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Ossama Nabih : Ne vous inquiétez pas, la sélection égyptienne est sur la bonne voie

Amr Moheb, Mardi, 20 juin 2017

Ossama Nabih, entraîneur général de l’équipe nationale d’Egypte, explique les causes de la mauvaise performance des Pharaons face à la Tunisie aux éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations 2019 et aborde les préparations de l’équipe pour la qualification à la Coupe du monde.

Ossama Nabih
Ossama Nabih, entraîneur général de l’équipe nationale d’Egypte.

Al-Ahram Hebdo : Après votre bonne performance à la der­nière Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2017 au Gabon, votre premier match officiel aux éliminatoires de la CAN 2019 était décevant pour les fans de la sélection. Ne croyez-vous pas que ce soit inquiétant, surtout que vous êtes à presque 8 semaines de votre match très important contre l’Ouganda à Kampala ?

Ossama Nabih : Tout d’abord, je veux indi­quer que les matchs de qualification à la Coupe d’Afrique des nations sont complètement diffé­rents de ceux de la qualification pour la Coupe du monde. Ces derniers sont beaucoup plus importants et plus forts que ceux de la Coupe d’Afrique des nations. En plus, si notre équipe ne termine pas à la première place de son groupe aux éliminatoires de la CAN, elle a une deu­xième occasion d’arracher le billet de la qualifi­cation, car les 3 meilleurs deuxièmes des groupes seront qualifiés avec les premiers de chaque groupe. Mais à la qualification pour la Coupe du monde, si nous ne sommes pas premiers de notre groupe nous ne serons pas qualifiés pour le Mondial et nous devrons attendre quatre autres années pour les prochaines qualifications. Je pense que nos résultats aux éliminatoires de la Coupe du monde sont satisfaisants jusqu’à maintenant. Quant à notre défaite contre la Tunisie à la première journée des éliminatoires de la CAN 2019, il n’y a point d’équipe au monde qui gagne tous ses matchs, alors, ce n’est pas la fin du monde. L’équipe nationale de la Tunisie est une grande équipe, et perdre contre elle à Tunis avec un petit score de 1-0 n’est pas fatal.

— Oui, mais vous êtes finalistes de la der­nière Coupe d’Afrique des nations, 2e de l’Afrique après le Cameroun, et 20e du classe­ment de la FIFA, et la Tunisie est 41e…

— Ça arrive pour toutes les équipes du monde. Ce jour n’était point le nôtre. Mais comme je vous ai dit ce n’est pas la fin du monde, c’est notre tout premier match aux éliminatoires. Il nous reste encore 5 autres matchs : 2 matchs allers et retours contre le Niger et contre le Swaziland et un match retour contre la Tunisie en Egypte, les résultats de ces matchs peuvent tout changer.

— Le problème n’est pas le résultat du match mais la mauvaise performance de l’équipe face à la Tunisie. Les joueurs ont mal joué et étaient mal disposés sur le terrain. Ils n’ont pas développé leur style de jeu comparativement à celui de la dernière CAN 2017 au Gabon. L’équipe était totalement dominée par l’équipe tunisienne qui pouvait facilement doubler ou tripler le score ...

Je ne suis pas en train de me justifier, c’est une réalité. La réalité est que nous ne devons pas comparer l’équipe qui a participé à la Coupe d’Afrique des nations au Gabon, il y a 5 mois, à celle qui a joué le dernier match contre la Tunisie même si les joueurs sont les mêmes. Les joueurs égyptiens atteignent le top de leur niveau physique et technique entre les mois de décembre et de mai. Après le mois de mai, ils commencent à souf­frir de la fatigue après une longue saison. Devant la Tunisie, nos joueurs étaient trop fatigués car nous sommes à la fin de la saison. La plupart des joueurs de la sélection ont joué beau­coup de matchs au Championnat local et aux compétitions africaines inter­clubs. Les joueurs qui évoluent en Europe comme Mohamad Salah et Mohamad Al-Nenni sont en congé de fin de saison, et nous les avons appe­lés pour la sélection en plein congé. Lorsque ces joueurs étaient en forme physiquement et techni­quement au mois de janvier et de février durant la CAN, nous sommes allés très loin et au-delà même de nos objectifs et des estimations du peuple égyptien et nous étions à deux doigts du titre. Aujourd’hui, le public qui nous encoura­geait à la CAN est le même qui nous critique.

