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Cuper, toujours à deux doigts de la coupe

Mohamed Mosselhi, Mardi, 07 février 2017

L’Egypte a raté la dernière marche lors de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), en perdant la finale contre le Cameroun. Malgré la déception, les Egyptiens devraient être fiers de leur équipe nationale sous les commandes d'Hector Cuper. Retour sur les qualités de cet entraîneur talentueux.

Cuper, toujours à deux doigts de la coupe
(Photo : Reuters)

Qualifier l’Egypte pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) après sept ans d’absence était déjà un grand succès. Mais atteindre la finale de la compétition continentale avec une telle équipe a été un exploit. L’Argentin Hector Cuper, directeur technique de la sélection nationale, est le principal artisan de la perfor­mance des Pharaons lors de la CAN, bien qu’ils aient raté la marche finale contre le Cameroun. « J’ai bon espoir que la chance sera avec nous dans cette finale, même si à vrai dire je ne suis généralement pas très chanceux en finale. Notre objectif est de battre le Cameroun », avait décla­ré Cuper avant la finale. Mais il apparaît que cette crainte des ren­contres finales de Cuper est plus forte que son talent d’entraîneur. « Je présente mes excuses aux Egyptiens. Il semble que mon sort soit de perdre une autre finale », a déclaré l’Argentin après le match.

Le sélectionneur argentin a réussi à atteindre trois finales continentales au niveau de clubs, mais n’a jamais réussi à être couronné champion. La première date de 1999, quand il a hissé la modeste formation espa­gnole de Real de Majorque jusqu’à la finale de la Coupe d’Europe des vainqueurs des coupes. Mais le rêve de Cuper est alors devenu un cau­chemar face à La Lazio qui a rem­porté la rencontre 2 à 1. L’année suivante, il a guidé l’équipe de classe moyenne de Valence en finale de la Ligue des champions d’Europe, compétition la plus prestigieuse en Europe au niveau des clubs. Cette fois, l’aventure s’est arrêtée dans un face-à-face avec la célèbre formation du Real Madrid qui a remporté le titre avec un score de 3-0.

Cette même équipe, toujours sous le commandement de l’Argentin, atteint une seconde fois la finale en 2001, mais rencontre là encore la défaite, face au Bayern Munich qui a remporté le match sur penalties. Malgré les déceptions de ces défaites, atteindre la finale de ces grandes compétitions avec une équipe comme Valence est un grand exploit et il est théoriquement impensable qu’elle puisse ensuite se mesurer au Real Madrid ou au Bayern Munich. Après 15 ans, Cuper s’est dirigé vers le Sud pour tenter sa chance sur un autre continent. Il a confirmé ses grandes capacités d’en­traîneur amenant l’Egypte à se sélec­tionner à la CAN, après une longue période d’absence. Comme si ce succès n’était pas suffisant, l’Egypte est également en bonne route pour les qualifications du Mondial 2018 et se place actuellement en tête du groupe. Absente de la CAN pendant sept ans, l’Egypte n’était pas vrai­ment favorite pour cette compétition.

La défense avant le spectacle

Réaliste et excellent en ce qui concerne l’utilisation des outils qu’il a à sa disposition, Cuper, sans véri­table star mis à part Mohamad Salah, a montré qu’il avait plus d’un tour dans son sac lors de cette CAN. Sous sa houlette, un nouveau « Trézeguet » s’est dévoilé. L’ancien milieu d’Ahli a réalisé une CAN exception­nelle, que ce soit au niveau de l’attaque ou en défense. Le duo de la défense, Ahmad Hégazi et Ali Gabr, a présenté une image complètement différente de ce que chacun affiche avec son équipe en championnat égyptien. Tout comme Ahmad Fathi qui a évolué à trois postes différents tout au long de la CAN.

Critiquée pour son jeu défensif et réservé, la sélection égyp­tienne ne garantissait pas de grand spectacle, mais elle s’est montrée difficile à manoeuvrer pour ses adversaires. Cuper fait partie de cette école d’entraî­neurs réalistes qui préfèrent la défense. Ils sont nombreux à par­tager ces appréciations de jeu, avec à leur tête le « Special One », José Mourinho, entraî­neur de Manchester United, Diego Simeone, entraîneur d’At­letico de Madrid et celui de Chelsea, Antonio Conte. « Pour ceux qui cherchent le spectacle, je conseille d’aller au cirque », répondait Massimiliano Allegri, directeur technique de la forma­tion italienne de la Juventus, à tous ceux qui ont critiqué la per­formance de son équipe. « La défense est aussi importante que l’attaque. Pour remporter une rencontre, il faut commencer par éviter d’encaisser des buts », explique le directeur technique des Pharaons.

