option pour récupérer le titre national, mais aussi éviter une défaite qui portera un mauvais coup au moral des joueurs avant le Mondial des clubs.

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