Le public ne critique pas seulement, mais il est aussi inquiet de la performance de l’équipe nationale et a peur que l’équipe ne se qualifie pas au Mondial, surtout qu’elle n’a joué que 2 matchs et il lui reste encore 4 matchs à jouer …

— w(Il interrompt la question). Le public égyptien est toujours inquiet. Il a toujours peur. C’est la culture de toujours être inquiet et d’avoir peur de tout. Il est inquiet et il a peur du sport, de la politique, de la situation écono­mique du pays, il a peur et il est inquiet de la hausse des prix. (Il sourit). Le public égyptien actuellement est inquiet tout le temps et de tout ce qui l’entoure. Car le public ne peut pas intervenir ou critiquer facilement les situations économique ou politique du pays, mais il se permet, par contre, de critiquer le sport et d’in­tervenir dans le sport, surtout dans le football. Il exprime son inquiétude et son incertitude soit en intervenant dans les programmes spor­tifs télévisés ou à travers Internet, sur Facebook et Twitter. Je ne critique pas le peuple égyptien, car il aime son pays. C’est une inquiétude et une peur par amour et non pas par manque de confiance. Tout ce que nous pouvons dire — nous, le staff technique de l’équipe nationale de football — au public et aux fans du football égyptien : Patientez un peu, l’année dernière, avant le tirage au sort de la phase de poule des éliminatoires zone Afrique de la Coupe du monde, vous parliez sans cesse de la classification de l’Egypte dans la 2e palette au lieu de la 1re et vous étiez inquiets et aviez peur que l’équipe ne soit éliminée des éliminatoires. Pourtant, elle a réalisé de bons résultats. De même, après avoir fait un match nul lors de notre premier match à la Coupe d’Afrique des nations, il y a quelques mois, vous étiez inquiets et vous aviez peur que nous ne soyons éliminés du premier tour, pourtant, nous nous sommes qualifiés pour la finale. Alors laissez-nous travailler et tourner la page de notre défaite contre la Tunisie. Avant de mettre un terme au sujet du match contre la Tunisie, les fans égyptiens avaient reproché au staff tech­nique d’avoir développé un style de jeu défen­sif contre la Tunisie. C’est normal de défendre pour garder l’espoir d’égaliser face à une équipe qui attaque et qui veut marquer plus de buts. Ne pas prendre d’autres buts est très important pour pouvoir revenir au score contre une équipe qui a marqué contre toi. C’est vrai que nous n’avons pas pu traduire les occasions que nous avions eues, surtout à la deuxième mi-temps, mais c’est le football, et nous ne pouvons pas nier que nous n’étions pas à notre vrai niveau. Les joueurs étaient fatigués, car nous sommes à la fin d’une longue saison. Après le match, nous avons parlé aux joueurs et nous leur avons demandé d’oublier cette défaite et de se concentrer sur les prochains matchs, surtout celui de l’Ouganda aux élimi­natoires de la Coupe du monde.

— Et comment allez-vous faire pour résoudre le problème de fatigue des joueurs ?

— Nous avons suffisamment de temps pour que les joueurs puissent récupérer. Nous allons travailler sur les aspects physique, technique et tactique sans oublier la préparation psycholo­gique et morale. Avec ces aspects et avec la bonne concentration nous avons réussi à être finalistes à la dernière CAN au moment où personne ne s’attendait à cette bonne perfor­mance des Pharaons. Nous sommes conscients de la grande responsabilité que nous avons sur les épaules, qui est de réaliser le grand rêve des Egyptiens de voir leur équipe se qualifier pour la Coupe du monde après de longues années d’absence. Tout ce que je peux dire aux Egyptiens : Ne vous inquiétez pas, la sélection égyptienne est sur la bonne voie.

