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Ihab Azmy : Les sports collectifs sont les plus touchés par la crise actuelle, car ils sont pratiqués dans des lieux fermés et en groupe

Mirande Youssef, Lundi, 11 mai 2020

Ihab Azmy, directeur exécutif de la Fédération égyptienne de volleyball, revient sur la crise du Covid-19, qui a fortement impacté les sports collectifs. Il évoque le plan de la fédération pour faire face au report des compétitions et des entraînements.

Ihab Azmy

Al-Ahram Hebdo : Le volleyball est parmi les sports collectifs avec un risque de transmission du Covid-19. Qu’en pensez-vous ?

Ihab Azmy: Oui, c’est vrai. Contrairement aux sports individuels, les sports collectifs comportent plus de risques, car ils se pratiquent à plusieurs. En plus, les entraînements et les compétitions sont pratiqués dans des lieux fermés, voilà pourquoi ils présentent de plus grands risques de transmission du Covid-19. Il est très difficile de mettre une distance d’un mètre entre chaque joueur. Et même si on respecte les mesures de distanciation, l’exercice physique, en augmentant le débit ventilatoire, majore le risque de transmission par voie respiratoire. En effet, un rapport publié par le Comité olympique européen affirme que le volleyball, le basketball, le football, le handball et le rugby figurent parmi les sports qui présentent les plus grands risques de transmission du Covid-19. A l’inverse, les sports individuels présentent logiquement moins de danger. A noter que depuis le début de la crise en mars dernier, la Fédération égyptienne de volleyball a suspendu tout entraînement. Cette suspension sera en place au minimum jusqu’en septembre prochain.

Ihab Azmy

— Les sportifs sont confrontés à l’arrêt des compétitions et des entraînements. Quelles sont les conséquences pour les volleyeurs ?

— Pour les athlètes habitués à s’entraîner en groupe, ça va être compliqué. La suspension des activités sportives aura sans doute un impact psychologique majeur sur les sportifs. Effectivement, un athlète qui suit un rythme de vie spécial, et tout d’un coup, ce rythme est perturbé, va être négativement affecté, car il doit modifier complètement ses habitudes. Il y a aussi des conséquences physiques, car même si les joueurs arrivent à maintenir une bonne condition physique, ils ne pourront jamais garder le niveau qu’ils avaient au sein de leur club. Si un athlète arrête totalement pendant un mois, il lui faudra quasiment deux mois pour retrouver sa forme antérieure. Par exemple, un volleyeur en dehors de la préparation physique, des entraînements et des compétitions peut s’entraîner avec des techniques de visualisation, via des vidéos. Mais ça n’a rien à voir avec la pratique sur le terrain lorsqu’il est avec ses partenaires d’entraînement.

— Pouvez-vous nous donner un aperçu de la condition actuelle de l’équipe de volleyball ?

— Depuis le début du confinement, on a appelé les volleyeurs à faire des exercices physiques variés à domicile, afin de maintenir leur condition physique. On leur a aussi conseillé de manger de façon équilibrée pour ne pas gagner du poids. Mais en tant qu’ancien directeur technique, je réalise qu’une longue période d’arrêt d’entraînement et le manque d’activité musculaire provoquent une importante baisse de condition physique et de niveau. Il faut savoir que dans les sports collectifs, l’athlète évolue le plus souvent au sein d’un groupe qui constitue un puissant moteur de motivation. Voilà pourquoi la reprise des activités sportives sera accompagnée d’un plan d’entraînement strict pour que les joueurs puissent retrouver leur niveau.

— Quelles sont les mesures de précaution qui seront prises après la reprise des activités sportives ?

— Dans les sports collectifs, il est très difficile de demander aux volleyeurs de maintenir une certaine distance entre eux. Il y a toujours un contact étroit entre les joueurs pendant l’entraînement. Voilà pourquoi le comité olympique égyptien organise actuellement des réunions avec les responsables des fédérations pour mettre en place une stratégie et préciser les mesures de précaution nécessaires en cas de regroupement des joueurs. En vertu de cette stratégie, chaque fédération se chargera de désinfecter les salles d’entraînement, les surfaces, les poignets des portes et les ballons. Des instructions seront également données aux joueurs, afin de respecter les mesures d’hygiène comme le lavage des mains avant l’entraînement et la désinfection des mains chaque demi-heure avec le gel hydro-alcoolique. La fièvre étant l’un des symptômes du Covid-19, la température de tous les joueurs sera prise avant l’entraînement.

— La sélection a échoué à décrocher le ticket olympique. Quels seront vos projets à venir ?

— Oui, c’est vrai. Nos volleyeurs ont raté la qualification pour les JO de Tokyo après leur défaite contre la Tunisie lors des éliminatoires africaines en janvier dernier. Chez les dames, l’équipe a également raté sa qualification olympique en se classant 3e derrière le Kenya et le Cameroun. Après cet échec, la fédération a licencié le directeur technique de la sélection, le Hollandais Gido Vermulen. Désormais, toutes les commissions techniques ont été dissoutes par la fédération depuis le mois de mars pour que nous ne soyons pas obligés de payer leur salaire. On a pu économiser 600000 L.E. Après la reprise des activités sportives, de nouvelles commissions seront créées avec de nouveaux directeurs techniques et de nouveaux entraîneurs. La nouvelle commission étudiera les raisons de la baisse de niveau de l’équipe et mettra en place un plan pour la prochaine période.

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