Al-Ahram Hebdo : Vous avez remporté l’H d’Or 2020 du meilleur joueur de football égyptien évoluant en Egypte. Que représente cela pour vous ?
Mohamad Al-Chennawi : Je suis très content de ce sacre. Au début de 2020, j’avais l’intention de faire une bonne saison sur le plan local et sur le plan international. Mais franchement, je ne m’attendais pas à être élu, pas seulement meilleur gardien de but en 2020, mais aussi meilleur joueur de l’année. Etre troisième du classement après Salah et Trezeguet et avant Mohamad Al-Nenni qui évolue en ce moment au Championnat anglais, sous les couleurs de l’Arsenal, signifie beaucoup pour moi et pose une grande responsabilité sur mes épaules en 2021. Je dois travailler sérieusement pour être à la hauteur de ce titre et aussi pour essayer de répéter l’exploit de 2020 encore une fois en 2021.
Ma bonne performance en 2020 est le fruit d’un travail sérieux et d’une grande concentration tout au long de l’année. Au début de 2020, j’avais fixé devant moi des objectifs personnels à atteindre durant l’année : avoir une bonne performance avec l’équipe nationale égyptienne et remporter avec mon équipe Ahli le Championnat national, la Coupe d’Egypte et la Ligue des champions d’Afrique. La dernière fois que les Rouges avaient remporté ce titre africain c’était en 2013. Déjà éliminé de la finale de 2017 par le Wydad de Casablanca, éliminé de la finale de 2018 par l’Espérance de Tunis et éliminé en 2019 suite à une lourde défaite (1-5) au résultat des deux matchs aller et retour par les Sud-africains de Sundowns, le grand objectif de la génération actuelle de joueurs était de remporter la Ligue des champions d’Afrique, et nous avons réussi à la remporter.
C’est vrai que j’avais travaillé sérieusement tout au long de l’année, mais je ne pouvais remporter ces titres et atteindre mes objectifs en 2020 sans le soutien de mes coéquipiers à Ahli. Les titres sont remportés grâce aux efforts collectifs de tous les joueurs de l’équipe et non pas d’un seul. J’ai la chance d’être joueur dans un grand club, tel Ahli, et d’épauler de grands joueurs qui ont réussi avec moi à remporter la Ligue des champions après 7 ans d’absence. En effet, le sacre de cette année est dû à la bonne performance de l’équipe, qui a été interprétée par les bons résultats de l’équipe tout au long de la compétition. Nous avons battu en phase de poule le Sundowns qui nous avait éliminés en 2019, nous avons éliminé en demi-finale le Wydad de Casablanca qui nous avait éliminés à la finale de 2017 et finalement, nous avons battu Zamalek à la finale. Un parcours sans faute pour les Rouges.
— Vous avez contribué aux exploits d’Ahli grâce à votre excellente performance aux arrêts des penalties. Y a-t-il des entraînements spécifiques que vous faites ?
— Sans doute. Je m’entraîne tout le temps, pas seulement sur les tirs au but, mais aussi sur les coups de pied arrêtés, les balles aériennes, les duels avec les attaquants et les frappes de tête dans la surface de réparation. Un bon gardien de but doit tout maîtriser. Mais pour bien arrêter les penalties, tu dois être calme, très bien concentré et tu ne dois pas être affecté par la tension du match. Tu dois aussi avoir de la chance et faire le bon choix de la direction à laquelle tu vas aller pour arrêter la frappe. Tu dois aussi avoir une réaction très rapide et une bonne technique. Alors, l’entraînement est important pour améliorer la technique du gardien et sa réaction rapide aux tirs au but en plus du talent du gardien qui est sans doute un facteur très important.
— Loin des arrêts décisifs que vous avez faits en 2020, quels sont votre plus beau souvenir et votre plus mauvais durant cette année ?
— Avec l’équipe nationale égyptienne, le beau souvenir en 2020 était notre victoire face à Togo à Lomé 3-1. C’était une victoire très importante pour les Pharaons surtout après les mauvais résultats de la sélection égyptienne aux matchs précédents et l’élimination de la CAN 2019 qui avait eu lieu en Egypte.
