Khaled Abdel-Aziz, ministre égyptien de la Jeunesse et du Sport.
AL-AHRAM HEBDO : A quelques trois cent jours du début des Jeux Olympiques (JO) Rio 2016, où en sont les préparatifs des différents sports égyptiens ?
Khaled Abdel-Aziz : Nous sommes sur la bonne voie et je suis optimiste, car la plupart de nos athlètes, qualifiés pour ces jeux de Rio, ont des chances de remporter des médailles. Je rappelle à cet égard que plusieurs d’entre eux se sont qualifiés en étant champions d’Afrique, où à travers leurs performances aux derniers championnats du monde. Certains de nos qualifiés ne sont pas seulement les meilleurs sur le plan continental, ils font également partie des meilleurs compétiteurs mondiaux. A titre d’exemple, lors des derniers Championnats du monde de natation en Russie à Kazan, Ahmad Akram a terminé à la 4e place en 1 500 m nage libre et Farida Osmane 5e sur 50 m papillon. En outre, Azmi Meheilba s’est qualifié pour les JO après avoir obtenu la médaille de bronze de la discipline skeet hommes. Chaïmaa Hachad a, en outre, remporté la deuxième place en pistolet, à 10 m air comprimé femmes aux derniers Championnats du monde.
— Le ministère comptait auparavant sur le Projet du champion olympique pour soutenir les athlètes prometteurs. Mais ce projet national a été remplacé par le projet de la Distinction olympique ... qui ne fonctionne pas. Et vous venez de nommer Achraf Sobhi comme président de ce projet. Qu’en est-il au juste ?
— Effectivement, Achraf Sobhi vient d’être nommé à ce poste. L’objectif à travers ce projet est de former des champions olympiques, et le travail commencera désormais à partir des jeunes catégories. D’ailleurs, dans ce contexte, nous sommes en phase de construction d’un complexe à la ville du 6 Octobre. Les travaux devraient se terminer fin avril 2016. Ce complexe comprend 8 terrains de football, des salles d’activités sportives, une piscine olympique, un bâtiment administratif, des surfaces vertes et des espaces aménagés pour les enfants. Entre-temps, nous continuons de travailler directement avec les fédérations sportives. Pour sa part, le Comité olympique égyptien a déjà pris en charge 17 athlètes, représentant plusieurs disciplines ayant des chances de remporter une médaille. Il y a également les équipes de football et handball qui possèdent un bon niveau et peuvent s’illustrer. Nous entourons ces sportifs de la meilleure aide possible. Notre objectif pour Rio de Janeiro est que nous fassions en sorte que la délégation égyptienne soit la plus importante possible, mais en étant composée d’éléments ayant des chances d’être à la hauteur de nos espérances.
— Les athlètes ayant remporté des distinctions se plaignaient que les primes des médailles n’étaient pas assez conséquentes, aussi bien pour les Jeux olympiques que pour les Championnats d’Afrique. Qu’en pensez-vous ?
— Nous avons déjà pris la décision de remédier à cette lacune, puisque les primes offertes aux athlètes médaillés ont été augmentées de 30 %. Cette décision touchera aussi les médaillés des derniers Jeux africains, tenus au Congo. L’autre mesure importante est que nous mettrons de côté l’ancien barème pour les athlètes, ayant remporté plus d’une médaille. Désormais, l’athlète percevra la totalité de la prime aussi bien sur la première médaille que sur la seconde, troisième, quatrième etc. Les plus méritants ne doivent plus être pénalisés par ces économies de bout de chandelle. Ainsi, la nageuse Farida Osman a remporté aux Jeux africains 5 médailles d’Or et le ministère lui a versé le montant complet de 5 primes équivalentes à ses médailles d’or. Et ce n’est pas tout, car le ministère finance également les constructions d’infrastructures sportives pour les clubs qui ont des champions. De cette manière, nous faisons d’une pierre deux coups puisque les clubs encadrent mieux leurs athlètes, espérant en contrepartie un retour d’investissement. Certes, les grosses pointures comme Ahli et Zamalek prennent la part du lion, vu leur important contingent d’athlètes médaillés, mais les autres clubs ne désespèrent pas pour autant. Il faut souligner que cette pratique a amélioré les conditions d’entraînement de nos athlètes et que le ministère ne verse pas d’argent liquide aux clubs, mais prend en charge les travaux d’infrastructures. Sur un autre plan, nous ne prenons pas en considération le fait que les infrastructures d’un club soient meilleures que celles d’un autre et que l’on n’applique pas ce principe. Si la majorité des athlètes, représentant l’Egypte, vient du club Ahli par exemple qui prend tout en charge (soins médicaux, salaires, alimentation, etc.), nous ne pouvons pas refuser à ce club la réfection d’un stade, au prétexte qu’il est déjà de meilleure qualité que celui d’un autre club. S’il a un droit, il n’en sera pas privé, et ce, pour des considérations d’équité par rapport aux règles que nous avons établies nousmêmes.
— Passons à un autre volet. Quand on parle de champions nationaux, on ne peut pas oublier Karam Gaber, vice-champion olympique 2012 et champion olympique 2004 en lutte grécoromaine. Il a été suspendu dernièrement pour deux ans par la Fédération internationale de lutte, qu’en est-il au juste ?
— C’est une triste affaire et c’est dommage pour le sport égyptien qui ne pourra pas compter sur un élément qui partait favori. Il faut signaler que Karam n’a pas été contrôlé positif au test antidopage. Lorsque le comité de dopage est venu pour prélever sur lui un échantillon, on ne savait pas où il se trouvait exactement et il était injoignable. Le comité est passé à deux reprises, en vain. A sa 3e tentative, il a enfin pu le joindre pour effectuer le test qui s’est avéré négatif. Cela ne l'a pas empêché de le sanctionner. Autre chose, le ministère n’a pas abandonné Karam, nous avons désigné un grand avocat tunisien pour s’occuper de cette affaire et interjeter appel de cette sanction qu’on voudrait voir lever, afin qu’il puisse participer aux JO 2016.
— Comment soutenez-vous les fédérations pour qu’elles préparent leurs athlètes aux Jeux olympiques ?
— Le ministère a distribué aux fédérations l’aide qui lui est parvenue du Comité olympique et qui est de l’ordre de 300 millions pour deux ans. Les subventions ont été versées à temps, pour ne pas retarder les préparatifs. Nous avons respecté tous nos engagements avec toutes les fédérations, sans exception.
— Parlons un peu de football. D’aucuns reprochent au ministère de la Jeunesse et du Sport de ne pas intervenir pour résoudre les problèmes entre les directions de Zamalek et de Ahli et qui touchent maintenant les supporters à travers médias interposés …
— Ce que l’on ignore peut-être, c’est que je suis personnellement en contact, presque quotidien, avec les administrations des deux clubs en suivant de près l’évolution de la situation. Je suis également prêt à organiser une rencontre avec les représentants des deux clubs s’ils le désirent. En réalité, l’action du ministère respecte la réglementation en vigueur et tient à ce que les relations entre les différents clubs et fédérations s’apaisent et respectent les valeurs fondamentales de l’olympisme. Notre rôle premier n’est-il pas de permettre aux sports égyptiens d’être au diapason continental et de se frayer une place permanente dans le gotha mondial ?
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