Le réalisme avant tout pour cette équipe de France, championne du monde 2018. Après des désillusions à Berlin en 2006 (finale de la Coupe du monde 2006) et Saint-Denis 2016 (finale de l’Euro), les Bleus ont montré une grande efficacité face à la Croatie 4-2, dimanche 15 juillet à Moscou, pour remporter leur deuxième titre de Coupe du monde de football, 20 ans après un premier sacre à domicile. « C’est merveilleux. Nous n’avons pas joué de grand match, mais on a montré un grand caractère. Nous avons aussi marqué 4 buts, et c’est quelque chose de mérité. Nous sommes arrivés de loin et le travail des joueurs a payé, maintenant ils sont champions du monde pour les 4 prochaines années », a dit le sélectionneur Didier Deschamps suite au match.
C’est vrai que la France a gagné, mais sans panache. 39% de possession, la plus faible possession pour une équipe en finale depuis le début des statistiques en 1966, un but dans son propre camp et un penalty qui a suscité les polémiques et constitué un tournant du match, les Bleus n’étaient pas maître de leur jeu pour une grande partie de cette rencontre. Les hommes de Deschamps ont semblé un peu fébriles en début de cette partie et ont pris l’avantage à deux reprises en première période grâce à Mario Mandzukic, qui a dévié dans ses propres filets un coup franc tiré par Antoine Griezmann (18e), avant que le numéro 7 des Bleus ne transforme un penalty (38e) sifflé après recours à l’assistance vidéo de l’arbitrage (VAR). Deux situations qui ont marqué une première dans l’histoire des finales de la Coupe du monde. Et alors qu’ils semblaient dominés et que les Croates ont poussé à l’attaque, laissant inévitablement des espaces dans leur défense, Kyilian Mbappé (59e) et Paul Pogba (65e) ont tué le match, faisant preuve, une nouvelle fois, de l’efficacité et du réalisme de la France dans ce tournoi.
La Croatie sort la tête haute
« Je dois féliciter la France. Nous avons joué un grand match, mais on ne peut pas marquer contre soi-même et ensuite subir un tel penalty et se relancer facilement, surtout face à une équipe pleine de qualités. Je n’ai rien à reprocher à mes joueurs et je les félicite pour leur prestation, car on va quitter le Mondial la tête haute. J’ai quelque chose à dire seulement pour l’arbitrage: on ne siffle pas un tel penalty en finale de Coupe du monde », a dit le sélectionneur de la Croatie, Zlatko Dalic. Déçu sûrement, mais fier d’avoir tout de même réalisé un parcours héroïque en se qualifiant à leur première finale de l’Histoire au bout de 3 matchs avec prolongations pour la première fois de l’histoire de la Coupe du monde. « Pour une nation de 4 millions d’habitants, c’est un miracle d’atteindre la finale de la Coupe du monde. Ils ont joué avec plein de coeur, de passion et d’esprit combatif que je dirai qu’il mériterait de remporter le titre », avait dit le président de l’UEFA, Aleksander Ceferin.
En Russie, les Bleus n’ont pas toujours brillé, mais ont toujours gagné (6 fois sur 7), même si parfois c’était moche. En demi-finale face à la Belgique, l’équipe à l’attaque la plus redoutable de la compétition (16 buts), la France a joué un match presque ennuyeux en restant repliée dans ses suites à la tête de Samuel Umiti (1-0) sur corner pour accéder à la finale. Une prestation « frustrante », selon le gardien belge, Thibaut Courtois. « Je ne sais pas jouer pour jouer, je joue pour gagner », avait dit Deschamps, qui peut se vanter d’être le 3e homme de la planète à avoir remporté le titre de Coupe du monde en tant que joueur (1998) et entraîneur suite au Brésilien Mario Zagallo et à l’Allemand Franz Beckenbauer. Critiqué déjà avant le Mondial pour avoir exclu une belle palette de joueurs offensifs tels qu’Anthony Martial (Manchester United), Alexandre Lacazette (Arsenal), Karim Benzema (Real Madrid), Kingsley Coman (Bayern Munich), Deschamps a toujours régné en maître sur son équipe et misé sur l’esprit collectif et le caractère de ses poulains.
L’ancien capitaine de France, qui possède dans son effectif des talents enchanteurs avec notamment Griezmann, Mbappé, Pogba et Ousmane Dembele parmi d’autres, a sacrifié l’esthétisme pour arriver à son objectif. La France a évolué selon un schéma de 4-3-3 qui repose sur une solide défense avant de se propulser vers l’attaque grâce à ses flèches Griezmann-Mbappé et l’excellente vision de Pogba. Que ce soit sur penalty, sur corner, sur coup franc ou action de jeu, les buts et victoires se sont enchaînés. Tête de leur groupe, les Bleus étaient spectaculaires face à l’Argentine (4-3), imposant mais pas dominant face à Uruguay (2-0), solide pour protéger leur petite victoire face à la Belgique (1-0) avant de grimper la dernière marche du podium face à la Croatie. Performance incontestable et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Mbappé a été nommé meilleur jeune joueur du tournoi, Griezmann, 3e meilleur joueur, Raphael Varane, meilleur défenseur qui a fait des dégagements (44) et Pogba, meilleur milieu qui a remporté des duels (58). « Le football ce n’est pas toujours l’attaque, ça se joue sur des détails et on a été bon sur ça. Maintenant, on est champion. C’est un rêve de gosse, c’est extraordinaire. On a fait vibrer la France, j’espère qu’ils seront fiers de nous », dit Pogba.
Défilé aux Champs-Elysée et réception au palais présidentiel le lundi 17 juillet, les célébrations de cette 2e étoile n’ont fait que commencer pour les hommes de Didier Deschamps.
Palmarès
2018 : France
2014 : Allemagne
2010 : Espagne
2006 : Italie
2002 : Brésil
1998 : France
1994 : Brésil
1990 : Allemagne
1986 : Argentine
1982 : Italie
1978 : Argentine
1974 : Allemagne
1970 : Brésil
1966 : Angleterre
1962 : Brésil
1958 : Brésil
1954 : Allemagne
1950 : Uruguay
1938 : Italie
1934 : Italie
1930 : Uruguay
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