Al-Ahram Hebdo : Comment avez-vous décroché le ticket olympique ?
Mohamed Ibrahim : Les Championnats du monde de lutte qui ont eu lieu du 14 au 22 septembre à Nur-Sultan, au Kazakhstan, étaient le premier événement qualificatif pour les Jeux Olympiques (JO) de 2020 à Tokyo (Japon). Les six meilleurs lutteurs de chaque catégorie de poids olympique ont procuré une place olympique qualificative à leur nation, alors que les places qualificatives restantes dépendront des compétitions continentales et d’un « qualificatif de la dernière chance », inscrit au calendrier 2020. Donc après avoir terminé à la 5e place, je me suis officiellement qualifié pour les JO.
— La qualification olympique à travers les Mondiaux est la plus difficile. Vous attendiez-vous à cette qualification et comment était votre parcours ?
— Vu la rude concurrence, je ne m’y étais pas, surtout après le tirage au sort qui m’a affronté à des lutteurs de haut niveau. Le trajet était très difficile, j’ai commencé mes matchs au tour préliminaire de 64. J’ai remporté mon premier match face au Biélorusse Soslan Daurov avec une grande différence. Puis j’ai continué mon élan en battant Shmagi Bolikvadze (Géorgie), médaillé de bronze aux JO de Rio 2016. En 8es de finale j’ai battu Karen Aslanyan (Arménie). Le match de quarts de finale contre le Polonais Sahakyan, médaillé de bronze aux Mondiaux 2018, était le plus important, car la victoire m’offre le ticket olympique. Lors de ce match j’étais très fatigué à cause de l’accélération des rencontres, mais j’ai pu remporter le match difficilement pour se qualifier pour la demi-finale et pour les JO 2020. Après une journée fatigante, j’étais obligé de ne pas manger pour la pesée que je devrais effectuer le lendemain avant de disputer la demi-finale. Ainsi, lors de la demi-finale j’étais épuisé. J’ai perdu ma rencontre contre Moli Borrero (Cuba), champion olympique et champion du monde. Enfin, j’ai perdu le match de la médaille de bronze face à l’Allemand Frank Staebler, double champion du monde en 2018 et 2017.
— Comment évaluez-vous votre niveau aux Mondiaux ?
— Premièrement, je suis très content et très fier de ma performance aux Mondiaux. Décrocher le ticket olympique très tôt est d’une grande importance, car je pourrais travailler sur mes points faibles dès maintenant. Il faut savoir que c’est la première fois que je dispute les Mondiaux seniors. Le niveau est beaucoup plus élevé par rapport aux Mondiaux -23 ans dans lesquels j’ai décroché la médaille d’or. J’ai affronté des lutteurs beaucoup plus expérimentés que moi. J’ai découvert mes points faibles et mes fautes. J’ai du temps pour travailler sur mes faiblesses d’ici aux JO.
— Quels sont vos points faibles et comment planifiez-vous les résoudre ?
— Je suis très jeune et j’ai affronté aux Mondiaux des lutteurs plus âgés et plus expérimentés. Donc j’ai besoin d’acquérir plus d’expérience en effectuant un bon nombre de tournois internationaux et des stages à l’étranger afin de concurrencer les meilleurs lutteurs au monde. Mon autre point faible est l’état physique. Lors des Mondiaux j’étais épuisé à cause du grand nombre de matchs et le grand stress. Je dois améliorer mon état physique en effectuant des stages de montagne pour s’habituer au grand effort.
— Comment avez-vous préparé les Mondiaux ?
— Dès le début de l’année la sélection nationale a effectué un camp au Centre sportif de Maadi. En mars, j’ai participé au tournoi international de Dan Kolov Nikola Petrov en Russie comme une étape de préparation. Puis j’ai débuté la saison en remportant la médaille d’or aux Championnats d’Afrique qui ont eu lieu en mars en Tunisie. Du 3 au 13 juillet, j’ai effectué un camp en Espagne puis un autre camp en Biélorussie avant de disputer le tournoi international Oleg Karavaev qui s’est déroulé en Biélorussie, fin juillet, et j’ai décroché l’une des 3 médailles d’or obtenues par l’Egypte. Fin août, j’ai remporté l’or aux Jeux africains au Maroc. Juste avant les Mondiaux, j’ai effectué un dernier stage de préparation au Kazakhstan.
— Au début de cette année, vous avez signé un contrat de sponsorship. Cela a-t-il joué un rôle dans votre performance ?
— Bien sûr. Mon sponsor m’a beaucoup aidé durant les derniers mois. Grâce au sponsor, il existe une équipe technique qui me dirige, composée d’entraîneur, d’entraîneur physique, de médecin, de psychologue et de nutritionniste. De plus, le sponsor effectue tous les détails concernant mes voyages, ce qui m'épargne beaucoup de temps et me laisse dans une concentration totale. Je remercie mon sponsor et surtout Walid El-Malah, président de la société, qui m’a offert le sponsorship d’une banque égyptienne. Je remercie le ministre de la Jeunesse et du Sport, Ashraf Sobhy, et le président de la Fédération égyptienne, Essam Nawar, qui m’ont suit de près.
— Après la qualification olympique, quel est votre programme d’ici jusqu’aux JO ?
— Après quelques jours de repos, j’ai repris l’entraînement pour continuer ma préparation. Du 21 au 24 octobre, je participerai aux Jeux militaires qui auront lieu à Wuhan, en Chine. Puis je disputerai les Championnats du monde seniors -23 ans qui ont lieu du 28 octobre au 3 novembre à Budapest en Hongrie. Je vise à conserver mon titre mondial obtenu en 2018. Après ces deux compétitions, j’ai planifié un programme de préparation avec mon entraîneur avec plusieurs stages à l’étranger et compétitions internationales aux Etats-Unis, en Bulgarie, en Hongrie, au Kazakhstan, etc.
— La lutte est une discipline phare en Egypte. Les Egyptiens ont décroché plusieurs médailles aux Mondiaux et aux JO. Pourrez-vous suivre leurs pas ?
— En effet, l’histoire de la lutte égyptienne comporte de grands noms. J’espère rééditer les anciens exploits de la discipline. La dernière médaille égyptienne aux Mondiaux a été obtenue par Mohamed Abdelfattah (Bougi) en 2006. En fait, ce dernier est mon idole. J’essaye de marcher sur ses pas. Il est le premier lutteur à être qualifié pour les JO à travers les Mondiaux. Il m’aide beaucoup avec ses conseils. Il était le premier à m’appeler pour me féliciter de la médaille. Je le remercie beaucoup pour tout son soutien. En fait, la lutte a remporté à l’Egypte un bon nombre de médailles aux JO, dont les dernières ont été obtenues par le lutteur Karam Gaber qui a décroché une médaille d’or aux JO d’Athènes 2004 et une médaille d’argent aux JO de Londres 2012. Je rêve de monter sur le podium olympique à Tokyo 2020.
Lien court: