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Ahmad Fathi : Mes bonnes performances sont dues à ma grande concentration et au travail sérieux

Amr Moheb, Mardi, 06 février 2018

Vainqueur de l'H d’Or du meilleur joueur égyptien évoluant en Egypte en 2017, Ahmad Fathi évoque les grands moments de sa carrière, ses ambitions pour 2018 et les chances des Pharaons au Mondial.

Ahmad Fathi
Ahmad Fathi, vainqueur de l'H d’Or du meilleur joueur égyptien.

Al-Ahram Hebdo : Vous avez remporté l'H d’Or 2017 du meilleur joueur de football égyptien évoluant en Egypte et la troisième place, après Mohamad Salah et Ahmad Hégazi, dans le classement général des meilleurs joueurs égyptiens …

Ahmad Fathi : Je suis très content de ce sacre. 2017 est une année très importante dans l’histoire du football égyptien. C’est l’année qui a connu la qualification de l’équipe nationale pour la Coupe du monde et pour la finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2017. Le fait de gagner le trophée du meilleur footballeur égyptien évoluant en Egypte est un exploit. C’est aussi un honneur pour moi d’être le troisième du sondage après la star Mohamad Salah, meilleur footballeur d’Afrique en 2017, vedette de Liverpool et l’un des meilleurs joueurs de football au monde en ce moment, et après Ahmad Hégazi, défenseur du club anglais de West Bromwich Albion et l’un des meilleurs défenseurs du Premier League.

C’est normal et logique que Mohamad Salah soit le premier joueur dans les choix de ceux qui ont participé à votre sondage, soit des experts, des journalistes et des lecteurs. Je suis vraiment content pour Salah. Il mérite cette grande réussite. Sur le plan technique et tactique, j’aime beaucoup l’épauler sous les couleurs nationales. C’est un joueur complet : intelligent, rapide et dribbleur. Il est à la fois meneur de jeu et buteur. C’est un joueur tactique qui aide les entraîneurs à mettre en place leur système de jeu. Il fait toujours la différence, que ce soit avec son club actuel Liverpool ou avec l’équipe nationale égyptienne. Il a joué un grand rôle dans la bonne performance des Pharaons lors de la CAN 2017 et dans la qualification pour le Mondial, pas seulement grâce aux buts qu’il a marqués, mais aussi grâce à son style de jeu. Salah peut mener l’équipe de la défense à l’attaque en quelques secondes. C’est un honneur pour moi et pour la génération actuelle de joueurs en Egypte d’avoir parmi nous, dans l’équipe nationale, le meilleur joueur d’Afrique en 2017. Sur le plan personnel, Salah joue un grand rôle sur le terrain et en dehors du terrain pour motiver les joueurs et aider les jeunes joueurs avec ses conseils. Personnellement, j’ai de très bonnes relations avec Salah. Nous sommes amis en dehors du terrain. J’aime beaucoup discuter avec lui de football. C’est un modèle à suivre pour tous les jeunes footballeurs, pas seulement en Egypte, mais aussi en Afrique et dans le monde. Il est gentil, modeste et il est bien concentré sur son travail de footballeur.

Quant à Ahmad Hégazi, il a réussi une année exceptionnelle et mérite d'être deuxième meilleur joueur du sondage après Salah. Son style de jeu a beaucoup évolué en 2017 et il est devenu l’un des meilleurs défenseurs d’Egypte. Son style de jeu est élégant et il profite de sa grande taille (ndlr :1,95 m) pour marquer des buts avec la tête. J’espère qu’il gardera ce niveau en 2018, car l’Egypte aura besoin de sa bonne performance au Mondial 2018.

