Al-Ahram Hebdo : Comment vous sentez-vous après avoir remporté la médaille d’or au Grand Prix de Tashkent la semaine dernière ?
Ramadan Darwich : Je suis très heureux de cette médaille, qui vient au bon moment pour répondre à tous ceux qui m’ont critiqué ou dit que je devrais arrêter la compétition. J’ai prouvé que je suis encore le meilleur judoka égyptien et que je peux réaliser de nouveaux exploits pour le judo égyptien. J’ai reçu les félicitations des responsables de la Fédération égyptienne et du ministre de la Jeunesse et du Sport, Khaled Abdel-Aziz. Mon souhait serait qu’on me rembourse la somme d’argent que j’ai investie pour pouvoir disputer cette compétition, puisque c’est moi qui ai payé les frais de participation.
— Comment avez-vous ressenti la concurrence lors de ce Grand Prix ?
— La concurrence était très forte, étant donné la présence des meilleurs athlètes du monde, qui visaient tous à récolter des points pour améliorer leur classement mondial. En finale, j’ai battu le champion russe, Niyaz Ilyasov, et en demi-finales le judoka du Tadjikistan, Saidzholol Saidov. Le niveau des matchs était très élevé.
— Que représente cette médaille pour vous ?
— Il faut savoir que la qualification pour les Jeux Olympiques (JO) de Tokyo 2020 se fera uniquement sur la base du classement mondial. C’est pourquoi les compétitions du Grand Prix et du Grand Schelem ont pris plus d’importance. Grâce à cette médaille d’or, mon classement va de nouveau s’améliorer. En fait, j’avais reculé suite à un arrêt de 6 mois dû à une opération chirurgicale. Le mois dernier, j’occupais la 25e place, mais après cette médaille d’or, je deviendrai 11e. Le plus important pour moi, c’est que j’ai non seulement retrouvé mon niveau, mais que celui-ci s’est aussi nettement amélioré. J’ai aujourd’hui beaucoup plus d’expérience et j’ai aussi beaucoup appris de ma participation aux JO de Rio de Janeiro en 2016.
— Après votre performance moyenne à Rio et votre arrêt de 6 mois, comment avez-vous retrouvé votre niveau ?
— Je suis retourné au jeu avec confiance et détermination. A 28 ans, mon palmarès comporte 30 médailles internationales, dont 11 d’or, 8 d’argent et 12 de bronze, 2 participations aux JO et 5 participations aux Championnats du monde, avec une médaille de bronze en 2009. Mais j’ai encore des objectifs et je crois que je suis capable de réaliser de nouveaux exploits. Après les JO de Rio, j’ai décidé de changer ma stratégie et de compter plus sur moi-même. Après mes 6 mois d’arrêt, j’ai repris le jeu un mois avant les Championnats d’Afrique, où j’ai remporté la médaille d’argent. Puis, sans attendre la Fédération égyptienne de judo et le ministère de la Jeunesse et du Sport, j’ai pris en charge la planification de mon programme de préparation à mes frais. A travers mes relations personnelles et comme je suis un judoka de niveau international, j’ai pu programmer un stage de préparation aux Pays-Bas avec la sélection hollandaise. Grâce à ce stage, mon niveau s’est nettement amélioré. J’ai ensuite disputé la Coupe d’Europe en Suisse, où j’ai décroché une médaille d’or. Puis, il était prévu que je dispute les Mondiaux avec la sélection nationale. Mais deux jours avant la compétition, la Fédération égyptienne nous a annoncé qu’elle ne possédait pas l’argent nécessaire à notre participation. J’ai donc disputé les Mondiaux à mes frais et j’ai terminé à la 9e place.
— Quel est votre programme pour la suite ?
— Il consiste à continuer ma préparation. Je dois disputer le Grand Schelem d’Abu-Dhabi le 26 octobre et le Grand Prix de La Haye aux Pays-Bas le 17 novembre. Et j’aimerais refaire un stage aux Pays-Bas. Je ne peux toutefois pas me permettre de perdre du temps et je ne vais donc pas attendre que la Fédération égyptienne me soutienne. Mais j’espère qu’elle ou le ministère financera mon programme pour que je puisse réaliser mon objectif principal : remporter une médaille olympique en 2020.
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