Hamada Mohamad. (Photo : Reuters)
Al-Ahram-Hebdo : Comment évaluez-vous votre performance au meeting de Barcelone achevé la semaine dernière ?
Hamada Mohamad : Je veux d’abord souligner que ce meeting était d’un très haut niveau. Il a regroupé les grandes nations de la course qu’elles soient européennes ou africaines, à l’image de l’Angleterre, de l’Espagne, de l’Italie, de l’Ethiopie, du Kenya et de Djibouti. Toutes les stars de la course du 800 m y étaient présentes. Nous étions répartis en deux séries, chaque série renfermant 16 coureurs. En réalisant un record de 1:45.26, j’ai pu terminer 3e de ma série, et j’ai pu valider ma qualification aux Mondiaux de Londres prévus pour août prochain. Le classement n’est pas important pour la qualification aux Mondiaux, mais le coureur doit passer sous la barre du temps qualificatif réglementaire de 1:45.90. Je suis extrêmement heureux de ma performance dans ce tournoi considéré comme l’un des plus importants. J’ai repris confiance en moi-même, surtout suite à ma déception de Rio où j’ai été classé 24e. Déçu mais pas résigné, j’ai refusé de perdre espoir, et j’ai travaillé à fond pour faire progresser mon niveau. Aujourd’hui, je récolte les fruits de mes efforts en rejoignant le peloton des coureurs de haut niveau. C’est une fierté que je sois le premier Egyptien à se spécialiser dans les grandes distances, car le 800 m n’est pas ma seule spécialité, j’entraîne aussi pour le 1 500 m. Ce sont des épreuves très dures qui exigent de l’endurance et de la force. Voilà pourquoi les coureurs égyptiens préfèrent les petites distances comme les 200 m et 400 m.
— Comment avez-vous atteint ce niveau ?
— Je dois une grande partie de mon succès aux forces armées qui m’ont soutenu depuis le début de mon parcours. Grâce à mon talent, j’ai été choisi par le secteur sportif des forces armées du gouvernorat de Qéna, ma ville natale, et j’ai intégré leur programme d’entraînement. Dès lors, j’ai joui d’un statut de sportif professionnel et j’ai rejoint le club de l’Institution militaire d’Ismaïliya en vue de commencer une préparation intensive. Les forces armées m’ont fourni un entraîneur anglais d’origine somalienne, Jama Aden, l’un des meilleurs entraîneurs au monde et meilleur coach de demi-fond jusqu’à maintenant. Je m’entraîne sous sa houlette, aujourd’hui encore, dans un centre d’entraînement qui lui appartient en Italie. Voilà pourquoi j’ai eu la chance de m’entraîner avec les meilleurs coureurs du monde qui s’entraînent avec moi, tel le Soudanais Abubaker Kaki, deux fois champion du monde du 800 m. Aden, en tant que conseiller de la compagnie Nike, m’a aidé pour que cette compagnie me sponsorise. Grâce à ce sponsor, j’ai pu participer à un grand nombre de tournois internationaux, améliorant ainsi mon niveau et m’aidant à acquérir une grande expérience.
— Que s’est-il passé aux JO de Rio ?
— Je veux noter d’abord que j’ai terminé 8e de ma série et j’ai été classé 22e du 800 m aux JO de Londres 2012. J’étais le premier Egyptien à disputer les demi-finales du 800 m à ces JO. Malgré mon échec en demi-finales, j’étais satisfait de mon résultat puisque cette épreuve est une spécialité purement kényane depuis longtemps.
Mais après Londres, j’ai été attaqué par une maladie dermatologique inconnue, et j’ai été obligé d’arrêter l’entraînement pendant deux ans. J’ai commencé à reprendre l’entraînement en août 2015. Je voulais absolument poursuivre mon parcours, et j’ai pu me qualifier aux JO de Rio 2016 à travers le meeting de Barcelone en réalisant un record de 1:45.25. C’était un vrai exploit pour moi, surtout qu’il est survenu après une dure période de traitement. A Rio, j’étais classé 24e. Je pense qu’il s’agit d’un résultat satisfaisant car il montre que je suis sur la bonne voie.
— Comment votre amour pour l’athlétisme a-t-il commencé ?
— Tout a commencé dans le petit village d’Abou-Manaa à Déchna, dans le gouvernorat de Qéna. Pendant mon enfance, j’adorais courir tout le temps, et j’aimais surtout courir très vite. J’ai donc commencé à pratiquer cette discipline avec l’entraîneur de Déchna, Hassan Marzouq. L’année 2008 a été une année décisive dans ma vie, car j’ai été choisi par les forces armées pour rejoindre le club de l’Institution militaire à Ismaïliya. En 2010, j’ai commencé mes premiers pas dans le monde professionnel, car les forces armées m’ont permis de m’entraîner avec Jama Aden. Grâce à lui, j’ai beaucoup progressé et j’ai pu améliorer mes records personnels, tout en travaillant la technique de cette épreuve selon un système scientifique comme les vedettes mondiales. En 2011, pour la première fois dans l’histoire de l’athlétisme, un Egyptien figurait sur la liste du classement mondial, car j’ai pu me classer à la 11e place au classement junior grâce à un record de 1:46.44 réalisé au meeting de Watford en Grande-Bretagne. En 2012, j’ai amélioré mon classement et j’ai occupé la 7e place junior et la 35e place senior, une première dans l’histoire de l’Egypte.
— Quels sont vos projets à venir ?
— Je m’entraîne actuellement avec mon entraîneur en Italie jusqu’aux Mondiaux de Londres en août prochain. Je vais participer ce mois-ci à un autre meeting pour tenter de me qualifier à l’épreuve de 1 500 m également. Je vise essentiellement à décrocher une médaille dans ces Mondiaux. Après quoi, je poursuivrai mon programme de préparation et je m’entraînerai sérieusement pour la qualification aux JO de Tokyo 2020.
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