Al-Ahram Hebdo : Vous avez réalisé une saison exceptionnelle (2016-2017) en remportant le Championnat national et la Coupe d’Egypte. Comment êtes-vous parvenu à ce double exploit ?
Hossam Al-Badri : Remporter le Championnat et la Coupe d’Egypte la saison dernière n’est pas nouveau pour les Rouges. Ahli est habitué aux exploits et aux records. C’est le club qui a remporté le plus de Championnats et de Coupes d’Egypte dans l’histoire du football égyptien. Avec les bons résultats, le club a réussi à développer un bon style de jeu collectif. En plus, cette saison, Ahli est devenu un club qui ne compte pas sur un ou deux joueurs, à l’instar de grands clubs européens qui remportent des titres même avec l’absence de leurs meilleurs joueurs, comme le Real Madrid par exemple qui a remporté dernièrement la Supercoupe malgré l’absence de sa vedette et son buteur, le Portugais Christiano Ronaldo. Actuellement, Ahli n’est affecté ni par l’absence, ni la blessure d’un ou de plusieurs joueurs, quel que soit son nom ou son poste. L’équipe peut gagner à tout moment avec un effectif qui groupe n’importe quels joueurs. C’est l’esprit du maillot rouge qui aboutit aux victoires.
— C’est peut-être normal en raison du grand nombre de joueurs que vous avez recrutés dernièrement, alors que vous avez recruté la majorité des meilleurs joueurs égyptiens en plus de meilleurs joueurs en Afrique comme le Nigérian Junior Ajayi, le Marocain Walid Azaro et le Tunisien Ali Maaloul ...
— Ce n’est pas une accusation, au contraire c’est un avantage. C’est normal que les grands clubs recrutent de bons joueurs. Dans le monde entier, les grands clubs recrutent de bons joueurs, afin de rester au sommet. Les autres clubs en Egypte font également la même chose. D'une part, Ahli ne fait face à aucune difficulté à faire signer les joueurs : la majorité des joueurs souhaiteraient évoluer avec son maillot rouge car c’est un grand club qui remporte beaucoup de titres, et son administration est connue par son respect pour ses contrats avec les joueurs. D’autre part, la majorité des clubs égyptiens regroupent dans leurs effectifs des joueurs qui viennent d’Ahli, c’est normal, c’est le professionnalisme.
— Mais avec autant de grands noms, le fait de titulariser les uns aux dépens des autres ne pose-t-il pas problème, d’autant plus que vous êtes souvent critiqué dans les médias à cause de cela ?
— C’est moi le coach du club et c’est moi qui assume la responsabilité des résultats des matchs. Je connais bien la performance de mes joueurs. Lorsque je titularise un joueur et que d’autres sont remplaçants ou ne figurent même pas sur la liste des matchs, j’estime que mes choix sont les plus convenables pour le club en fonction de la performance des joueurs avant le match et aussi en fonction de mon plan de jeu pour ce match. Evidemment, je ne veux pas perdre, et j’aligne le meilleur groupe pour réaliser le meilleur résultat. Si les médias ou les supporters voient autre chose ou veulent que j’aligne un joueur à la place d’un autre, cela ne veut pas dire qu’ils ont raison. Un bon entraîneur doit avoir une forte personnalité et ne doit pas être affecté dans ses choix par les médias, surtout par les propos des supporters.
— Mais les supporters d’Ahli sont fidèles au club et soutiennent toujours leur équipe, surtout aux moments des défaites ...
— Oui, bien sûr les supporters d’Ahli sont toujours derrière nous, ils nous font confiance et jouent un rôle capital dans les bons résultats des Rouges. Ce sont de véritables supporters. Ce n’est pas d’eux que je parle. Je fais allusion à une autre catégorie de supporters constitués de jeunes et d’adolescents qui n’arrêtent pas de critiquer le club avec ses joueurs, son staff technique et son conseil d’administration sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook. Ces supporters sont jeunes et manquent un peu de maturité. Tout ce qu’ils veulent est de voir leur équipe gagner. Ils sont un peu trop enthousiastes, leurs émotions sont trop vives et ils expriment leur amour à l’égard du club avec violence, notamment à travers des critiques sévères et injustifiées. Malheureusement, cette catégorie exerce parfois une influence négative sur le club.
— Pensez-vous qu’avec les nouveaux joueurs, Ahli puisse encore une fois imposer sa suprématie sur le football égyptien lors de la saison 2017-2018 qui commence dans quelques jours ?
— C’est difficile de répéter l’exploit de la saison dernière, comme vous le dites, c’était une saison exceptionnelle pour les Rouges. Mais je ferai de mon mieux pour qu’Ahli puisse réaliser l’exploit de la saison dernière. Je veux signaler que la force des Rouges ne repose pas uniquement sur les joueurs nouvellement recrutés, il y a d’autres clubs qui recrutent de bons joueurs et ne font pas de bons résultats, et d’autres qui ne recrutent pas de bons joueurs, et pourtant, arrivent à bien préparer leurs joueurs et font de bons résultats. Il est évident que les joueurs sont un élément important, mais il y a d’autres éléments aussi importants, comme la confiance et le soutien de l’administration du club, surtout pendant les moments difficiles et les défaites. La réussite d’un club est le fruit du travail de groupe, tout un système, une organisation qui travaille ensemble pour que le club gagne et soit champion. La personnalité du club Ahli est le mot de passe des victoires. On se respecte et l’on respecte les autres. Nous déployons toujours tous nos efforts pour gagner sans attaquer nos adversaires, ni critiquer les autres ou critiquer l’arbitrage. Nous respectons tout le monde, est cela est la personnalité du club Ahli.
