Le breakdance fera ses premiers pas dans l’arène olympique à Paris en 2024. Ce sera la principale nouveauté d’un programme modernisé et jeune, a tranché le mois dernier le Comité Olympique International (COI). « La commission exécutive du COI a validé un menu lorgnant vers la jeunesse », selon son directeur, Thomas Bach. Parmi les grands gagnants de cette nouvelle stratégie, les 4 disciplines « additionnelles » ajoutées aux 28 sports olympiques d’été : outre le breakdance, le COI a reconduit l’escalade, le surf et le skateboard, déjà programmés pour la première fois à Tokyo en 2021. Parmi les sacrifiés, le 50 km marche hommes, au programme des Jeux Olympiques (JO) depuis 1932, et le karaté. Le squash ne fera pas son entrée tant attendue par les Egyptiens, champions du monde. L’haltérophilie et la boxe accusent, elles, les plus fortes pertes en athlètes et épreuves, signe du déclin olympique de ces deux fédérations historiques, secouées par les scandales de gouvernance ou de dopage.
Récupérer le public des juniors
Tout a été accéléré suite aux JO de Rio en 2016, qui avaient vu une baisse considérable de l’audience télé de plus de 10 %, une première dans l’histoire des jeux. Les moins de 25 ans sont les plus touchés de cette baisse. C’est surtout pour cela que le COI a décidé d’agir. Alors qu’une finale olympique de boxe ou d’haltérophilie aux JO de Rio a attiré quelques centaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux, les finales Battle of the Year de Breakdance attirent, elles, depuis 2014, plus de 30 millions de personnes par édition sur YouTube seulement. « Il va y avoir un vent de fraîcheur derrière ces nouveaux sports », s’est réjoui, lors d’un point presse, Jean-Philippe Gatien, directeur des Sports de Paris 2024. Il prédit « un succès phénoménal » au breakdance, ou « breaking », comme il est désigné par sa communauté de pratiquants, branche du hip-hop née dans les années 1970 sur le bitume du Bronx. D’abord arbitrées par les acclamations du quartier, ses joutes font depuis 30 ans l’objet de tournois internationaux, dont la Battle of the Year, créée en 1991. Un futur « parc urbain » accueillant le breaking et le skateboard est programmé sur la place de la Concorde, a rappelé Paris 2024 dans un communiqué, et accueillera aussi « concerts et performances ».
Le surf, de son côté, est pratiqué sur les cinq continents par plus de 35 millions d’adeptes, en grande partie de jeunes pratiquants. Le surf connaîtra, lui, une nette évolution entre les deux éditions : les Japonais ont opté pour la plage de Tsurigasaki, aux rouleaux réputés sages, tandis que Paris 2024 a choisi le site de Teahupoo à Tahiti, dont les vagues sont parmi les plus puissantes et périlleuses au monde. L’escalade, en quelques années, suite au développement de murs d’escalade, est devenue accessible à tous et a gagné en popularité, aussi chez les jeunes. Selon le site Web de la Fédération internationale d’escalade sportive, 25 millions de personnes pratiquent régulièrement ce sport.
C’est donc ce public jeune qui a commencé à bouder les sports traditionnels que le COI veut attirer à son mouvement olympique. « Nous sommes plutôt fascinés de voir comment ces sports-là sont organisés. 5 millions de jeunes se sont mobilisés en une semaine pour soutenir la candidature du breakdance à Paris 2024. Donc on voit bien que cette notion d’influenceur sur les réseaux sociaux donne un impact beaucoup plus fort. Sur le breakdance, aujourd’hui, on a une communauté en Chine dingue sur les réseaux sociaux, donc ça aussi va donner de la visibilité, de l’impact à Paris 2024 partout dans le monde », a déclaré Tony Estanguet, directeur des JO de Paris, au quotidien Le Parisien. « Cela correspond parfaitement à ce que nous voulons faire avec ces jeux. Ce seront des jeux jeunes, urbains et créatifs », a réitéré M. Bach, le patron du mouvement olympique. Le COI a dû donc actualiser le programme sportif des jeux afin de rester pertinent pour les sponsors, les diffuseurs et surtout les jeunes fans.
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