Al-Ahram Hebdo : Après avoir réalisé d’excellents résultats avec la sélection serbe, vous êtes considéré comme l’un des meilleurs entraîneurs de taekwondo au monde ...
Dragan Jovic : Je ne suis pas une personne spéciale. Je suis seulement un bon entraîneur qui travaille très dur depuis des années. Et avec le travail viennent les résultats. La Serbie est un petit pays, mais nos performances sont grandes. Mon premier objectif était d’élever le taekwondo au rang des grands sports nationaux. Après le titre olympique obtenu par la championne serbe Milicia Mandic, lors des Jeux Olympiques (JO) de Londres 2012, le taekwondo est entré dans une nouvelle ère en Serbie. La discipline y est devenue très populaire et la championne olympique est considérée là-bas comme une idole par les enfants. Aujourd’hui, ce sport jouit d’un grand respect de la part des responsables du pays et ce, grâce à nos excellents résultats sur le plan international et au niveau olympique.
— Quel est votre secret et qu’est-ce qui distingue les taewkondoïstes serbes ?
— J’ai un encadrement technique excellent qui travaille avec moi : Marija Pavlovic, sport psychologique, Nebojsa Sakic, actuel entraîneur physique, Djsvo Ilic, ancienne entraîneur physique, et Monika Varsa, nutritionniste. C’est donc un travail d’équipe, complet. Ce n’est pas un exercice individuel. En fait, je ne sais pas exactement où se trouve le secret, mais il faut toujours améliorer la technique, la stratégie, le style de jeu et bien connaître ses adversaires. Et ça, c’est le travail de toute une équipe. De plus dans mon club Galeb, nous donnons plus d’importance pour les athlètes juniors afin d’élargir la base et améliorer le niveau des athlètes. Parmi les 10 membres de l’équipe nationale, 7 sont issus de mon club, où j’essaie toujours de renouveler mon système d’entraînement. J’ai de bonnes relations avec les autres entraîneurs internationaux, comme par exemple le sélectionneur iranien. Nous échangeons nos expériences qui sont de deux écoles différentes. Chaque année, nous organisons en Serbie un stage d’entraînement qui accueille des athlètes de différents pays.
— En juin 2018, vous avez pris en charge l’entraînement de notre championne Hedaya Malak. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
— Hedaya Malak est très célèbre et très aimée en Serbie, c’est une femme magnifique. C’est un grand honneur d’entraîner une telle championne. Elle est médaillée de bronze aux JO de Rio 2016. Quand Mohamed Shaaban (Meedo), président du comité des jeux à la Fédération mondiale de taekwondo, m’a contacté pour entraîner Malak, j’ai tout de suite accepté avec plaisir.
— Comment évaluez-vous le niveau de Malak ?
— Elle possède des qualités techniques d’un très haut niveau. C’est une athlète talentueuse avec une volonté de fer. Son niveau a connu une grande progression durant ces derniers mois. Après une baisse de niveau à cause du changement de la catégorie de poids, elle a commencé à s’adapter à cette nouvelle classe. Durant la dernière période, elle a décroché 3 médailles d’or internationales, à l’Open de Russie, à l’Open de Paris et à l’Open d’Egypte, en plus d’une médaille d’argent et plusieurs médailles de bronze. Grâce à ces médailles, son classement mondial et olympique s’est nettement amélioré. Elle est désormais 26e.
— Pensez-vous qu’elle soit capable de réitérer son exploit de Rio ?
— Bien sûr. Elle est parmi les meilleurs athlètes du monde, c’est une championne d’un niveau olympique capable de concourir pour le podium à Tokyo 2020. Je crois qu’elle est prête pour les Championnats du monde qui auront lieu en mai prochain à Manchester. Elle a besoin de disputer trois autres compétitions, dont la Coupe du président, afin de récolter des points et améliorer le classement mondial avant les Mondiaux. Je pense qu’elle peut surprendre tout le monde à Manchester. Son seul problème est son état physique, mais nous tâchons d’améliorer cela. Elle a besoin de plus de travail sur ce plan, afin de s’adapter à la nouvelle catégorie de poids qui demande plus de force. Il faut préciser que le changement de catégorie est un problème pour tous les athlètes. Cela demande un temps d’adaptation.
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