La tactique de l’entraîneur argentin a coupé court à toutes ces critiques, et les résultats sont là, malgré les nombreuses difficultés qu’ont affrontées les Pharaons tout au long du parcours. D’abord avec la blessure du gardien titu­laire, Ahmad Al-Chénnawi, lors du match d’ouverture du groupe contre le Mali, (même si l’inoxy­dable Essam Al-Hadari s’est mon­tré à la hauteur). Contre l’Ougan­da, une blessure à la cheville a mis fin à l’aventure du latéral gauche, Mohamad Abdel-Chafi, dans la compétition, puis ce fut le tour de l’attaquant Marawan Mohsen, avec une déchirure aux ligaments croisés du genou, lors de la ren­contre avec le Ghana.

De même, deux joueurs atteints de problème musculaire ont dû s’absenter : le milieu d’Arsenal, Mohamad Al-Nenni, a ainsi raté les quarts et les demi-finales et l’attaquant Ahmad Hassan dit « Koiuka » n’a pas pu jouer la demi-finale et la finale. Quant à Mahmoud Abdel-Moneim « Kahraba », une suspension automatique l’a empêché de partici­per à la finale, forçant Cuper à com­poser sans véritable attaquant pour ce dernier match. « Avec un entraî­neur autre que Cuper, cette équipe affaiblie par cette série de blessures aurait quitté la compétition dès le premier tour », déclare Waël Gomaa, fabuleux défenseur égyptien.

De la discipline et de l’exigence

En place depuis mars 2015, Cuper n’a pas été choisi par hasard pour diriger la sélection égyptienne. Elu meilleur entraîneur de la Liga espa­gnole en 1999, l’entraîneur argentin a toujours basé son travail sur deux principes : la discipline et la rigueur. Il n’y a pas de place pour des joueurs indisciplinés dans le groupe de Cuper. Hossam Ghali, capitaine d’Ahli et de la sélection, est le pre­mier à en avoir fait l’expérience. Connu pour sa forte personnalité, Ghali n’a pas respecté les instruc­tions techniques de son entraîneur lors de la rencontre contre le Nigeria en juin dernier, avant d’entrer dans une querelle verbale avec son adjoint Ossama Nabih. En conséquence, le capitaine d’Ahli a été écarté de la sélection. Malgré la pression des médias et l’intervention de plusieurs membres de la Fédération égyp­tienne de football, présidée par Hani Abou-Reida, pour que Ghali retrouve sa place auprès des Pharaons, Cuper n’a pas cédé.

Bassem Morsi a lui aussi affronté la fermeté de Cuper. Selon les avis de la majorité des observateurs du football égyptien, l’attaquant de Zamalek est le meilleur attaquant en Egypte, mais à la surprise générale, il n’a pas été convoqué pour la CAN. Selon des sources au sein du cadre technique de la sélection, l’attaquant de Zamalek aurait perdu sa place en raison de son comportement antis­portif lors du match contre le Ghana en novembre dernier, qui comptait pour les qualifications du Mondial 2018. Remplacé à la pause, Morsi avait exprimé sa colère et refusé de prendre place en touche aux côtés des remplaçants à la deuxième mi-temps. Résultat, il a raté la CAN. Cette leçon n’a pas été suffisante et le talentueux milieu de Stoke City (D1, Ang), Ramadan Sobhi, a lui aussi exprimé son mécontentement suite à son remplacement contre l’Ouganda lors de cette CAN. Après qu’il eut tiré du pied une bouteille d’eau en sortant du terrain, Cuper a indiqué son intention de renvoyer le joueur en Egypte. Mais l’interven­tion de plusieurs grands joueurs de la sélection a convaincu Cuper de reve­nir sur sa décision et il s’est contenté d’écarter le jeune joueur lors de deux rencontres.

Le travail de l’Argentin a sans aucun doute porté ses fruits à tous les niveaux, même si les Pharaons n’ont finalement pas remporté le titre continental. Cuper a réussi à construire une équipe qui assure un bon avenir au football égyptien et qui est capable de se qualifier à la prochaine Coupe du monde, véri­table objectif des Pharaons.

FOCUS

Nom : Hector Raul Cuper

Nationalité : Argentin

Age : 61 ans

Carrière d’entraîneur :

1993-1995 : Huracan (Arg)

1995-1997 : Lanus (Arg)

1997-1999 : Real de Majorque (Esp)

1999-2001 : Valence (Esp)

2001-2003 : Inter Milan

2004-2006 : Real de Majorque (Esp)

2007 : Real de Betis (Esp)

2008 : Parme (Ita)

2009 : Géorgie

2009-2011 : Aris Thessaloniki

2011 : Racing de Santander (Esp)

2011-2013 : Orduspor (Tur)

2014 : Al-Wasl (UAE)

Mars 2015 : Egypte

Palmarès :

Supercoupe d’Espagne avec Real de Majorque en 1998.

Supercoupe d’Espagne avec Valence en 1999.

Finaliste de la Coupe d’Europe des vain­queurs de coupes en 1999.

Finaliste de la Ligue des champions d’Eu­rope avec Valence 2000 et 2001.

Finaliste de la CAN 2017.

Distinctions :

Meilleur entraîneur en Espagne en 1999.

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