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Chawqi Gharib : Notre objectif est d’aller le plus loin possible

Propos recueillis par Amr Moheb, Mardi, 13 juillet 2021

A quelques jours des JO, l’entraîneur de l’équipe olympique de football, Chawqi Gharib, revient sur la préparation des joueurs et les chances de l’équipe au Japon.

Chawqi Gharib

Al-Ahram Hebdo : Avant de partir au Japon, est-ce que vous voyez que les préparations de votre équipe sont suffisantes ?

Chawqi Gharib : Les préparations de l’équipe étaient bonnes l’année dernière jusqu’à ce que le coronavirus ait frappé le monde. A cause du virus, les Jeux Olympiques (JO) ont été reportés d’une année. Malheureusement, cette année n’a pas été vraiment utile pour la préparation de l’équipe. Tout au long de l’année, nous n’avons joué que 4 matchs amicaux contre 3 équipes : un contre le Brésil, un contre la Corée du Sud et 2 matchs contre l’Afrique du Sud. J’aurais voulu jouer un ou deux matchs amicaux de plus pour mieux préparer l’équipe avant de partir au Japon, mais ce n’était pas possible car la majorité des joueurs étaient occupés avec leurs équipes, soit dans les compétitions africaines ou au Championnat national.

Il suffit de savoir que 9 de mes joueurs participaient avec Ahli et Pyramids aux compétitions africaines, sans compter les autres joueurs qui participent avec leurs équipes au Championnat national. Nous avons cependant un avantage, c’est que les joueurs ont passé de longs séjours ensemble lors des nombreux stages de préparation que nous avons faits depuis la CAN 2019 jusqu’à aujourd’hui, ce qui a créé une certaine homogénéité. Les joueurs se connaissent très bien, ils sont devenus les membres d’une grande famille.

Vous partez aux JO sans les deux vedettes Mohamad Salah et Moustapha Mohamad dont les clubs, respectivement Liverpool et Galatasaray, ont refusé de les laisser participer aux JO. L’absence de ces deux grands joueurs peut-elle affecter l’équipe au Japon ?

— Franchement, j’aurais aimé avoir ces deux joueurs au Japon. Mohamad Salah et Moustapha Mohamad sont les deux grands attaquants de l’équipe, mais comme Liverpool et Galatasaray refusent de nous les donner, nous ne pouvons rien faire. Nous devons être réalistes et jouer sans eux. Nous avons de bons attaquants comme Ahmad Yasser Rayane, meilleur buteur du Championnat égyptien avec Ceramica Cleopatra, et Salah Mohsen, un des meilleurs attaquants en Egypte en ce moment avec Ahli. Rayane et Mohsen remplaceront Moustapha Mohamad et Mohamad Salah au Japon.

— Depuis Barcelone 1992, la compétition de football aux JO a été rajeunie en autorisant la participation sans restriction de tous les joueurs de moins de 23 ans, avec la possibilité de sélectionner 3 joueurs de plus de 23 ans. Comment avez-vous choisi ces 3 joueurs ?

— Au début j’avais l’intention de sélectionner Mohamad Salah pour soutenir l’attaque de l’équipe, Ahmad Hégazi pour soutenir la défense et le grand gardien expérimenté Mohamad Al-Chennawi. Après le refus de Liverpool de nous donner Salah, j’ai préféré soutenir seulement la défense, surtout que nous allons jouer contre des équipes qui possèdent de très bons attaquants comme l’Espagne et l’Argentine. Les jeunes milieux défensifs de la sélection ne sont plus titulaires avec leurs équipes au Championnat national en ce moment. Alors, j’ai décidé de sélectionner le défenseur central de Zamalek, Mahmoud Hamdi (Al-Wench), qui donnera plus de sécurité défensive aux côtés d’Ahmad Hégazi.

— Les uns s’attendaient à ce que vous ne sélectionniez pas Al-Chennawi après la grande faute qu’il a commise lors du match d’Ahli face à Pyramids et qui a coûté à son club 2 points …

— Jamais ! Al-Chennawi est un très grand gardien de but. Il est le meilleur gardien d’Afrique en ce moment. Y a-t-il un seul joueur de football au monde qui ne commet pas d’erreurs ? Au contraire, j’ai tenu à appeler Al-Chennawi après son match contre Pyramids pour l’encourager, et j’ai insisté sur le fait de publier le lendemain de ce match la liste finale des joueurs de la sélection en mettant son nom sur la liste pour envoyer un message clair qu’il est le gardien numéro 1 en Egypte malgré sa faute contre Pyramids.

— Etre enfermé dans une bulle au Japon est nouveau pour les jeunes joueurs égyptiens, avez-vous préparé les joueurs à cela ?

— Nous essayons de les familiariser avec ce qu’ils vont trouver au Japon. Heureusement, l’Egypte n’est plus classée zone B du Covid-19 comme c’était le cas il y a quelques semaines. Nous ne sommes donc pas obligés de nous enfermer 3 jours à notre arrivée au Japon comme les pays de la zone B. Nous allons faire 3 tests PCR, et j’espère que les résultats seront négatifs. De même, à cause du Covid-19, le comité d’organisation a permis aux équipes d’avoir une liste de 22 joueurs au lieu de 18 seulement, ce qui est un avantage pour nous et pour toutes les équipes qui participent à cette édition. Quant au fait de jouer à huis clos, nos joueurs sont habitués à cela car nous jouons déjà les matchs en Egypte à huis clos.