— Autre point, pourquoi ne pas avoir sélectionné de bons joueurs qui se sont illus­trés au Championnat national et ne pas avoir aligné le grand gardien expérimenté Essam Al-Hadri face à la Tunisie bien qu’il ait gardé la cage des Pharaons à la CAN au Gabon et ait joué un rôle important dans la qualification des Pharaons en finale de l’épreuve ?

Ne vous inquiétez pas, la sélection égyptienne est sur la bonne voie
(Photo : AFP)

— Tout d’abord, le choix de sélectionner un joueur ou de ne pas le sélectionner est de la responsabilité du staff technique, car il sait exactement les besoins de l’équipe. Le choix des joueurs est fait par le staff technique, et plus précisément par le coach argentin Hector Cuper. Nous ne pouvons pas sélectionner tous les bons joueurs égyptiens, il y a une limite à ne pas dépasser. En outre, le fait qu’un joueur joue bien au championnat ne fait pas de lui un sélec­tionnable, car les joueurs sont sélectionnés par rapport aux besoins techniques et tactiques de l’équipe, et non pas par la bonne performance au championnat. Nous travaillons avec des joueurs que nous avons sélectionnés, il y a plus d’un an, avec des changements limités de deux ou trois joueurs pas plus. Le fait que Bassem Morsi, Hossam Ghali ou n’importe quel autre joueur ne soient pas sélectionnés en ce moment ne veut pas dire qu’ils ne le seront jamais. Nous n’avons pas besoin de ces joueurs en ce moment, mais peut-être plus tard nous aurons besoin d’eux, et ce, selon les besoins de l’équipe. Pas seulement ces joueurs, nous cherchons aussi des remplaçants de peur des blessures ou de baisse de niveau de certains titulaires. Mais nous ne devons pas le dire et le déclarer aux médias, car c’est une affaire technique propre au staff tech­nique de l’équipe nationale, c’est purement notre travail. Quant au fait que Essam Al-Hadari n’a pas joué contre la Tunisie, nous avons trois gardiens de but de bonne qualité : Chérif Ekrami, Ahmad Al-Chennawi et Essam Al-Hadari. Seul le staff technique peut décider qui va jouer et qui va rester sur le banc de touche, car il sait lequel des trois gardiens est prêt physiquement et psychologiquement. Le seul critère de choix de tous les joueurs et non pas seulement des gardiens est le niveau au moment du match et il n’y a pas d’autre critère personnel. Nous voulons sans doute gagner et choisir les joueurs qui sont à même de gagner le match sans le moindre autre rapport personnel.

— Finalement, avec l’état actuel de l’équipe, êtes-vous optimiste quant à la qualification de l’Egypte en Coupe du monde de Russie 2018 ?

— Oui, je suis très optimiste et le public égyptien doit être optimiste lui aussi. Je sais que ça ne sera pas facile et la qualification ne sera pas donnée, il faut l’arracher. Mais les joueurs de l’équipe sont capables de le faire. Les joueurs et le staff technique de l’équipe sont bien concentrés sur l’objectif qui est de se qualifier tout d’abord à la Coupe du monde pour réaliser le grand rêve des Egyptiens. Le deuxième objectif, plus facile, consiste à se qua­lifier pour la prochaine CAN au Cameroun 2019. Comme nous avons déjà réussi à donner la joie au peuple égyptien avec notre performance à la dernière Coupe d’Afrique des nations, nous allons déployer tous nos efforts et nous ferons de notre mieux afin que nous puissions voir les Egyptiens heu­reux avec notre qualification en Coupe du monde après 28 ans d’absence.

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