(Photo : Moustapha Emeira)
Al-Ahram Hebdo : Comment vous sentezvous après avoir décroché cette médaille d’argent ?
Seif Eissa : Remporter une médaille dans un Grand Prix (GP) qui regroupe les 32 meilleurs athlètes au monde est un grand honneur, de surcroît dans la catégorie olympique (-80 kg). La médaille d’argent m’a offert 20 points qui me permettront de passer de la 7e à la 4e place au classement olympique. De quoi me mettre en bonne position pour atteindre mon objectif, qui est de me qualifier pour les Jeux Olympiques 2020 (JO) de Tokyo grâce aux classements olympiques, sans passer par les éliminatoires africaines. Je suis donc très heureux et très fier de cette médaille et de mon parcours exceptionnel durant le GP.
— Pouvez-vous nous parler de votre parcours lors de la compétition ?
— Mon parcours a été excellent, puisque j’ai battu de grands champions de ma catégorie. J’ai battu le Croate Toni Kanaet (18e au classement olympique) en 8es de finale, puis l’Uzbek Nikita Rafalovich, médaillé d’argent aux Mondiaux de 2017 dans la catégorie -74 kg (5e au classement olympique) en quarts de finale.
En demi-finales, j’ai remporté une victoire inattendue sur le champion du monde 2017 et le médaillé de bronze aux Jeux olympiques de 2016, l’Azerbaidjanais Milad Beigi Harchegani (1er au classement olympique), sur le score de 13-12, après l’un des meilleurs matchs de la compétition. Enfin, lors de la finale, je n’ai été battu que difficilement par le champion olympique de 2016, l’Ivoirien Cheick Sallah Cisse (2e au classement olympique), sur le score de 6-7.
— Quels ont été les matchs les plus importants pour vous ?
— Toutes les rencontres ont été importantes, mais la demi-finale et la finale ont été cruciales pour moi. Avant notre rencontre en demifinales, Beigi n’avait perdu aucun match depuis sa médaille de bronze olympique. Il a en outre gagné la plupart de ses matchs avec une grande différence de score, devenant ainsi un adversaire très dangereux pour tous les concurrents. Bien qu’un peu inquiet avant la rencontre, j’ai eu le sentiment que j’étais capable de remporter le match et ma victoire a constitué l’une des grandes surprises de la compétition. Malgré ma défaite en finale, j’ai réalisé un match d’un très haut niveau, et Cisse ne m’a battu qu’avec difficulté. Je me souviens que je l’avais déjà rencontré il y a 2 ans, à seulement 17 ans. Il avait alors été très orgueilleux, me considérant comme un gamin.
Mais cette fois-ci, il m’a affronté avec respect et il avait peur de perdre contre moi. Ces deux matchs ont confirmé mon arrivée parmi les meilleurs athlètes mondiaux et ont boosté ma confiance. — Vous avez donc retrouvé votre confiance, perdue après la 5e place aux Championnats du monde de Muju en juin dernier ...
— Ma 5e place aux Mondiaux ne m’avait pas fait perdre confiance. J’ai participé aux Mondiaux en tant que candidat sérieux pour le podium dans la catégorie des -74 kg, et j’étais à ce moment-là en tête du classement mondial. Mais j’ai manqué mon but suite à la décision de l’arbitre d’arrêter mon match en quarts de finale à cause de la blessure de mon adversaire iranien. J’ai été très déçu, mais j’ai utilisé ma déception comme un facteur de motivation. La médaille d’argent au GP vient aujourd’hui compenser ma défaite aux Mondiaux.
— Quel est votre prochain objectif ?
— Aujourd’hui, je suis très motivé, plein de confiance et de certitude. Je veux décrocher une médaille d’or dans les prochaines compétitions. Du 20 au 22 octobre, je dois disputer le 3e Grand Prix à Londres, puis il y aura la finale du Grand Prix, prévue à Abidjan en Côte d’Ivoire en décembre 2017. Je crois que je suis capable de réaliser de nouveaux exploits. Je continue de travailler pour améliorer mon niveau et je suis conscient du fait qu’aujourd’hui, je suis devenu un athlète connu et que mes adversaires vont m’analyser et m’affronter avec plus d’intérêt.
— Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez ?
— J’affronte 2 problèmes importants. Premièrement, en Egypte, il n’existe pas de taekwondoïstes de haut niveau dans ma catégorie de poids. Et comme le taekwondo est un sport de combat, je dois m’entraîner avec de tels athlètes pour pouvoir améliorer mon niveau et travailler mes points faibles. Deuxièmement, en Egypte, nous ne disposons pas du Hugo électronique (un système d’enregistrement automatique des points grâce aux équipements portés par l’athlète, ndlr), qui est utilisé lors des étapes du Grand Prix. Enfin, étant donné le manque de moyens financiers, nous n’effectuons pas de stages de préparation à l’étranger et ne disputons pas autant de compétitions qu’au cours des années dernières, ce qui affecte le niveau de tous les athlètes.
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