Avec Ahli, le plus beau souvenir est sans doute notre victoire à la finale de la Ligue des champions contre Zamalek et la joie des joueurs et des supporters de l’équipe après la fin du match. Quant au mauvais souvenir en 2020, c’étaient les incidents de violence des supportes soudanais contre notre équipe à Khartoum lors de notre match à la phase de poule contre l’équipe soudanaise d’Al-Hilal. Malgré ces incidents et le stress du match, nous avions fait un match nul (1-1) et nous nous sommes qualifiés au tour suivant. Mais les actes de violences qui ont eu lieu lors de ce match et qui ont abouti à l’arrêt du match restent le plus mauvais souvenir pour moi et pour tous les joueurs d’Ahli en 2020. Même si aucun des joueurs n’a été blessé, mais l'ambiance de terreur et de panique que nous avons vécue à cause des projectiles que les supporters d'Al-Hilal jetaient sur le terrain était inoubliable. Mais d’une manière générale le plus mauvais souvenir pour moi, mes coéquipiers et pour toute l’humanité reste le Covid-19 qui a frappé le monde en 2020. C’est le grand cauchemar que nous vivons jusqu’à aujourd’hui. J’espère que nous pourrons nous en sortir le plus vite possible pour voir les gens marcher dans les rues sans masques, mener leur vie d’une manière normale et voir de nouveau les supporters dans les tribunes aux stades.
— Des informations selon lesquelles vous aviez reçu des offres de clubs européens en 2020 circulent. Qu’en est-il ?
— Oui c’est vrai. J’ai reçu plusieurs offres de plusieurs clubs européens surtout des clubs anglais, dont la plus sérieuse était celle du club anglais d’Aston Villa, mais les négociations n’ont pas abouti. Sans doute l’un de mes grands rêves est de partir évoluer en Europe. Je partirai évoluer en Europe si je reçois une offre d’un bon club européen, mais je devrai tout d’abord prendre la permission de mon club Ahli avant de partir et aussi les négociations avec le club européen doivent être faites à travers Ahli. En tout cas, le club ne me laissera partir à moins que je reçoive une offre d’un club de La Liga ou de la Premier League. Mon rêve est d’évoluer en Angleterre, car je vois que c’est un grand championnat et que le niveau est très proche entre la plupart des clubs de la Premier League, ce qui rend la compétition entre les équipes très grande. De même, le niveau technique des équipes anglaises est très élevé. Personnellement, j’aime beaucoup le Championnat anglais. Je vois aussi que les joueurs égyptiens peuvent bien s’adapter et réaliser une bonne performance. Plusieurs joueurs égyptiens ont évolué à la Premier League et maintenant, les deux joueurs qui viennent avant moi au classement final de l’H d’Or évoluent en Angleterre et ont réussi une très bonne saison avec leurs équipes. Mohamad Salah a remporté avec les Reds le titre du Championnat anglais après 30 ans d’absence. Franchement Salah est un modèle à suivre et une idole pour tous les joueurs égyptiens et arabes. De même, Mahmoud Hassan « Trezeguet » a fait une saison exceptionnelle avec Aston Villa et mérite venir à la deuxième place du sondage de l’H d’Or après Salah, et je suis fier d’être troisième du sondage après les deux et d'être le meilleur Egyptien évoluant en Egypte en 2020. Sur le plan personnel, j’ai une très bonne relation avec Salah et Trezeguet. Ils sont mes coéquipiers en équipe nationale et nous sommes amis en dehors du terrain.
— Après avoir atteint vos objectifs de 2020, quels sont vos objectifs et vos ambitions pour 2021 ?
— Tout d’abord, mon objectif est de réussir un bon parcours avec Ahli en Coupe du monde des clubs au Qatar le mois prochain. Je rêve de battre Al-Duhail de Qatar au premier match pour se qualifier pour les demi-finales et rencontrer mon club de coeur, le Bayern de Munich. Je rêve de jouer contre mon gardien de but préféré et mon idole, le grand gardien allemand de Bayern Munich, Manuel Neuer. Le reste de mes objectifs en 2021, je rêve de remporter la Supercoupe égyptienne en battant Talae Al-Gueich, et de remporter de nouveau le Championnat national et la Coupe d’Egypte. Je rêve aussi de confirmer notre suprématie sur le continent africain et remporter la Supercoupe d’Afrique en battant le club marocain de RS Berkane et de remporter de nouveau la Ligue d’Afrique des champions pour la 10e fois et se qualifier de nouveau à la Coupe du monde des clubs. Sur le plan personnel, je rêve de réussir une bonne performance cette année qui me permettra de gagner au sondage de l’H d’Or pour l’année 2021. Pour les ambitions du reste de ma carrière de gardien de but, je rêve de me qualifier à la Coupe du monde 2022 et de faire un bon parcours avec les Pharaons au Mondial. Loin du football, j’espère que le Covid-19 disparaîtra et que nous reprendrons notre vie d’une manière normale, ainsi que de voir de nouveau les supporters de football remplir les tribunes des stades.
Lien court: