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Bon début pour Aguirre

Karim Farouk, Lundi, 10 septembre 2018

Le nouveau sélectionneur des Pharaons, Javier Aguirre, a fait une entrée en prestige en faisant exploser le Niger 6-0 dans les qualifications de la Coupe d’Afrique des nations 2019. Nouveautés techniques et individuelles, le Mexicain a redonné de l’éclat à l’équipe suite à sa débâcle en Coupe du monde.

Ali Ghazal, de retour en sélection après 4 ans, a été la grande révélation d’Aguirre face au Niger.
Ali Ghazal, de retour en sélection après 4 ans, a été la grande révélation d’Aguirre face au Niger. (Photo: Reuters)

Pour sa première mise en scène avec l’Egypte, le technicien mexicain Javier Aguirre a présenté un festival offensif contre le Niger (6-0) samedi 8 septembre au stade de Borg Al-Arab dans le cadre des qualifications à la Coupe d’Afrique des nations 2019. La flèche de Liverpool, Mohamad Salah, a été encore une fois à la source d’inspiration des Pharaons en marquant deux buts (29e et 86e minutes) et signant deux passes décisives à Marwan Mohsen (13e minute) et le jeune attaquant Salah Mohsen (73e minute). Le latéral gauche Ayman Achraf (20e minute) et le milieu moteur Mohamad Al- Nenni (92e minute) ont alourdi le score pour afficher la plus grande victoire du septuple champion d’Afrique depuis la victoire contre le Swaziland (10-0) en match amical le 22 mars 2013.

« J’avais demandé aux joueurs de faire un bon début et réaliser une large victoire. Les joueurs ont appliqué quelques-unes de mes directives, mais je dois dire que leur enthousiasme a contribué à cette réussite. On doit rester concentré car on ne va pas remporter tous nos prochains matchs avec un score identique vu les différences entre les adversaires. Je suis optimiste. On va progresser avec le temps et le travail », a dit Aguirre lors de la conférence de presse suite au match. Des buts, du style et des changements. Aguirre a fait bonne impression dans son premier match sur le banc des Pharaons. L’ancien sélectionneur du Mexique et du Japon a pu en quelques jours donner une nouvelle inspiration et un éclat à une équipe démoralisée suite à sa débâcle en Coupe du monde il y a à peine deux mois. « Je connais Aguirre depuis de longues années. Il a utilisé toute son expérience pour réussir cette rencontre, surtout qu’on n’avait que quatre jours seulement pour préparer le match. En tant que début, la performance était satisfaisante et les joueurs égyptiens possèdent de très bonnes qualités techniques », a dit Michel Salgado, ancienne vedette d’Espagne et de Real Madrid et membre du cadre technique.

Retour à la technique offensive

Promesse tenue. A son arrivée, Aguirre avait annoncé qu’il comptait reformuler la stratégie de l’équipe, qui penchait vers la défensive sous la houlette de son prédécesseur, Hector Cuper, et c’est ce qu’il a fait. Comme il avait exactement dit, ses poulains ont alterné combinaisons offensives et pressing très haut pour étouffer leurs adversaires nigériens au point qu’ils auraient pu ouvrir le score aussitôt que la première minute si Salah n’avait pas manqué son penalty. L’équipe n’est plus repliée dans son milieu pour essayer de couper les balles et se lancer en contre, mais essaye plutôt d’avoir un bloc haut.

Les Pharaons menaient 3-0 dès la 29e minute et auraient pu afficher une victoire record s’ils n’avaient pas raté un grand nombre d’occasions faciles, y compris deux penaltys. Et bien que le rythme ait baissé à certains moments, les hommes d’Aguirre ont gardé leur volonté et envie jusqu’à la fin, avec des buts de Salah et Al-Nenni dans les dernières minutes de jeu. « Avec un peu plus de concentration, on aurait pu marquer 10 buts. Le travail d’Aguirre est évident et son caractère aussi. Il ne cessait de demander aux joueurs de maintenir leur niveau et de marquer plus de buts jusqu’au bout du match », a dit Ahmad Mégahed, membre du conseil d’administration de la Fédération Egyptienne de Football (FEF).