— Vous partez au Japon sans 4 titulaires qui participeront avec Ahli à la finale de la Ligue des champions d’Afrique le 17 juillet : le gardien Mohamad Al-Chennawi, Taher Mohamad Taher, Akram Tawfiq et Salah Mohsen. Les 4 vous rejoindront au Japon le 18 juillet, 3 jours seulement avant le premier match aux JO contre l’Espagne le 22 juillet. Cela ne risque-t-il pas d’affecter leurs performances ?

— Soyons réalistes, nous n’avons pas le choix. Ahli représente l’Egypte et jouera la finale de la compétition la plus prestigieuse d’Afrique au niveau des clubs : la Ligue des champions. S’il remporte cette finale, il se qualifiera pour la Coupe du monde des clubs. Il doit donc avoir tous ses joueurs s’il veut gagner car il représente tout un pays. Notre devoir est de soutenir Ahli et de lui laisser ses joueurs pour qu’il joue cette finale africaine sans stress. Nous aurions fait la même chose avec Zamalek s’il s’était qualifié pour la finale de la Ligue des champions, et avec Pyramids s’il s’était qualifié pour la finale de la Coupe de la Confédération africaine. Je sais qu’il y a un risque qu’un de ces 4 joueurs se blesse en jouant la finale. C’est pourquoi j’ai joué l’un de mes 2 matchs amicaux préparatifs contre l’Afrique du Sud il y a deux semaines sans ces 4 joueurs. Nous avons réussi à faire un bon match malgré leur absence. Heureusement, à chaque poste j’ai au moins deux joueurs de qualité. Par exemple, en ailier gauche j’ai Ramadan Sobhi et Taher Mohamad Taher. En attaque, j’ai Ahmad Yasser Rayane, Salah Mohsen et Nasser Mansi, etc. De toutes les manières, les joueurs qui nous rejoindront au Japon seront présents 3 jours avant notre premier match aux JO. Je pense que c’est suffisant pour qu’ils s’adaptent à l’équipe avant le premier match contre l’Espagne le 22 juillet.

— Le tirage au sort des JO a mis l’Egypte dans le groupe 3 avec 3 grandes équipes : l’Espagne, l’Argentine et l’Australie.

— (Rires). C’est le groupe de la mort. Si on parle de l’Espagne par exemple, 6 joueurs de l’équipe viennent de participer avec l’équipe nationale A de l’Espagne à l’Euro 2020, dont la finale était dimanche dernier. L’Espagne participe cette année aux JO avec tous ses joueurs sans exception car tous les joueurs qui évoluent en Europe ont été libérés par leurs clubs pour participer aux JO, alors que Liverpool et Galatasaray ont refusé de nous laisser Mohamad Salah et Moustapha Mohamad. Nous allons donc jouer contre une équipe très forte et complète. L’Argentine aussi est une très grande équipe. L’Espagne et l’Argentine sont parmi les grandes favorites de cette édition. La quatrième équipe de notre groupe est l’Australie qui est aussi une bonne équipe. Nos matchs durant la phase de poule ne seront pas du tout faciles, mais notre équipe est aussi bonne et est capable de faire de bons résultats.

— Face aux grandes équipes comme l’Espagne ou l’Argentine, est-ce que vous allez jouer défensivement et compter sur les contre-attaques pour marquer ou bien vous allez opter plutôt pour un système de jeu offensif ?

— Au Japon, l’équipe adoptera le système de jeu que j’ai appliqué lors de nos matchs précédents en Coupe d’Afrique des nations en 2019 et aux matchs amicaux. Nous jouerons en 3-3-3-1. C’est un système de jeu équilibré. La majorité des grandes équipes européennes appliquent ce système de jeu. Le coach sudafricain d’Ahli, Pisto Mosimane, l’a aussi appliqué lors des matchs allers et retours contre l’Espérance de Tunis en demi-finales de la Ligue des champions d’Afrique, et grâce à ce système, Ahli a réussi à battre l’Espérance en Tunisie et en Egypte.

— Le football égyptien s’est déjà qualifié à 11 reprises aux JO, notre meilleur résultat était une quatrième place aux JO de Tokyo en 1964. Comment voyez-vous la chance des Pharaons au Japon 2020 ?

— Notre objectif est d’aller le plus loin possible. En 2001, en Coupe du monde des moins de 20 ans, nous avons réussi à décrocher la médaille de bronze, ce qui était difficile à imaginer avant la compétition. Il n’y a pas d’impossible dans le football. Je suis très optimiste malgré la force de nos adversaires. Je sens que nous ferons un parcours exceptionnel, et pourquoi pas décrocher une médaille pour la première fois de l’histoire de l’Egypte. Nous défendrons nos chances .

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