Le seul problème que peut rencontrer l’équipe en ce moment est la fatigue. Nous n’avons pas pris assez de repos entre les deux saisons. Après le Championnat, nous avons participé à la Coupe arabe, puis la finale de la Coupe d’Egypte, en plus, il y a des joueurs qui sont sélectionnés dans l'équipe nationale. Nous sommes aussi le seul club égyptien à participer en ce moment aux compétitions africaines, et nous allons jouer dans quelques jours contre l’Espérance de Tunis. Les joueurs sont fatigués et n’ont pas pris assez de repos avant le début de la nouvelle saison. Mais comme je l’ai dit, nous ferons de notre mieux pour répéter l’exploit de la saison dernière.
— D’après vous, qui étaient les meilleurs joueurs de la saison dernière en Egypte ?
— Je vais parler de mon club seulement, les meilleurs joueurs, d’après moi, sont Saad Samir, Ahmad Fathi, Amr Al-Solaya, Ahmad Hégazi et Chérif Ekrami. Ces joueurs ont joué un grand rôle dans l’exploit du club la saison dernière.
— Avec ce grand nombre de stars dans votre club, n’est-ce pas difficile pour vous de choisir l’effectif, de dire qui sera titulaire et qui sera remplaçant ?
— Je suis le coach du club Ahli et je dois avoir une personnalité assez forte pour décider qui joue et qui reste sur la touche. Si je suis actuellement le meilleur entraîneur en Egypte comme vous le dites, c’est grâce à ma forte personnalité d’entraîneur et grâce aussi à l’accumulation des expériences tout au long de ma carrière. Un long chemin qui a commencé en 1970 comme joueur à Ahli, puis le début de ma carrière d’entraîneur en 1987. J’ai travaillé avec beaucoup d’entraîneurs de plusieurs nationalités : Egyptiens, Allemands, Portugais ou Hollandais. J’ai travaillé comme entraîneur adjoint, comme directeur du secteur de football, puis entraîneur pour la première fois en 2010. J’ai acquis de grandes expériences, soit des clubs que j’ai entraînés, soit des entraîneurs avec qui j’ai travaillé, soit des grands joueurs que j’ai entraînés comme Mohamad Abou-Treika, Mohamad Barakat, Waël Gomaa, Sayed Moawad, Hossam Ghali et Emad Metaeb. Ces expériences me permettent maintenant de pouvoir gérer techniquement l’équipe, même s’il y a un grand nombre de grandes stars. Pour moi c’est simple : celui qui sera titulaire dans son poste est le joueur qui est prêt plus que les autres sans penser ni au nom, ni à la réputation.
— Même si c’est Emad Metaeb ?
— (Il sourit) Pourquoi vous me posez cette question ?! Comme je l’ai dit, celui qui sera titulaire dans son poste est le joueur plus à même de le faire, cela n’a rien à voir avec son nom et sa réputation, que ce soit Emad Metaeb, Walid Azaro, Ajayi, Marwan Mohsen, Islam Mohareb, Amr Gamal ou n’importe quel autre joueur.
— Vous jouerez un match très important le 16 septembre contre l’Espérance de Tunis en quarts de finale de la Ligue des champions d’Afrique. Comment vous êtes-vous préparé ?
— C’est un match qui sera difficile pour les deux équipes. Pour moi, ce match mérite d’être la finale de la compétition. Dommage que ces deux clubs se rencontreront en quarts de finale. L’Espérance est l’un des plus grands clubs dans le continent. Nous les avons bien étudiés et eux aussi je crois qu’ils nous ont bien étudiés et ont étudié notre système de jeu. Les deux clubs sont deux livres ouverts, rien n’est caché, surtout qu’ils viennent de participer ensemble à la Coupe arabe des clubs il y a quelques semaines en Egypte. En effet, l’Espérance est en très bon état technique en ce moment, il possède dans son effectif de bons joueurs avec un bon staff technique. Je pense que le match ne sera pas facile pour les deux clubs. Celui qui pourra imposer sa personnalité technique, qui pourra bien développer son style de jeu dans les deux rencontres, arrachera le billet de la qualification pour les demi-finales. Le résultat du match aller qui aura lieu en Egypte sera très important pour nous, afin que nous puissions disputer le match retour à Tunis sans être stressés. En tout cas, nos joueurs sont bien concentrés et s’entraînent sérieusement. Comme je le dis toujours : seuls les grands clubs arrivent à s’imposer aux compétitions africaines. Le club qui veut remporter le titre doit être le meilleur. C’est facile, si tu veux être champion, tu dois gagner. Ahli a la personnalité du champion et arrive à s’imposer aux moments difficiles. Nous faisons de notre mieux pour pouvoir se qualifier pour les demi-finales, mais en fin de compte, c’est le football, celui qui s’imposera techniquement et qui aura plus de chance se qualifiera.
— Quels sont vos objectifs personnels en tant qu’entraîneur ?
— Entraîner l’équipe nationale égyptienne est mon grand rêve, et c’est sans doute le rêve de tous les entraîneurs égyptiens. De même, je rêve de pouvoir entraîner un jour une grande équipe en Europe. Je me prépare en ce moment pour obtenir la licence PRO en entraînement. Je souhaite pouvoir réaliser ce rêve après avoir obtenu cette licence.
— Concernant l’équipe nationale justement, comment évaluez-vous les chances des Pharaons dans la qualification à la Coupe du monde 2018 ?
— La chance de l’Egypte est très grande à condition de gagner contre l’Ouganda. Nous avons une bonne génération de joueurs et la victoire lors des deux premiers matchs de poule nous a donné un grand avantage, surtout la victoire contre le Ghana. A mon avis, l’Egypte a une grande chance et elle ne doit pas la rater. Je pense que les Pharaons ont 70 % de chance pour se qualifier pour la Coupe du monde 2018 en Russie.
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