Changements tactiques

Depuis le début de la décennie, les Pharaons évoluaient selon un schéma de 4-2-3-1. Une tradition qui était maintenue par Hassan Chéhata dans ses derniers jours, l’Américain Bob Bradley, Chawqi Gharib et l’Argentin Hector Cuper. Mais au premier jour du nouveau cycle, Aguirre a décidé de se convertir à un schéma de 4-3-3 qui accorde une grande liberté aux défenseurs des couloirs. « Notre schéma tactique est un 4-3-3, mais qui devient un 3-4-3 en attaque pour assurer une large présence dans la zone de l’adversaire.

Nous avions toujours 7 joueurs au compartiment offensif face au Niger qui n’était pas d’un grand niveau », avait expliqué Hani Ramzi, entraîneur-adjoint de la sélection.

Ce dispositif a permis aux latéraux Achraf (gauche) et Ahmad Al- Mohammadi (droite) de se lancer souvent à l’offensive et permettre au trio d’attaque Salah, Mohsen et Mahmoud Hassan « Trezeguet » de percer dans la surface. Une manoeuvre qui a donné ses fruits puisqu’Achraf a été buteur tandis qu’Al-Mohammadi a signé deux passes décisives. Un grand changement de la philosophie du jeu lui-même qui était organisé autour d’un classique meneur de jeu évoluant au poste du numéro 10, à une époque, le légendaire Mohamad Abou-Treika puis son successeur Abdallah Al-Saïd, qui distribuait le jeu et contrôlait le tempo. Face au Niger, ce n’était pas le travail d’un individu, mais plutôt du collectif, notamment avec la contribution des milieux centraux, Al-Nenni et Tareq Hamed.

En deuxième période, Aguirre a aussi fait preuve de flexibilité tactique en altérant vers le 4-2-3-1 pour tester différentes formules de jeu, surtout avec la baisse du rythme de son équipe. Cette tournure n’a pas été un véritable succès, notamment avec les nombreux changements et la fatigue des joueurs suite au grand effort lors de la première période.

Plan

Nouvelles figures

Changements d’idées, mais de personnel aussi. Aguirre a fait quatre modifications au onze de départ qui a disputé le Mondial de Russie. Achraf et Al-Mohammadi ont été déployés sur les couloirs à la place de Mohamad Abdel-Chafi (33 ans) et Ahmad Fathi (34 ans), qui n’ont pas été convoqués pour cette rencontre. Tout comme le meneur Al-Saïd (32 ans), qui jouait un rôle primordial pendant l’ère de Cuper. Le défenseur d’Ismaïli, Baher Al- Mohammadi, a débuté sa carrière internationale en étant dans l’axe de la charnière aux dépens de Ali Gabr, un pion essentiel de l’échiquier des Pharaons lors des dernières années. Mais la grande révélation d’Aguirre fut le milieu Ali Ghazal, qui évolue actuellement dans le Championnat canadien à Vancouver Whitecaps.

En effet, Ghazal (26 ans) avait fait son début en sélection en 2014, mais n’avait pas fait un bon impact lors de ses cinq apparitions. Convoqué pour la première fois depuis septembre 2014, Ghazal a été titularisé par Aguirre en tant que milieu défensif qui recule parfois pour devenir un troisième défenseur central et avance aussi pour assister l’attaque. Un rôle instrumental dans sa méthode pour assurer la transition entre le 4-3-3 et le 3-4-3 lors de l’attaque. « Pour moi, Ali Ghazal était l’homme du match. Il a fait un grand effort et a accompli sa tâche », a dit Aguirre après le match.

Le nouveau patron a aussi permis au jeune attaquant Salah Mohsen (20 ans) de lancer sa carrière internationale et ce dernier a répondu présent en marquant un but. Débuts prometteurs au niveau individuel et collectif, mais ce n’est qu’un début et face à un adversaire, sans mépris, qu’on ne peut pas qualifier de grande nation de foot. Aguirre aura encore du temps pour observer avant ses prochaines confrontations face au Swaziland en octobre prochain. Une autre épreuve à la portée de main .

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