(Photo : Mohamad Moustapha)
Al-Ahram Hebdo : Que représente pour vous la médaille d’or obtenue à la première édition du Championnat arabe de rugby qui s’est déroulée à Alexandrie la semaine dernière ?
Farida Zakzouk : Le Championnat arabe de rugby représente un bon début pour le rugby féminin en Egypte. C’est un grand pas vers le développement de cette discipline dans notre pays. Il est à noter que la sélection nationale dames a été constituée juste avant le Championnat arabe et, malgré cela, nous avons réalisé un exploit en remportant tous nos matchs avec des scores différentiels importants comme contre les Emirats arabes unis, le Liban et la Syrie en finale.
— Pensez-vous que votre performance au Championnat arabe puisse jouer un rôle dans le développement de cette discipline en Egypte ?
— Bien sûr. Notre victoire au Championnat arabe permet au rugby d’être renommé en Egypte, grâce surtout à la bonne couverture médiatique de la compétition. Aujourd’hui, les filles commencent à me demander où se pratique cette discipline et quelles sont les équipes qui possèdent des formations féminines. Nous avons élaboré un plan avec la Fédération égyptienne présidée par Hossam Saheb, afin de développer le rugby féminin dans les différents clubs et dans les écoles. Aujourd’hui, le Championnat national dames regroupe 4 équipes seulement, à savoir : AUC Wolves, Transforma Panthers, Cairo Rugby et Alexandria Rugby Club. Nous voulons augmenter le nombre des équipes afin de créer de la concurrence et par la suite élever le niveau des joueuses.
— Comment avez-vous commencé à pratiquer cette discipline ?
— J’ai commencé à pratiquer le rugby lorsque j’ai intégré l’Université américaine du Caire (AUC). Lors de ma première journée à l’université, une de mes amies m’a proposé de la suivre afin de tester ce nouveau sport. Durant mon enfance, je jouais au basket-ball. A l’université, j’ai voulu pratiquer une nouvelle discipline et, tout naturellement, j’ai pensé au rugby qui est un nouveau sport en Egypte. J’ai pensé trouver ma place dans ce sport émergent dans la perspective de m’imposer plus facilement dans cette nouvelle discipline qui représente l’avenir pour toutes les joueuses. Dès mes premiers entraînements, j’ai été conquise par ce sport et j’en suis tombée amoureuse jusqu’à ce qu'il ait constitué le centre de ma vie.
— Qu’est-ce qui vous attire dans ce sport ?
— Le rugby n’est pas un sport dangereux. C’est une discipline qui allie force, endurance, vitesse, technique et stratégie. L’atmosphère qui règne est l’enthousiasme. Toutes les joueuses qui pratiquent le rugby sont très complices et forment une famille. Le rugby est un sport d’équipe et de contact. Ses spécificités sont de mêler le jeu à la main et le contact physique. Les règles consistent à tenter de faire progresser le ballon en le faisant passer vers l’avant de l’une à l’autre dans le but de marquer des points grâce à un « essai », un « drop » ou une « pénalité » due à une faute adverse. La passe en avant est prohibée, celle-ci doit toujours se faire vers l’arrière.
— Quelles sont vos perspectives d’avenir ?
— Aujourd’hui, nous avons beaucoup progressé. Pour la première fois, l’Egypte possède une équipe nationale féminine. Après notre bonne performance au Championnat arabe, la Fédération africaine nous a envoyé une invitation à disputer les éliminatoires africaines qualificatives pour le Championnat d’Afrique. La compétition africaine est d’un niveau beaucoup plus élevé avec des géants comme l’Afrique du Sud et le Kenya. Nous devrons préparer minutieusement la compétition. Nos entraîneurs Khaled Helal et Mohamed Tobgy devront s’y employer. Notre équipe est d’un bon niveau avec des joueuses talentueuses qui évoluent dans l’amour du jeu et une excellente harmonie. Nous avons toutefois besoin de plus de considération pour aller plus loin.
Le rugby est un sport qui se pratique en Egypte depuis 2003. Au début, seuls les étrangers vivant en Egypte pratiquaient ce sport. Ces étrangers, qui travaillent dans des sociétés internationales, ont créé des clubs de rugby en organisant en interne des compétitions amicales. En 2009, Hossam Saheb, président de la Fédération égyptienne de rugby, a déposé un dossier au Conseil national du sport dans une première tentative de lancer une fédération. Après plusieurs démarches, il a réussi, en 2017, à recevoir l’aval du ministère de la Jeunesse et du Sport et a ainsi pu créer officiellement cette fédération. L’intégration du rugby égyptien aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro 2016 était le point d’orgue tant recherché.
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