— Il y a eu une grande concurrence durant le vote entre vous et Abdallah Al-Saïd. Vous étiez à égalité tout au long du sondage et vous n’avez pu le dépasser que peu avant la fin du vote et avec 4 points seulement de différence …

— Tant mieux (rire) ! Abdallah a été le meilleur joueur à évoluer en Egypte dans votre sondage l’année dernière, alors qu’il me laisse le trophée cette année ! Je plaisante … Abdallah Al-Saïd est un ami et il est l’un des meilleurs joueurs égyptiens en ce moment. Nous sommes de la même génération. C’est mon coéquipier à Ahli et dans la sélection égyptienne. Nous avons aussi joué ensemble au club d’Ismaïli, avant que je ne rejoigne Ahli en 2007, et lui en 2011. J’ai eu le plaisir de jouer avec lui pendant de longues années. C’est un grand joueur qui peut faire la différence avec son équipe à tout moment. Il a réussi une grande année en 2017 et a joué un grand rôle dans la qualification de l’Egypte pour le Mondial et dans la bonne performance des Pharaons lors de la CAN.

— Vous avez parlé de la bonne performance de Salah, Hégazi et Al-Saïd en 2017, mais vous n’avez pas parlé de la vôtre. Quel est votre bilan ?

Ahmad Fathi
(Photo : AFP)

— 2017 a été l’une des plus belles années de toute ma carrière, que ce soit avec mon club ou avec l’équipe nationale. Avec Ahi, nous avons remporté le Championnat national et la Coupe d’Egypte. J’ai marqué le but de la victoire en finale de la Coupe contre Al-Masri de Port-Saïd 2-1, juste avant la fin du match. Avec l’équipe nationale, j’ai été finaliste de la CAN et j’ai été choisi, avec Mohamad Salah, par la Confédération Africaine de Football (CAF) dans l’équipe d’Afrique. J’ai contribué aussi à la qualification des Pharaons pour la Coupe du monde après 28 ans d’absence. Bref, l’année 2017 a été une année exceptionnelle.

— Et qu’est-ce que vous avez fait de particulier pour que l’année 2017 soit meilleure que les précédentes ?

— Rien. J’ai fait en 2017 comme en 2016, 2015, etc. Depuis que j’étais junior, je m’entraîne sérieusement et me donne complètement au football. Pour être titulaire avec mon équipe, je dois être parmi les meilleurs, m’entraîner sérieusement et me concentrer à 100 % sur le football, car c’est mon métier et mon gagne-pain. Je ne peux pas cacher qu’en 2017, il y a eu beaucoup plus de pression sur moi que pendant les années précédentes. Et en 2018, la pression sera encore plus grande. C’est normal, car chaque année, je vieillis, alors je dois me battre pour garder ma place de titulaire. Aujourd’hui, à l’âge de 33 ans, mes chances d’être titulaire ne sont plus les mêmes que lorsque j’avais 23 ans par exemple.

A l’âge de 16 ans, j’ai été titulaire des équipes nationales des moins de 17 ans, des moins de 19 ans, de l’équipe nationale olympique et de l’équipe nationale A avec Mahmoud Al-Gohari. J’ai remporté la Coupe d’Afrique en 2003 avec l’équipe des moins de 19 ans, sous la direction de Hassan Chéhata. Mahmoud Al-Gohari, qui était le sélectionneur national à l’époque, m’a sélectionné et j’ai rejoint l’équipe nationale égyptienne malgré mon jeune âge de 16 ans. J’ai joué mon premier match officiel avec l’équipe nationale à 17 ans. Mes bonnes performances sont dues à ma grande concentration et au travail sérieux tout au long de ma carrière. Le football est la seule chose qui occupe mes pensées. C’est normal, puisque depuis que j’étais enfant à Banha, ma ville natale, mon rêve était de devenir un grand footballeur. Alors, puisque j’ai réalisé mon rêve, je dois le protéger en m’entraînant sérieusement. Il y a beaucoup d’autres joueurs qui rêvent d’être à ma place, surtout avec l’équipe nationale, alors je dois me donner jusqu’au bout pour garder un bon niveau ainsi que ma place. De plus, j’aime me fixer de nouveaux objectifs pour chaque étape de ma carrière, afin d’être toujours motivé.

— Quel est votre objectif en ce moment ?

