Al-Ahram Hebdo : Comment jugez-vous la performance des haltérophiles égyptiens lors des Jeux Méditerranéens (JM) qui ont eu lieu à Tarragona en Espagne, du 22 juin au 1er juillet ?

Mahmoud Mahgoub : Nos haltérophiles ont remporté le plus grand nombre de médailles, ce qui a permis que l’Egypte se classe à la 5e place dans le tableau des médailles. Avec 12 médailles — 9 d’or, une d’argent et 2 de bronze —, l’Egypte a terminé 1re de l’épreuve d’haltérophilie et les haltérophiles ont remporté la moitié des médailles d’or obtenues par l’Egypte. Ils n’auraient pas pu faire mieux que cela. Il faut savoir que l’équipe égyptienne avait vécu une période très difficile avant les Jeux, une période pleine d’instabilité à cause des fortes critiques contre le conseil d’administration de la Fédération, les athlètes et l’encadrement technique de l’équipe, et ce, après la confiscation de suppléments alimentaires rapportés par les athlètes d’un camp de préparation en Azerbaïdjan par la douane de l’aéroport du Caire. Les haltérophiles ont été très affectés durant cette période. La préparation a été médiocre et nous étions en concurrence avec des athlètes beaucoup mieux préparés. La bonne performance à Tarragona vient au bon moment pour nous relancer après une période très difficile.

— Comment jugez-vous le niveau des haltérophiles égyptiens ?

— Je suis très content de leur performance. Nous avons participé à cette compétition avec 9 haltérophiles seulement — 5 hommes et 4 dames. Tous les athlètes ont remporté des médailles, sauf la jeune Esraa Al-Sayed en 63 kg qui fait partie de l’équipe junior. Les médaillés d’or sont Ahmad Saad (62 kg), Mohamad Ihab (77 kg), Gaber Farhan (105 kg) et Sara Samir (69 kg), qui ont décroché chacun 2 médailles d’or, et Ragab Abdel-Hay qui a remporté une médaille d’or à l’arraché (94 kg). Tous les athlètes ont réalisé de bons résultats au niveau de la compétition et quelques athlètes ont battu des records des Jeux, comme Mohamad Ihab et Sara Samir.

— Comment était le niveau de concurrence à Tarragona ?

— La concurrence était féroce. La compétition a vu la participation de grandes nations méditerranéennes de la discipline, telles la Turquie, l’Algérie et l’Italie. La Turquie, par exemple, était présente avec ses meilleurs haltérophiles, dont le champion olympique de la catégorie 69 kg. Bien sûr, d’autres grandes nations n’étaient pas présentes, mais le niveau de la compétition était quand même très élevé.

— Aux JM de Mersin (Turquie) en 2013, l’haltérophilie avait décroché 26 médailles, 10 d’or, 9 d’argent et 7 de bronze. Pourquoi y en a-t-il eu moins cette fois ?

— Lors des JM de Mersin, l’haltérophilie était inscrite avec toutes ses catégories de poids, puisque la Turquie est un pays fort en haltérophilie. L’équipe égyptienne était donc au complet à Mersin, avec 15 haltérophiles. Mais aux JM de Tarragona, le Comité organisateur a annulé plusieurs catégories de poids et nous avons participé avec 9 athlètes seulement. Malgré cela, le nombre de médailles d’or a été presque le même, puisque nous avions récolté 10 médailles d’or à Mersin, contre 9 médailles d’or à Tarragona. De plus, l’équipe égyptienne qui a participé à Tarragona comporte plusieurs jeunes athlètes. Nous sommes en train de rajeunir l’équipe.

— L’haltérophilie égyptienne connaît un regain d’élan sur la scène internationale. Comment bénéficiez-vous de ces résultats ?

— Il faut savoir qu’aujourd’hui, l’Egypte est considérée comme l’une des grandes nations de la discipline, grâce à ses excellentes performances aux Jeux Olympiques (JO) et aux Championnats du monde. L’Egypte avait remporté 2 médailles de bronze aux JO de Rio en 2016, grâce à Mohamad Ihab et Sara Samir. Et lors des Championnats du monde 2017, les Egyptiens ont confirmé leur niveau en remportant 6 médailles, dont 4 d’or, une d’argent et une de bronze. Ces résultats doivent faire en sorte qu’on accorde plus d’importance à cette discipline. Le pays doit s’intéresser davantage à cette discipline et les sponsors doivent se diriger vers l’haltérophilie, qui ne cesse de réaliser des exploits. Nous avons besoin de plus d’intérêt afin d’offrir à nos athlètes une meilleure préparation.

— Quel est le prochain objectif des haltérophiles ?

— La sélection junior participe actuellement aux Championnats du monde junior en Ouzbékistan. Puis ils vont participer aux Jeux Africains de la sJeunesse (JAJ), qui auront lieu du 17 au 27 juillet en Algérie. Le 6 octobre, cette équipe junior disputera les Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ), qui auront lieu à Buenos Aires, en Argentine. Quant aux athlètes seniors, ils se préparent pour les Championnats du monde, qui auront lieu en novembre prochain au Turkménistan, date du commencement de la qualification olympique pour les JO 2020 de Tokyo. Nous visons des médailles dans toutes ces compétitions.

— La semaine dernière, l’Egypte s’est vu attribuer l’organisation des Mondiaux juniors 2020. Qu’en pensez-vous ?

— En concurrence avec une grande nation — la Chine — l’Egypte a gagné l’organisation des Mondiaux juniors 2020 avec 14 voix, contre 4 seulement pour la Chine. Cela reflète la confiance de la Fédération internationale en la nôtre. Cela a été possible grâce aux bonnes performances égyptiennes sur le plan international et à la bonne organisation des compétitions au cours des dernières années, dont les Championnats d’Afrique et les Championnats afro-asiatiques. Il est à noter que le continent africain n’a organisé que 2 éditions des Mondiaux, la 1re en 1983, en Egypte, et la 2e en 1997, en Afrique de Sud. En 2020, nous entendons organiser une compétition parfaite, et nous possédons toutes les capacités pour réaliser cela.