La saison 2023 est chargée en compétitions d’ampleur : Championnats du monde, Coupes du monde, Grand Prix, Premier League, Championnats d’Afrique, tournois internationaux. Ces compétitions, dont les classements sont d’une cruelle importance pour la qualification olympique, préparent les Jeux de 2024 à Paris. Après le tour de force réalisé par l’Egypte en 2020 à Tokyo, où 6 médailles olympiques, dont une d’or, ont été ajoutées aux trésors des Pharaons, chaque fédération a planifié un programme de préparation où la barre a été placée très haut. Sans oublier de continuer la préparation des jeunes générations à reprendre le flambeau. Mais réaliser ce programme paraît bien difficile face à la chute de la livre égyptienne et au manque de réserves en dollar du pays.
Comme de nombreux pays émergents, l’Egypte et sa monnaie sont actuellement éreintées par la hausse du cours du dollar. Ainsi, avec l’effondrement de la livre égyptienne face au billet vert, le sport égyptien souffre, comme tous les secteurs du pays. Face au dilemme entre restriction économique et exigences sportives, les fédérations sportives anticipent et cherchent de nouveaux moyens.
Le pentathlon demande le soutien des autorités sportives
La Fédération égyptienne de pentathlon moderne, présidée par Sharif El-Erian, secrétaire général du Comité olympique égyptien et président de la Fédération égyptienne de pentathlon, demande le soutien du pays par une avance sur les subventions publiques du ministère de la Jeunesse et du Sport. « Nous travaillons depuis des années à développer le pentathlon en Egypte et posséder des générations qui se renouvellent pour faire perdurer la discipline. Pour maintenir notre niveau, nous devons continuer d’envoyer nos jeunes athlètes à l’étranger, effectuer des stages de préparation et disputer des compétitions internationales, ce qui paraît difficile avec la flambée du dollar. De plus, 2023 est une année décisive pour la qualification olympique. Les athlètes doivent disputer un minimum de compétitions afin d’acquérir des points et améliorer leur classement olympique », explique, avec une pointe d’inquiétude, Sharif El-Erian.
En Egypte, le pentathlon a récemment pris en gage et en valeur. En effet, l’Egypte s’est hissée dans la cour des grands et s’est arrogé la réputation des meilleurs en faisant trôner ses Pharaons sur de nombreux podiums ces dernières années. Aux Jeux olympiques d’abord, mais aussi aux Jeux olympiques de la jeunesse, aux Championnats du monde seniors, juniors et cadets, durant les Coupes du monde et Championnats d’Afrique. En bref, l’Egypte répond toujours présente dans les compétitions régionales et internationales, et haut la main sur le tableau des médailles.
« Afin de préserver cette avancée, nous devons réaliser les programmes et objectifs que nous nous sommes fixés. Nous essayons d’économiser le plus possible. Par exemple, dans cette situation, nous achetons les billets d’avion de chaque compétition en anticipant deux fois plus que les années précédentes, afin de l’acheter au prix le plus bas et utiliser l’argent économisé ailleurs », souligne El-Erian.
Toute fédération qui s’est fixé comme objectif le podium se trouve dans cette situation. Et cela est pire pour celle qui rêve d’en remporter plusieurs. L’escrime est en ce sens l’une des disciplines qui souffrent le plus, puisque la Fédération égyptienne prépare de nombreuses équipes de niveau national dans trois épreuves de fleuret: épée et sabre, homme et femmes, seniors, juniors et cadets. « La Fédération égyptienne, qui s’occupe de préparer plusieurs équipes, a dû annuler quelques compétitions pour les dames, puisque les équipes dames sont encore loin du niveau international », confie Yara El-Sharkawi, fleuriste de la sélection nationale.
Pour le tireur Azmy Mehelba, premier et seul athlète égyptien ayant décroché un ticket pour les Jeux olympiques suite à sa médaille d’or aux Championnats du monde de tir, la situation est, de fait, un peu différente. « Assurer la qualification olympique très tôt est un privilège. J’ai le maximum de temps possible pour me préparer. Mais la bonne préparation nécessite de l’argent pour effectuer des stages de préparation et disputer un certain nombre de compétitions. Le tir est un sport où l’expérience augmente avec les compétitions. Comme je suis le seul athlète égyptien qualifié pour les JO de Paris, je dois demander un programme de préparation privé », explique Mehelba.
Les disciplines non olympiques souffrent tout autant. C’est le cas du karaté, pourtant discipline majeure en Egypte avec un très grand nombre de karatékas professionnels et une large base de pratiquants. Afin de préserver sa stature, la Fédération égyptienne de karaté effectue des essais avant chaque compétition majeure pour sélectionner l’équipe nationale. Elle ouvre désormais ses portes au public, notamment à la participation d’autres athlètes en échange d’une participation financière.
En outre, plus le nombre de sportifs augmente, plus les difficultés s’accentuent. Les sports collectifs, notamment ceux dont les équipes sont composées d’un grand nombre de joueurs, ne sont évidemment pas en reste.
Malgré toutes ces difficultés, les fédérations égyptiennes maintiennent leur programme de préparation en essayant de jongler avec leurs finances pour ne pas avoir à recourir à l’annulation pure et simple d’événements. A cet effet, des partenariats émergent. C’est le cas de la Fédération de taekwondo qui, pour relever le défi, vient de signer un contrat avec le sélectionneur britannique Mahama Abdoul Fatah Cho, afin d’encadrer la sélection nationale égyptienne jusqu’aux JO de Paris 2024.
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