— Mon grand objectif est de participer avec les Pharaons au Mondial et de faire de bons résultats. J’ai déjà participé à la majorité des compétitions de la FIFA, à l’exception de la Coupe du monde : Coupe des continents, Coupe du monde des moins de 20 ans, Coupe du monde des clubs et Jeux Olympiques (JO). Avec l’équipe nationale, j’ai déjà remporté 3 fois la CAN, j’ai été finaliste en 2017 et j’ai participé à la qualification de l’Egypte pour la Coupe du monde. Il me reste à participer à la Coupe du monde. Sur le plan des clubs, mon objectif avec Ahli est de gagner le Championnat national, la Coupe d’Egypte et la Ligue des champions d’Afrique et de participer à la Coupe du monde des clubs. J’ai déjà remporté, avec le club, la Ligue d’Afrique des Champions, la Coupe de la confédération africaine et deux fois la Supercoupe d’Afrique.

Ahmad Fathi

En parlant de 2017, j’aimerais ajouter que le meilleur et le plus mauvais souvenir de toute ma carrière sont liés à cette année. Le meilleur sou­venir, c’est bien évidemment la qualification pour le Mondial. Quant au plus mauvais, il s’agit de la défaite en finale de la Ligue des champions d’Afrique contre le Wydad de Casablanca. Même si les gens disent que le mauvais arbitrage a été la cause de notre défaite, je ne peux pas nier notre responsabilité. Si nous avions marqué des buts, nous n’aurions pas perdu la finale, même avec un mauvais arbitrage. C’est le plus mauvais souvenir de toute ma carrière. Pour moi, il est pire que l’élimination des qualifications de la Coupe du monde 2010 lors du match de barrage contre l’Algérie.

— En parlant de cette élimination, vous avez participé avec les Pharaons aux qualifi­cations du Mondial de 2010 et aussi de 2014, sans vous qualifier. D’après vous, qu’est-ce qui a fait la différence lors de la qualification pour le Mondial 2018, alors que les équipes précédentes n’ont pas réussi à se qualifier pour les Coupes du monde de 1994 à 2014 ?

— En 2010 et 2014, nous avons été très proches de la qualification et nous n’avons été éliminés que lors du dernier match, une fois contre l’Algérie, après un match de barrage et l’autre fois contre le Ghana. J’ai eu la chance de jouer avec l’équipe de 2010, 2014 et l’équipe actuelle. Celle de 2010 a remporté 3 fois la CAN, en 2006, 2008 et 2010.

Elle a aussi participé à la Coupe des confédé­rations et a battu l’Italie, championne du monde à l’époque. Cette équipe comprenait Mohamad Abou-Treika, Mohamad Zidan, Waël Gomaa, Amr Zaki et Ahmad Hassan. La deuxième équipe est l’équipe actuelle, avec Mohamad Salah, Mohamad Al-Nenni, Ahmad Hégazi, Abdallah Al-Saïd et Ramadan Sobhi. Cette génération est prometteuse, la majorité des joueurs sont jeunes et ils se sont qualifiés pour la Coupe du monde 2018. Cela ne veut toutefois pas dire qu’elle est meilleure que la précédente. Le vrai point fort de l’équipe actuelle est que plus de 10 joueurs sont titulaires dans de grands clubs, soit en Europe, en Asie ou en Afrique. Nous avons Mohamad Salah, la star de Liverpool et l’un des meilleurs joueurs en Europe, Mohamad Al-Nenni, titulaire à Arsenal, Ahmad Hégazi, titulaire à West Bromwich Albion, Ramadan Sobhi à Stocke City et d’autres. L’expérience que ces joueurs ont gagnée avec leurs clubs leur a donné un avantage, ce qui leur a permis de se qualifier pour le Mondial. Et il ne faut pas oublier le rôle du grand coach de l’équipe, l’Argentin Hector Cuper.

— En parlant des joueurs qui évoluent à l’étranger, vous avez vous aussi joué à l’étran­ger, n’est-ce pas ?

