Après son succès aux JO de Rio, Inès Khorched cherche un titre mondial. (Photo : Reuters)
Face à l’arrêt des activités sportives, stages et tournois compris, la lutteuse Inès Khorched, 28 ans, a décidé de ne pas rester passive. Surmotivée par son exploit aux JO de Rio 2016, où pour la première fois dans l’histoire de la lutte libre féminine une athlète égyptienne a atteint les demi-finales, elle a cherché un club qui lui permet de continuer son entraînement. L’exploit de cette lutteuse a attiré l’attention sur la lutte féminine qui n’avait jusqu’à présent réalisé aucune bonne performance en Egypte. Inès est ainsi le premier espoir de la lutte égyptienne, mais aussi un exemple pour toute la génération à venir.
La force mentale
La première participation féminine de la discipline aux JO remonte aux JO de Pékin 2008, où les lutteuses égyptiennes avaient été éliminées des tours préliminaires. Malgré ses mauvais débuts, Inès Khorched, ayant une volonté de fer, a décidé de ne pas céder. « Jusqu’à présent, tout est suspendu. La fédération, qui organisait au début de chaque année, un regroupement pour se préparer aux tournois importants de la saison, laisse traîner les choses et rien ne se passe. Face à cet immobilisme, je me suis dirigée vers le club de l’Institution militaire d’Alexandrie, où j’habite, pour m’entraîner », explique Inès, en ajoutant que les clubs des institutions militaires sont devenus le salut de tous les athlètes, qui cherchent à tout prix à poursuivre leur parcours. Inès est passionnée de lutte et quelles que soient les conséquences, elle a refusé d’arrêter le jeu comme l’ont fait la plupart des lutteuses autour d’elle à cause de la rigidité de l’entraînement. « Pour percer dans cette discipline, il faut beaucoup de courage car les entraînements sont très rudes. Depuis que j’ai commencé la lutte à l’âge de 16 ans, je m’assume totalement dans ce sport, qui exige non seulement une puissance physique et musculaire, mais aussi une volonté de fer », confie Inès.
L’option des sponsors
Depuis qu’elle s’est engagée à s’entraîner avec le club de l’Institution militaire, Inès suit son entraînement à la lettre. Elle s’entraîne au rythme de deux séances par jour. Chaque séance comporte deux heures d’entraînement. « Malgré ça, ce qui me manque c’est un vrai sponsor capable de me financer deux ou trois stages à l’étranger pour me préparer au tournoi majeur de la saison, à savoir les Championnats du monde prévus en octobre prochain. Ce qui a fait la différence à Rio a été la bonne préparation que nous avions eue. J’avais effectué trois stages à l’étranger avant Rio. Durant ces stages, j’ai eu la chance de m’entraîner et de jouer avec les sélections vénézuéliennes et brésiliennes qui ont un très bon niveau », affirme-t-elle. Selon cette lutteuse, le grand défi de la saison reste sans le moindre doute les Championnats du monde, un tournoi où la concurrence est très dure face aux grandes nations de la discipline. Inès travaille dans le but de remporter un titre mondial et d’améliorer son niveau. « La lutte est un sport où la forme physique est indispensable. Mon nouvel entraîneur à l’Institution militaire, Mahmoud Al-Wécheihi, m’aide à développer mes capacités physiques et à augmenter ma force et ma souplesse », assure-t-elle.
Le combat d’une vie
Douée et déjà en très bonne forme, Inès a tous les atouts pour devenir une star. A l’âge de 18 ans, elle a commencé sa carrière senior. Dès lors, elle enchaîne les compétitions et additionne les médailles aux niveaux africain et international. Entre 2009 et 2013, elle a été sacrée championne d’Afrique 5 fois. En 2009, elle a été classée 5e aux Mondiaux juniors. En 2013, elle a réalisé son premier exploit international en raflant une médaille de bronze aux Mondiaux d’Azerbaïdjan. Et en 2015, elle a remporté une médaille de bronze au Championnat international d’Autriche. « Je suis la première lutteuse égyptienne à avoir obtenu tous ces titres. Mais ce succès n’est pas venu tout seul. J’ai non seulement travaillé durement, mais j’ai aussi rejeté et nié toutes les critiques qui entourent la pratique féminine de ce sport, considéré comme un sport de combat masculin. J’avais une âme de fer qui m’a aidée à mettre de côté tous ces préjugés », affirme Inès.
Malgré une saison annoncée difficile, Inès affirme vouloir continuer son combat de lutteuse. « Une saison sans tournois et sans stages dans la vie d’un athlète est une saison perdue. Je travaille dès maintenant et je n’arrêterai pas, avec ou sans l’attention des responsables. J’ai plusieurs enjeux pour lesquels je dois m’entraîner, et le plus important sont les Jeux olympiques de Tokyo 2020 », conclut-elle.
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