Le miracle n’a pas eu lieu pour Ahli. Lundi au stade d’Ahmad Bin Ali, la hiérarchie a été respectée et le Bayern de Munich, champion d’Europe, a battu le ténor africain Ahli 2-0, se qualifiant pour la finale de la Coupe du monde des clubs. Le géant bavarois n’a eu besoin que de 17 minutes pour concrétiser son immense supériorité grâce à un impeccable Robert Lewandowski, meilleur joueur du monde en 2020, qui a ouvert la marque de l’intérieur de la surface après avoir été bien servi par Serge Gnabry. Intimidé par l’intensité et le calibre de leur adversaire, les Rouges se sont repliés dans leur zone et ont été bien chanceux de ne pas concéder davantage de buts sur des occasions de Lewandowski, Marc Roca et Thomas Muller, qui ont manqué d’efficacité devant le portier égyptien Mohamad Al-Chennawi.
Les hommes de Pitso Mosimane ont hissé leur jeu en 2e période. Le Bayern, peut-être un peu fatigué par l’arrivée tardive au Qatar ou par l’enchaînement des matchs, a baissé son rythme sans pour autant se montrer vulnérable. Hussein Al-Chahat, Mahmoud Abdel-Moneim « Kahraba » et Mohamad Magdi « Afcha » ont eu quelques occasions, mais rien pour menacer un gardien du calibre de Manuel Neuer. Le coup de grâce est venu à la 86e minute, lorsque Lewandowski a doublé la marque pour envoyer le Bayern en finale contre le Tigres du Mexique, qui a créé l’histoire en devenant le premier champion de Concacaf à se hisser en finale de la compétition.
« Nous avons fait un grand match contre le Bayern de Munich, champion d’Europe. Nous avons de bons joueurs et avons profité de ce match pour acquérir une grande expérience, mais ce qui est important aussi, c’est que nous avons montré que nous ne sommes pas loin de ce niveau-là », a dit le capitaine de l’équipe, Al-Chennawi, après le match.
Le Bayern trop fort
Bien sûr il aurait fallu un autre adversaire que le Bayern qui a terrorisé le foot européen en 2020 pour qu’Ahli puisse créer un exploit et se qualifier pour la finale. Mais à l’heure du bilan, on peut dire qu’Ahli a manqué de confiance, de puissance physique, mais surtout de talents dans le compartiment offensif pour créer des chances et faire la différence.
« Au niveau de la défense et du milieu, Ahli semble assez solide, même lorsqu’il joue contre des équipes de plus haut niveau. Ces deux compartiments du jeu évoluent bien pour le moment. Le vrai déficit se trouve dans l’attaque, car on n’a pas encore vu de joueur capable de porter le fardeau de l’attaque, que ce soit par sa vitesse, son physique ou son efficacité devant le but. Il faut penser à un remplaçant à Afcha, car lorsqu’il est en baisse de niveau comme aujourd’hui, le jeu d’Ahli est irrégulier », a dit l’ancien international tunisien Tareq Diab et analyste auprès de la chaîne beIN Sport.
Afcha, héros de la finale de la Ligue d’Afrique, a été dépassé par le rythme du Bayern, et vu que c’est lui qui orchestre le jeu d’habitude, Ahli a perdu sa boussole au stade d’Al-Rayyan. Et même durant les quelques moments de brio, l’équipe a manqué un attaquant efficace en surface qui puisse transformer les occasions. Kahraba, et ensuite la nouvelle recrue congolaise Walter Bwalya, n’ont jamais pu bousculer la défense allemande.
« On a joué contre une équipe très difficile et on savait ce qui nous attendait. Mais on a parfois perdu le ballon trop facilement, on devait être plus attentifs à nos passes et lors des transitions, afin de mener des attaques. Notre rythme aussi était trop lent, et c’est pour ça que nous n’avons pas pu mener des contre-attaques », a dit Mosimane.
Mais il n’y a pas que la technique qui faisait défaut. Cette nouvelle équipe d’Ahli, qui a réalisé le prestigieux triplé (Championnat, Coupe et Ligue d’Afrique) manque l’expérience des grands rendez-vous. Seulement Al-Chennawi, les défenseurs Ayman Achraf, Ali Maaloul et l’attaquant Marwan Mohsen ont disputé des tournois internationaux et pouvaient assumer une telle pression. « Il est clair que ce groupe manque d’expérience, et pourtant, je salue leur performance. Quand nous nous sommes qualifiés pour la Coupe du monde des clubs en 2005 pour la première fois, on avait une équipe qui comprenait Mohamad Abou-Treika, Mohamad Barakat, Emad Metaeb, Mohamad Chawqi et d’autres. Nous étions encore jeunes et nous n’avions pas d’expérience. Nous avons perdu d’entrée et terminé 6e, mais ensuite, nous sommes retournés pour réaliser la meilleure performance africaine l’année suivante en remportant la médaille de bronze. Et c’est ce que j’espère qu’ils feront cette année », explique Waël Gomaa, ancien défenseur d’Ahli et de la sélection d’Egypte.
L’aventure n’est pas encore terminée pour la bande d’Afcha au Qatar, vu qu’ils vont jouer un match de classement pour la 3e place contre les Brésiliens de Palmeiras jeudi prochain. Le champion du Conmebol a concédé une défaite choquante contre les Tigres du Mexique 1-0 dimanche et sera en quête de consolation. « Nous devons tourner cette page aujourd’hui et corriger nos erreurs dans ces deux prochains jours. Ce ne sera pas un match facile contre un adversaire qui veut prendre sa revanche, mais nous aussi nous sommes déterminés à remporter cette 3e place », a dit Taher Mohamad.
Ce jeudi au stade de la Cité de l’éducation à Al-Rayyan, Ahli aura peut-être la chance de rééditer l’exploit de la bande d’Abou-Treika, qui porte l’étiquette de la génération dorée d’Ahli.
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