— Oui, mais pas longtemps. En 2007, j’ai quitté Ismaïli pour le club anglais de Sheffield United. Quelques mois plus tard, je suis rentré en Egypte pour rejoindre Ahli. Ce dernier m’a prêté, lors de la saison 2007-2008, au club Kazma au Koweït, puis, en 2013, à Hull City avec Mohamad Nagui Gueddo. Puis j’ai joué la saison 2014-2015 avec le club Um Salal au Qatar. J’étais aussi sur le point de signer avec Arsenal à l’âge de 18 ans. J’ai passé une période d’essai avec le club et Arsène Wenger était satis­fait de mon niveau. Il voulait que je signe pour le club, mais le transfert n’a pas eu lieu, parce qu’Arsenal voulait que je ne joue qu’avec une seule sélection nationale en Egypte et, à cette époque, je jouais dans la sélection nationale juniors et avec la grande sélection. Si j’avais rejoint Arsenal, je pense que ma carrière aurait été complètement différente.

— Ne rêvez-vous pas de partir évoluer en Europe après la Coupe du monde, comme la plupart des joueurs de la sélection ?

— Je suis réaliste. Je ne suis plus si jeune, j’ai 33 ans … Ce sera difficile pour moi d’évoluer avec un grand club de première division en Europe à cet âge. Mon grand rêve en ce moment, comme je vous l’ai dit, c’est de participer à la Coupe du monde et de faire de bons résultats.

— Votre groupe en Coupe du monde est difficile. D’après vous, quelles seront les chances des Pharaons ?

— Je suis content que vous me disiez que notre groupe est difficile, car beaucoup d’autres journalistes sont d’avis que notre groupe n’est pas fort. Or, il est fort, avec la Russie, pays hôte, l’Uruguay et l’Arabie saoudite. Notre premier match contre l’Uruguay ne sera pas du tout facile. La mission de la défense des Pharaons sera très difficile face à Luis Suarez et Edinson Cavani. Cependant, nous serons bien concentrés et nous avons comme objectif de nous qualifier pour le deuxième tour.

— Vous évoluez dans plusieurs postes sur le terrain avec Ahli. Lequel préférez-vous ?

— J’évolue en milieu de terrain et aussi comme défenseur droit et gauche. Je sais bien faire les deux, mais je préfère le milieu de ter­rain. C’est mon poste préféré depuis que j’étais junior.

— Vous avez connu plusieurs entraîneurs en équipe nationale, de Mahmoud Al-Gohari à Hector Cuper. Lequel avez-vous aimé le plus ?

— J’ai eu la chance de connaître plusieurs entraîneurs en sélection nationale. Chacun d’eux m’a appris quelque chose. Mais Hassan Chéhata reste le plus proche de moi, car j’ai passé une longue période avec lui à l’équipe nationale. Je le considère comme mon père. J’apprécie aussi Hector Cuper, car nous nous sommes qualifiés pour le Mondial sous sa direction.

— En parlant d’entraîneurs, la majorité des joueurs souhaitent devenir coach après la fin de leur carrière de joueur, tandis que d’autres préfèrent une carrière administra­tive ou s’éloignent complètement du football. Que pensez-vous faire après votre carrière, dans la mesure où vous avez une grande expé­rience des aspects techniques et tactiques ?

— Je n’ai rien de précis en tête en ce moment. Comme je vous l’ai dit, je me fixe des objectifs pour chaque étape de ma carrière. En ce moment, je ne pense qu’à la Coupe du monde et je rêve de voir la joie des Egyptiens. Les supporters égyp­tiens méritent d’être contents, car ils nous ont soutenus chaleureusement et ont toujours été derrière nous, même lorsque l’équipe ne faisait pas de bons résultats. Maintenant, c’est notre tour de les remercier en faisant de bons résultats en Coupe du monde. Les joueurs égyptiens vont déployer toutes leurs capacités pour se qualifier pour le deuxième tour du Mondial. J’espère aussi assister au retour des spectateurs dans les tribunes des stades le plus tôt possible. Ce n’est pas agréable de jouer de longues années en huis clos. J’espère voir de nouveau les spectateurs dans les tribunes pour donner plus de vivacité et de chaleur aux matchs du Championnat.

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