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Mohamad Ibrahim Al-Sayed : Cette médaille est précieuse pour moi et pour la lutte égyptienne

Doaa Badr, Mardi, 27 novembre 2018

La médaille du lutteur Mohamad Ibrahim Al-Sayed (20 ans) aux Championnats du monde des moins de 23 ans, à Bucarest, vaut bien plus que de l’or. Elle annonce le grand retour de la lutte gréco-romaine égyptienne au niveau international. Entretien avec le jeune champion.

Mohamad Ibrahim Al-Sayed

Al-Ahram Hebdo : Comment vous sentez-vous après avoir rem­porté la médaille d’or en lutte gréco-romaine, catégorie de 67 kg, aux Mondiaux de lutte à Bucarest, qui se sont achevés le 18 novembre ?

Mohamad Al-Sayed : Je suis fou de joie, je n’arrive pas à décrire mes émotions. Mes sentiments sont un mélange de joie, de fierté et de satis­faction. L’ambassadeur égyptien était dans les gradins pour m’encourager, et lors de la finale, tous les spectateurs m’ont supporté avec enthousiasme. Cette médaille est précieuse pour moi et pour la lutte égyptienne. Et j’étais fier lorsque j’avais entendu l’hymne national retentir dans la salle. Lors de la cérémonie de remise de médailles, les organisateurs avaient d’abord lancé l’hymne national d’un autre pays. J’ai alors stoppé la cérémonie, demandant aux organisateurs de cher­cher l’hymne égyptien. Cela indique comment l’Egypte était très loin de la scène internationale. Dieu merci, j’ai joué un rôle pour redonner à l’Egypte sa place au niveau mondial. De retour au Caire, j’ai rencontré à l’aéroport le président de la Fédération égyptienne, Essam Nawar, à la tête d’une déléga­tion venue me féliciter.

— Quelle est l’importance de cette médaille ?

— C’est la première médaille rem­portée par un Egyptien aux Mondiaux depuis 2006, depuis que Mohamad Abdel-Fattah (Bougui) avait décroché une médaille d’or, aux Mondiaux seniors. La lutte égyptienne a connu des années de gloire, avec un bon nombre de médailles olympiques, grâce à ses vedettes Bougui et Karam Gaber, qui a remporté deux médailles olympiques, une d’or en 2004 et une d’argent en 2012. Depuis cette date, notre discipline a connu un net recul et n’a plus été présente sur la scène internationale. Ces Mondiaux marquent donc notre retour en force. Tous les résultats de l’équipe, à ces Mondiaux, sont excellents. Outre ma médaille d’or, Abdel-Latif Manie a remporté la médaille de bronze en 130 kg. Tandis qu’Ahmad Hassan (82 kg) et Mohamad Moustapha Abdullah (87 kg) ont terminé à la 5e place. Ces résultats ont permis à l’Egypte de se classer 7e au classement général de lutte gréco-romaine, derrière les grandes nations de la discipline, comme la Géorgie, la Russie, la Turquie, le Japon, l’Azerbaïdjan et l’Iran, devançant ainsi d’autres grandes nations. Nous avons réalisé cette performance en disputant les Mondiaux avec seulement 5 lutteurs, dans les 10 catégories de poids. Mes co-équipiers ont joué un rôle dans ma victoire. Nous sommes comme une famille.

— Comment s’est déroulé votre parcours aux Mondiaux ?

— J’ai remporté la médaille d’or après avoir écrasé, en finale, Karim Jafarov (AZE) sur le score de 8-0. En demi-finale, j’ai battu le Russe Alen Mirzoian (6-6), et en quarts de finale, j’ai écrasé le Turc Murat Firat (10-0). En 8es de finale, j’ai battu Aleksandrs Juskjans (Latvie) sur le score de 10-2. Et j’ai débuté ma journée en battant Kristupas Sleva (Lettonie), en qualification, sur le score de 11-2. Ainsi, j’ai réalisé un parcours remarquable, en rempor­tant presque tous mes matchs avec une grande différence de points. Et j’ai attiré l’attention de tous les spec­tateurs avec mon style de jeu et ma technique.

— La préparation pour ces Mondiaux était-elle suffisante ?

— Non, pas du tout, car la lutte égyptienne ne jouit pas d’un grand intérêt en Egypte, et la Fédération égyptienne ne dispose pas de moyens financiers suffisants pour une bonne préparation. Le seul stage de prépa­ration que nous avons suivi a été au Centre olympique de Maadi au Caire, et nous n’avons disputé aucun tournoi international. Cette prépara­tion n’était pas du tout suffisante. J’espère que ma médaille permettra de changer cette situation.

— Quels ont été les meilleurs résultats de votre carrière ?

— Cette saison, j’ai remporté l’or aux Championnats d’Afrique juniors et seniors. J’ai aussi obtenu une médaille d’argent aux Jeux méditer­ranéens et une 5e place aux Championnats du monde juniors. Durant mon parcours en lutte gréco-romaine, j’ai obtenu plusieurs médailles précieuses, dont une médaille de bronze aux Mondiaux juniors (-20 ans) en 2016 et une médaille d’argent aux Mondiaux juniors (-20 ans) en 2015. Par ailleurs, j’ai remporté 8 titres afri­cains seniors et juniors.

— Racontez-nous vos débuts en lutte gréco-romaine ...

— J’ai commencé à pratiquer la lutte à l’âge de 5 ans au Centre de jeunesse Abdel-Qader, à Alexandrie. Lors de ma première participation aux Championnats d’Egypte, j’ai remporté l’or. A l’âge de 8 ans, j’ai intégré le club de l’Institut militaire pour me professionnaliser. En 2014, âgé de 16 ans seulement, j’ai intégré, pour la première fois, la sélection nationale. Et lors de ma première participation internationale, j’ai remporté une médaille d’or aux Championnats d’Afrique juniors. Grâce à ma technique et ma vitesse, je me suis démarqué dès mes débuts.

— Quel est votre prochain objectif et quels sont vos besoins pour l’atteindre ?

— Mon but principal est de rem­porter une médaille aux Jeux olym­piques de Tokyo en 2020. Pour atteindre cet objectif, je veux d’abord remporter une médaille dans toutes les compétitions disputées, et bien sûr l’or aux éliminatoires afri­caines qualificatives pour les JO. Pour réaliser cela, j’ai besoin d’un sponsor, afin de financer ma prépa­ration. Je dois suivre un programme d’entraînement intense, avec au moins 8 tournois internationaux chaque année, et un stage de prépa­ration avant chaque compétition. La lutte est un sport de combat qui demande beaucoup d’expérience, acquise match après match, dans des compétitions internationales face à des lutteurs de haut niveau.

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