
La lutte égyptienne est en recul depuis quelques années. Photo : Site de la Fédération marocaine)
Malgré l’absence des 4 stars de la sélection, naturalisées en Bulgarie et aux Etats-Unis, la sélection de lutte s’est distinguée aux Championnats d’Afrique qui se sont achevés au Maroc la semaine dernière. La sélection a réalisé une moisson très satisfaisante avec un total de 11 médailles dont 8 d’or, 2 d’argent et 4 de bronze. Cinq médailles d’or ont été raflées en lutte gréco-romaine, et 3 en lutte libre. Avec ces médailles, l’Egypte a pu surclasser les autres sélections africaines. « Dans ce rendez-vous africain, l’Egypte a conservé sa place de championne d’Afrique. Mais cela ne veut pas dire que la mission des lutteurs égyptiens a été facile, car la compétition était très forte face aux sélections marocaine, algérienne, tunisienne et sud-africaine », assure Hossam Abdel-Latif, directeur technique de la sélection de lutte. En fait, il s’agit du premier tournoi disputé par la sélection de lutte depuis les JO de Rio, où elle avait démontré un très faible niveau et a échoué à rééditer l’exploit du champion olympique Karam Gaber, médaillé deux fois aux JO. La première était une médaille d’or aux JO de 2004, et la deuxième une médaille de bronze aux JO de Londres 2012. A la surprise générale, le seul premier exploit aux JO de Rio 2016 a été réalisé par la sélection féminine grâce à la lutteuse Inès Khorched qui a fait une première dans l’histoire de la lutte féminine en se classant 5e.
Bien qu’il s’agisse d’un bon début de saison, la lutte égyptienne n’est toujours pas à la hauteur des espoirs. Cette discipline, qui a offert à l’Egypte plusieurs médailles olympiques et internationales, souffre actuellement d’un recul qui ne lui permet pas de s’imposer au niveau international. En fait, la plupart des médailles olympiques égyptiennes proviennent de cette discipline, car parmi les 23 médailles olympiques obtenues par l’Egypte tout au long de son histoire, 7 ont été obtenues en lutte. « Au début des années 2000 et pendant dix ans, la lutte était l'une des disciplines les plus primées en Egypte. A l’époque, la sélection visait plus haut que les Championnats d’Afrique qui étaient toujours à sa portée. Mais à cause de la préparation très médiocre et le système d’entraînement très faible, nos ambitions s’arrêtent au niveau africain », explique le lutteur gréco-romain Ahmad Saad, (98 kg), médaillé d’or aux Championnats d’Afrique au Maroc. Il ajoute que cette situation est due aux conflits internes au sein de la Fédération égyptienne de lutte.
Conflits internes
En fait, depuis 2015, la discipline témoigne d’un vrai recul à cause des conflits internes entre le président de la fédération et certains membres du conseil d’administration. Ces derniers réclamaient la tenue d’élections pour choisir un nouveau président de la fédération car le président actuel, Hassan Haddad, est incapable d’assumer ses fonctions à cause de sa maladie. Les conflits ont pris une grande ampleur car les membres du conseil d’administration se sont divisés en deux camps, le premier a pris le côté de Hassan Haddad, et le deuxième était pour la tenue des élections. Ce dernier camp a intenté un procès devant le tribunal administratif, et il a obtenu un verdict qui autorise la tenue des élections. Mais le ministre du Sport n’a jusqu’à maintenant pris aucune mesure. « Ces conflits ont affecté en profondeur le niveau de la sélection et leur état d’âme, sans compter que de nombreux tournois et camps ont été annulés à cause de l’absence de stratégies. Cela était clair aux JO de Rio où les 8 lutteurs ont affiché un très mauvais niveau, et ils ont été tous éliminés dès les tours préliminaires », assure Abdel-Latif. En outre, la naturalisation des 4 lutteurs de la sélection montre la mauvaise situation au sein de la fédération. Une situation qui a poussé ces lutteurs à chercher à jouer sous les couleurs d’un autre pays vu qu’ils n’ont pas trouvé l’attention qu’ils méritent. Ces lutteurs sont Tareq Abdel-Salam, un des lutteurs talentueux de la sélection nationale et médaillé à plusieurs reprises au niveau africain et international, Haytham Fahmi, Iyad Ibrahim et Hamdi Abdel-Wahab. « La lutte égyptienne a perdu ses lutteurs très talentueux qui auraient pu prendre la relève après Karam Gaber, s’ils jouissaient de l’attention de leur fédération. Par exemple, le lutteur gréco-romain Tareq Abdel-Salam s’est classé 3e aux Mondiaux juniors. Il pourrait offrir à l’Egypte des médailles internationales et olympiques. Mais ce sont toujours les athlètes qui payent le prix des conflits et de la négligence », conclut le lutteur Diaeddine Gouda, (125 kg), médaillé d’or en lutte libre aux Championnats d’Afrique du Maroc.
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