Al-Ahram Hebdo : Après la reprise des activités sportives suspendues à cause du Covid-19, quels sont vos projets d’ici aux Jeux Olympiques (JO) de Tokyo ?
Abdel-Rahmane Orabi : Il faut d’abord mentionner que je suis le seul boxeur à composter son ticket olympique en remportant l’or aux Championnats d’Afrique du Sénégal en février dernier, alors que les 6 autres boxeurs égyptiens qui y ont participé ont raté leur qualification olympique. En fait, selon le système qualificatif imposé par la Fédération internationale de boxe, seuls les trois premiers boxeurs au maximum pour les catégories de poids de 52 kg, 57 kg, 63 kg, 69 kg et 75 kg peuvent se qualifier aux JO de Tokyo. Pour les poids de 81 kg, 91 kg et plus, seuls les deux premiers ont le droit de se qualifier. Il était prévu que je commence mon programme de préparation pour les JO juste après les Championnats d’Afrique, mais tout a été suspendu. J’ai repris mes séances d’entraînement avec mon entraîneur le 1er juillet au Centre olympique de Maadi. Par ailleurs, la fédération a mis en oeuvre un plan de préparation qui commencera au mois d’octobre renfermant un certain nombre de stages et des compétitions à Azerbaïdjan et à Cuba.
— Et comment étaient les entraînements pendant le confinement ?
— Je ne peux pas nier que c’était très décevant et que la suspension des activités sportives a eu un impact psychologique négatif. Effectivement, un athlète qui suit un rythme de vie spécial et tout d’un coup, ce rythme est perturbé, cela va affecter négativement son état d’âme, car il faut modifier complètement ses habitudes. En fait, j’étais si près avec tant de travail et de concentration, mais le fait de se dire qu’il faut à nouveau tout décaler, sur un an, avec des plannings complètement différents, m’a déçu parce que j’attendais les JO depuis longtemps. Cet arrêt a perturbé toute préparation. Mais j’ai essayé de voir le bon côté des choses en restant déterminé et j’ai préféré prendre cet arrêt du bon pied. J’ai décidé de louer un appartement vide pour y installer les équipements nécessaires d’entraînement physique et de renforcement musculaire. Je passais là-bas 6 heures par jour pour maintenir ma bonne condition physique. Je mangeais de façon équilibrée pour ne pas gagner du poids. Mais ce qui me manquait vraiment c’est la pratique sur le terrain avec des adversaires pour acquérir de l’expérience. Chaque compétition à laquelle j’avais participé m’a donné de l’expérience améliorant nettement mon niveau.
— Comment évaluez-vous le niveau de boxe actuellement ?
— L’Egypte, au début des années 2000, comptait parmi les meilleures nations du monde dans cette discipline avec Cuba et la Russie. C’était l’âge d’or de la boxe et la sélection nationale avait réalisé un exploit aux JO d’Athènes 2004, avec trois médailles olympiques, une d’argent et 2 de bronze. Ensuite, la boxe a été témoin d’un grand déclin à cause des conflits au sein de la fédération qui ont affecté le niveau des boxeurs. Malgré tous ces problèmes, il y avait des stars qui ont pris la relève, tel le boxeur Hossam Bakr, qui a un palmarès très brillant au niveau africain et international. Il a été choisi plusieurs fois par la Fédération internationale de boxe pour disputer la Ligue professionnelle de boxe APB en raison de son bon classement mondial. Il a été classé 7e aux JO de Rio 2016. Mais la boxe égyptienne a été affectée par son départ en 2017. La fédération prépare une nouvelle génération depuis 2015 pour prendre la relève et pour revivre l’âge d’or de la boxe. Elle fait un travail de fond avec ces jeunes boxeurs depuis qu’ils étaient des cadets. L’objectif est de former une forte sélection sénior apte à faire des exploits surtout que je suis le seul boxeur âgé et professionnel. Et j’arrêterais le jeu au bout de quelques années.
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