La décision de nommer le Suisse René Weiler comme nouvel entraîneur d’Ahli le mois dernier a été sévèrement critiquée par les supporters d’Ahli. Ces derniers, déçus de la performance de l’équipe sous le commandement de son prédécesseur Martin Lasarte, ont exprimé leur colère sur les réseaux sociaux concernant la nomination de Weiler. « Je ne comprends pas l’attitude de l’administration du club. On a beaucoup souffert avec Lasarte, et avec cet entraîneur inconnu, la situation de l’équipe ne sera pas différente de celle connue sous Lasarte », a indiqué Mahmoud Fayad, un grand fan d’Ahli sur son compte Twitter.

Ce dernier fait partie des milliers qui partageaient le même avis. Cette colère s’explique par le fait que l’administration du club avait déclaré que le nouvel entraîneur des Rouges allait être un grand nom dans le monde des coachs, ce qui n’a pas été le cas avec le choix de Weiler, dont le CV ne compte pas de grands succès.

Malgré cet accueil froid, l’entraîneur de 46 ans a réalisé un bon départ avec l’équipe en battant Kano Sports 2-0 à l’extérieur, à l’occasion d’un match comptant pour le premier tour de la Ligue des Champions d’Afrique. Suite à cette rencontre, non diffusée à la télé, beaucoup de supporters d’Ahli ont dit que cette victoire était normale, vu le niveau médiocre de l’adversaire qui n’est pas très connu sur la scène africaine, et qu’elle n’était pas due au travail de l’entraîneur.

Une semaine après, c’était la rencontre attendue contre Zamalek, à l’occasion de la Supercoupe d’Egypte. Zamalek était largement favorite pour remporter cette rencontre vu le bon niveau de l’effectif en finale de la Coupe d’Egypte, et sa large victoire 3 à 0 contre la puissante équipe de Pyramids.

Mais à la surprise générale, Ahli a remporté la rencontre avec une performance exceptionnelle. Les Rouges ont dominé une large partie de jeu de sorte qu’ils ont mené 3 à 0 avant que Zamalek n’arrive à réduire l’écart 3 à 2 à la fin de la rencontre. « La victoire contre Zamalek est importante, mais ce n’est qu’un début et l’équipe a encore beaucoup de travail », a indiqué Weiler à la conférence de presse qui a suivi la rencontre. Suite à cette rencontre, Ahli a enregistré 4 victoires successives (3 dans le championnat et une en Afrique), réalisant jusqu’à présent un parcours sans fautes sous le commandement de l’entraîneur suisse.

En effet, ces victoires ont été accompagnées d’une performance encourageante. L’équipe a marqué 19 buts dans 6 rencontres, et ses filets ont seulement encaissé 3 buts jusqu’à présent. Ces victoires ont permis à Ahli de s’installer à la tête du classement avec 9 points, 2 points devant Zamalek, qui reste à la 3^e place. Le travail de Weiler au niveau collectif est clair, concernant surtout la pression imposée par son équipe sur l’adversaire, mais aussi au niveau des joueurs. Par exemple, il a découvert le Nigérian Junior Ajaye, qui était sur le point de quitter le club lors du dernier Mercato d’été. Aujourd’hui, Ajaye est devenu la pièce maîtresse de Weiler, surtout à son nouveau poste d’attaquant. Le grand talent d’Ajaye et ses bons déplacements sur le terrain ont fait de lui un joueur-clé dans la tactique de Weiler, qui sait comment profiter au mieux de ses atouts. Ramadan Sobhi est lui aussi l’un des joueurs qui a progressé avec l’entraîneur suisse. Jusqu’alors, l’ailier des Rouges était toujours critiqué pour son manque d’efficacité, car il avait marqué 2 buts seulement dans 24 rencontres (toutes compétitions confondues). Avec Weiler, Sobhi a trouvé le but 3 fois dans les 3 dernières rencontres de l’équipe dans le championnat, et il est maintenant le buteur de l’équipe dans la compétition locale.

