
L'attaquant d'Ahli, Mohamad Chérif, a marqué un doublé face à Zamalek. (Photo : Reuters)
Zamalek n’a pas pris sa revanche. Les Blancs se sont inclinés 2-1 contre Ahli, dimanche au Stade du Caire, lors du derby cairote. Quatre mois après leur défaite en finale de la Ligue d’Afrique 2020, la même situation se reproduit sur le même score et dans un scénario similaire.
Ce n’était pas une soirée exceptionnelle pour les Rouges, mais l’entraîneur Pitso Mosimane peut se montrer très satisfait de cette victoire, d’autant plus qu’elle intervient dans un contexte très difficile. Le technicien sud-africain a fait tourner son effectif pour compenser les nombreuses blessures qui ont frappé le groupe, y compris le capitaine et gardien international Mohamad Al-Chennawi, ainsi que le trio titulaire de la défense Ali Maaloul, Yasser Ibrahim et Mohamad Hani, le milieu international Hamdi Fathi et l’attaquant nigérian Junior Ajayi.
C’était une confrontation stylée. La balance a penché alternativement des deux côtés, mais lorsqu’Ahli s’est décidé à se concentrer, l’éclat et l’efficacité ont fait la différence. Lors d’un affrontement aussi décisif, les premières minutes sont très importantes. Le champion d’Egypte et d’Afrique l’a compris et a su imposer son rythme. Le meneur Mohamad Magdi « Afcha » a orchestré la dynamique de possession pour contrôler le tempo et lancer des attaquants dans les espaces. Zamalek, selon la tactique du Français Patrice Carteron, s’est replié dans sa moitié de terrain pour protéger sa zone. Les Rouges ont malgré tout trouvé leur chemin vers les filets. Afcha était brillant dans les possessions de balle et Mohamad Chérif décisif face aux buts. Après quelques occasions manquées, Chérif a ouvert le score d’une excellente frappe du droit à la 21e minute. Le capitaine de Zamalek Mahmoud Abdel-Razeq « Chikabala » a marqué le but de l’égalisation à la 31e minute. Dans une action similaire à celle de la finale d’Afrique, il a pénétré sur le côté droit et frappé du pied gauche dans la lucarne. Trois minutes plus tard, Chérif redonnait l’avantage à Ahli d’une puissante frappe du gauche également. En deuxième période, les hommes de Mosimane ont abandonné le ballon à Zamalek pour garder leur avantage, mais aussi probablement pour une raison de baisse de régime. Les Blancs ont multiplié leurs attaques mais, malgré les individualités d’Achraf Bencharki, Ferjani Sassi et Ahmad Al-Sayed « Zizo », le jeu était trop prévisible. La fortune a voulu que le héros de la soirée soit incarné par le gardien remplaçant d’Ahli Ali Lotfi, qui a signé une performance grandiose en arrêtant un pénalty de Mahmoud Alaa en dégageant le ballon de la ligne de but durant le temps additionnel. « Je remercie Dieu pour ma performance d’aujourd’hui. J’ai toujours eu confiance en moi en conservant ma concentration lors des entraînements. J’ai beaucoup travaillé avec Michel Iannacone (l’entraîneur des gardiens des buts) lors de la dernière semaine en analysant toutes les actions de Zamalek, que ce soit les coups francs, les corners ou les pénaltys », a dit Lotfi qui en est seulement à son quatrième match de la saison, toutes compétitions confondues.
Carteron critiqué
Carteron, réputé pour sa bonne gestion des grands matchs, a toutefois été vivement critiqué pour son approche tactique. « Je ne vois aucune raison pour ce repositionnement en début de match. L’équipe était en grande forme face à un adversaire fortement diminué. Laisser le ballon à Ahli en début de match s’est avéré être une erreur majeure, car ses joueurs ont acquis une confiance excessive en jouant confortablement », a dit Hazem Emam, ancien capitaine de Zamalek et analyste sportif. Toutefois, tout en regrettant ce début de partie chaotique, le technicien français, qui a mené les Blancs aux titres de la Supercoupe d’Egypte et d’Afrique en 2020, a défendu ses poulains. « D’après moi, la meilleure équipe a perdu. On a raté l’entame, on était crispés et on n’a pas pu se libérer lors de cette première période. Nous avons commis deux erreurs que nous avons payées trop cher. En deuxième période, nous avons montré notre vrai niveau sans réussir à faire la différence. Globalement, je suis satisfait, car j’ai pu constater la combativité de mes joueurs. Nous progressons et je suis très confiant pour l’avenir. Je ne comprends pas pourquoi on parle tellement des absences d’Ahli, je n’ai pas ressenti de faiblesse dans leur comportement : ils avaient beaucoup de bon joueurs confirmés sur le terrain », a-t-il dit lors de la conférence de presse qui a suivi le match.
Il paraît évident que la richesse de l’effectif d’Ahli a permis à Mosimane de combler son déficit qui atteignait dix joueurs pour ce match. Outre Lotfi, le défenseur Rami Rabia, qui joue seulement son cinquième match de la saison, ainsi que le latéral droit Ahmad Ramadan « Beckham » (7 matchs) ont été à la hauteur du défi.
Une victoire importante
La victoire a permis à Ahli de s’élever dans le classement pour se positionner à trois points derrière le leader Zamalek, qui affiche 33 points, mais qui possède une avance de trois matchs. « C’est une victoire importante pour nous, car beaucoup de matchs ont été reportés et il était indispensable de réduire l’écart avec Zamalek. Je réfute l’écart de six points, je considère qu’il est seulement de trois. Une victoire au derby nous donnera confiance pour les matchs à venir. Nous avons éprouvé beaucoup de difficultés en raison de l’absence de certains joueurs. Et c'est devenu plus compliqué en fin de match, après les blessures d’Ayman Achraf et Beckham, je ne disposais plus d’assez de joueurs pour effectuer des changements. Je salue les hommes de Zamalek pour leur performance. Nous allons célébrer cela aujourd’hui, mais dès demain, nous reprendrons sérieusement nos entraînements », a dit Mosimane. En effet, les Rouges joueront contre Smouha ce mercredi, dans un match reporté de la 11e journée.
Ahli et Zamalek n’auront pas le temps de souffler durant la prochaine période, car ils vont enchaîner des matchs à une allure infernale en raison d’un calendrier local surchargé dont l’issue est prévue fin août ou début septembre. Le début tardif de la saison, fin décembre dernier, et les engagements continentaux des clubs ont pesé lourd sur les clubs, notamment Ahli qui continue de lutter pour le titre en Ligue d’Afrique. Les Rouges comptent 8 matchs reportés et Zamalek 5. Ils vont devoir assurer une succession de rencontres tous les trois jours durant de nombreuses semaines. « C’est vraiment un rythme épuisant. Il semble normal que nous devions faire face à un si grand nombre de blessures qui toucheront encore certainement d’autres joueurs au cours de la saison. Soutenir une telle cadence est nuisible pour les joueurs, Ahli et la sélection égyptienne, d’autant plus que nous débutons une 4e saison sans un bon repos intermédiaire », conclut Mosimane.
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