A peine le temps de souffler. La nouvelle saison du Championnat national débute le 25 octobre pour enchaîner une troisième saison d’affilée perturbée du fait de la pandémie du Covid-19. Coup d’envoi tardif, de longues interruptions du fait de la Coupe arabe en décembre prochain et la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en janvier 2022 et une fin de saison prévue pour la fin d’août. 2021-2022 ne promet donc pas beaucoup, il ne faudra pas qu’on s’attende à remettre le foot égyptien sur le bon chemin.
Mais cette nouvelle saison porte une nouvelle identité avec la formation de la Ligue des clubs professionnels égyptiens — à l’image de la Premier League anglaise, la Ligue 1 française et la Serie A italienne — qui sera responsable de gérer le Championnat national à la place de la Fédération égyptienne de football. « Nous avons beaucoup de travail à faire et très peu de temps, mais nous essayons de faire le mieux pour le football égyptien. Après de nombreuses discussions avec les clubs, la grande majorité a refusé le changement du format du championnat pour des raisons commerciales et financières. Ainsi, nous avons mis un plan pour revenir au calendrier normal : débuter en septembre et terminer en mai dans une période de trois ans », a annoncé Ahmad Diab, chef de la ligue. La nouvelle administration a réalisé un premier succès en annonçant le retour des spectateurs aux gradins après plusieurs années de tribunes désertées et sombres pour des raisons sécuritaires et ensuite sanitaires à cause du Covid-19. « Pour commencer, nous aurons 2 000 spectateurs à chaque rencontre, 1 000 par équipe. On espère qu’ensuite, on pourra augmenter ce nombre, en cas de respect de toutes les mesures et précautions nécessaires », a ajouté Diab.
Et pourtant, l’animation des tribunes devient de plus en plus difficile avec la grande croissance des clubs appartenant à des compagnies privées, qui ne possèdent pas de public. Dans cette nouvelle saison, figurent seules 6 équipes à base populaire, à savoir Ahli, Zamalek, Ismaïli, Masri, Ittihad d’Alexandrie et Smouha. La promotion de trois clubs affiliés à des compagnies, dont Pharco FC, Al-Charqiya lel Dokhan FC et Future FC, a fait gravement penché la balance pour avoir un record de 12 clubs sur un total de 18 en Championnat national. « C’est vraiment un phénomène à étudier et à contrôler. Ça réduit la passion dans les gradins, mais aussi l’intérêt pour les matchs. Avoir un si grand nombre de clubs sans support populaire va sûrement affecter l’attention aux matchs. Imaginez si on avait dans le championnat les clubs de Tanta, Suez, Mansoura et Assouan, ces grands clubs à énormes bases de fans qui, malheureusement, n’arrivent pas à survivre en première division en raison du manque de ressources ! Bien sûr, ces nouveaux arrivés possèdent de larges moyens et posent de grands challenges aux autres équipes, mais il faut voir l’intérêt du football plus globalement », a dit Hicham Hanafi, ancien international d’Ahli et analyste sportif.
Ahli et Zamalek toujours au-dessus du lot
Côté technique, ces clubs ont prouvé, au cours des dernières années, qu’ils sont une valeur ajoutée au championnat. Pyramids FC est le grand exemple qui a intégré la cour des grands depuis sa conversion d’Al-Assiouty Sport en 2018, en terminant troisième derrière les ténors Ahli et Zamalek lors des trois dernières saisons. Ceramica Cleopatra a fait grand impact et semble continuer sur sa lancée. Et les nouveaux venus Future FC, qui a acheté le club de la compagnie Coca-Cola, et Pharco FC semblent prêts à faire une grande entrée en scène. Pour leur première saison dans l’élite, ces riches clubs ont montré leurs muscles financiers pour construire leurs effectifs. Pharco FC, affilié à la compagnie pharmaceutique Pharco, a acheté plus d’une quinzaine de joueurs, dont les anciens internationaux Amr Gamal, Abdallah Bakri et Rami Sabri, outre cinq joueurs étrangers. Future FC a composé son noyau autour d’ex-joueurs expérimentés d’Ahli et de Zamalek, tels le gardien Mahmoud Abdel-Réhim, les milieux Nasser Maher et Mohamad Farouq et les attaquants Marwan Mohsen et Ahmad Rifaat.
La concurrence sera plus difficile, les matchs plus intenses, mais la hiérarchie, notamment au sommet, semble encore respectée. Zamalek et Ahli semblent toujours au-dessus du lot. Champions en titre, les Blancs, bien qu’interdits de recrutement par la FIFA, possèdent une équipe à faire rêver avec des joueurs comme l’excellent ailier marocain Achraf Bencharki, l’attaquant tunisien Seifeddine Jaziri et le milieu moteur Tareq Hamed. Le voisin et rival éternel Ahli, méprisé par la perte du titre la saison passée, a largement investi sur le marché des transferts pour étoffer son effectif avec des joueurs comme l’international sud-africain Percy Tau, l’ailier du Mozambique Luis Miquissone, l’attaquant Hossam Hassan et le latéral Karim Fouad.
La course au titre semble encore une fois limitée mais le spectacle sera garanti et on peut célébrer au moins le retour, tant réclamé, du public dans les stades. En attentant que le foot revienne à toutes ses normes dans un futur proche.
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