« Les résultats de l’équipe sont la meilleure réponse pour tous ceux qui ont critiqué l’administration du club après la nomination de Weiler comme entraîneur d’Ahli. Avec lui, l’équipe pratique un jeu assez moderne, voire européen, et je suis très optimiste en ce qui concerne le sort de l’équipe sous son commandement », indique Taha Ismaïl, chef du comité de planification à Ahli qui a choisi Weiler. Ce grand succès de l’équipe donne une grande dose de confiance à l’équipe avant le derby, surtout qu’elle possède toutes les exigences nécessaires pour remporter la rencontre.

L’instabilité de Zamalek

La situation est complètement différente à Zamalek. Le Serbe Milutin Sredojevic dit « Micho » a été accueilli royalement en août dernier par les supporters de Zamalek, qui ont trouvé en lui le meilleur successeur à l’excellent technicien suisse Christian Gross, qui avait conduit l’équipe vers son premier titre de la Coupe de la CAF la saison dernière. « Micho » est un entraîneur connu sur la scène africaine, et il a connu beaucoup de succès lors de la dernière décennie, surtout avec la sélection ougandaise.

Ses débuts avec l’équipe étaient prometteurs, en menant Zamalek vers la finale de la Coupe de l’Egypte, remportée contre Pyramids. La large victoire de Zamalek face à une puissante équipe comme celle de Pyramids a confirmé que l’équipe était sur la bonne voie et promise à un bel avenir avec l’entraîneur serbe. Mais lors de la rencontre suivante, Zamalek a subi une défaite surprenante de 2 à 1 contre la formation sénégalaise de Génération Foot à l’occasion du match aller du premier tour de la Ligue des champions d’Afrique. Lors de cette rencontre, Micho a fait de grandes modifications au sein de son équipe, qui a été très mauvaise. C’est l’attaquant Moustapha Mohamad qui a sauvé l’honneur en marquant l’unique but de son équipe lors de la rencontre, pour rendre la mission des Blancs plus facile au retour. En Supercoupe d’Egypte, l’entraîneur serbe a continué sur la même lancée en faisant de nombreuses modifications, de sorte que l’équipe est apparue sans identité lors de cette rencontre. Micho et son équipe étaient chanceux d’échapper à une lourde défaite méritée lors de cette Supercoupe. « Dans les grandes rencontres, il n’y a pas de place à l’erreur. Micho a payé cher les frais de ses mauvais choix au début du match. Il est clair que ses interventions vers la fin de la rencontre ont aidé l’équipe à réduire l’écart, mais c’était trop tard », explique Hazem Emam, ancienne star de Zamalek et de la sélection.

Mais Micho n’aurait pas encore tiré la leçon de cette défaite et est resté fidèle à ses nombreuses modifications. Conséquences : une victoire difficile de 1-0 contre Ittihad d’Alexandrie avant une autre plus difficile et sur le même score contre Maqassa. Et c’est le nul de 1-1 contre le nouvel arrivé en D1, FC Masr, qui a compliqué la situation au sein de la Citadelle blanche. « Micho est un bon entraîneur, et il n’y a pas à discuter ses capacités techniques, mais je ne comprends pas le choix de ses modifications. L’équipe était excellente en Coupe d’Egypte, surtout en finale. Je ne trouve aucune raison à ces modifications, surtout que l’équipe possède un grand nombre de stars », ajoute Hazem Emam. La baisse de niveau, énorme, de ces stars représente une grande énigme. L’international tunisien Ferjani Sassi n’est plus le maestro de la saison dernière, tout comme le latéral gauche Abdallah Gomaa, star de la saison, mais qui n’a rien présenté jusqu’à présent avec l’équipe. Micho est prié de redresser la barre de son équipe avant le derby car, en cas d’échec, son poste pourrait être remis en question. Rendez-vous samedi.