Depuis l’avènement des Frères musulmans à la tête du pouvoir politique en Egypte, l’une des questions qui revient sans cesse du côté de la gent féminine est de savoir si les filles vont pouvoir continuer à participer aux différentes compétitions sportives féminines, notamment au football.
Rappelons que le football féminin a vu le jour en 1991 sous l’impulsion, de Sahar Al-Hawari qui est actuellement membre du conseil d’administration de la Fédération Egyptienne de Football (FEF). Rappelons également que depuis sa naissance, et contrairement au handball, basketball et volleyball, le football a connu des moments difficiles, particulièrement avec les hommes de religion. Dans les années 1990, le problème de l’existence de cette discipline a donné lieu à une multitude de débats, ce qui a poussé la plus grande institution du monde de l’islam sunnite, Al-Azhar, à intervenir et à autoriser la pratique du football par les filles.
Depuis cette date, le football féminin a commencé à se développer tant bien que mal puisqu’il fut confronté à d’autres problèmes. Le principal obstacle était en réalité d’ordre budgétaire. Le football féminin ne trouvait pas de sources de financement et il fallut l’intervention énergique de la FIFA pour que les demoiselles égyptiennes puissent continuer à pratiquer leur sport favori.
En effet, l’instance internationale protégea cette discipline au monde en consacrant 15 % de son assistance financière aux fédérations de football pour les footballeuses. La FIFA menaça de bloquer 15 % de son assistance financière si ces fonds n’arrivaient pas à leurs véritables destinataires. Elle avait agi de la sorte avec toutes les fédérations pour développer le football féminin. Ainsi, une aide de 37 500 dollars américains est destinée au développement de la balle ronde féminine sur les 250 000 dollars que verse annuellement la FIFA à l’Egypte. A cette assistance de l’instance internationale, il faut également souligner que depuis l’arrivée des Frères musulmans au pouvoir en Egypte, le football féminin connaît une période encore plus faste puisque le nombre de clubs féminins est en hausse constante.
Dans ce contexte, Omar Abdallah, membre du comité du foot féminin auprès de la FEF et ancien manager de l’équipe de football féminin de Masr Al-Maqassa, précise : « Certains gens répètent àtort que les Frères musulmans sont contre la pratique du sport par les filles et plus particulièrement le football. D’ailleurs, ces derniers sont en train d’agir pour modifier cette image négative ».
Le nombre de clubs féminins en hausse
En réalité, depuis l’avènement des Frères musulmans, le nombre de clubs de football féminin a augmenté et il y a de plus en plus d’académies et d’écoles privées pour les filles désirant apprendre à jouer au football, ce qui n’était pas le cas avant la révolution de 25 janvier.
Désormais, 13 équipes évoluent en 2 groupes en Championnat national. L’Egypte compte également sur une sélection senior, mais surtout sur une sélection cadette pour les moins de 17 ans. Le foot féminin en Egypte vit donc sa meilleure période.
En outre et au moment où le Championnat national masculin connaît une longue interruption consécutive aux regrettables événements de Port-Saïd du 1er février 2011, le Championnat de football féminin se joue régulièrement et sans problèmes.
De plus en plus de supporters, majoritairement des femmes, viennent assister aux matchs. Les footballeuses commencent à attirer l’attention. Des joueuses comme Ingi Atteya, Fayza Hayder, Hayam Oucha ou la jeune Mahira Ahmad Ali commencent à avoir des admirateurs qui leur demandent de prendre des photos avec elles et des autographes.
« C’est un vrai plaisir pour nous que de trouver les tribunes des stades àmoitiépleines lors des matchs et les supporters nous soutiennent comme ils le font avec les garçons. Cela a un impact positif sur le développement du football féminin et pousse les filles àdonner le meilleur d’elles-mêmes », explique Ingi Atteya, capitaine de l’équipe nationale égyptienne et du club Wadi Degla, champion national en titre.
Des écoles privées
Le foot féminin devient de plus en plus à la mode et davantage de fillettes commencent à le pratiquer dans les clubs. L’Egypte compte aujourd’hui 6 écoles privées de football féminin parrainées par de grands clubs comme Wadi Degla et Al-Rehab. De son côté, la FEF a demandé à la FIFA de programmer de nouveaux cours de formation pour les entraîneurs de football féminin et plus précisément pour les femmes entraîneurs chargées du football de base.
Il faut souligner que la FEF ne s’est pas limitée à mettre sur pied une sélection pour les moins de 17 ans. Elle oeuvre à l’entourer de la meilleure sollicitude avec des conditions de travail optimum, et ce, afin que cette jeune sélection aille le plus loin possible lors des éliminatoires de la CAN et pourquoi pas la booster pour qu’elle se qualifie pour la Coupe du monde de la catégorie qui se déroulera au Costa Rica en 2014.
Dans cet ordre d’idées, Marwa Al-Hawaat, entraîneur adjointe de l’équipe nationale de moins de 17 ans et ancienne capitaine de l’équipe nationale d’Egypte souligne :
« Cette équipe possède tous les atouts pour s’imposer sur le plan continental. Nous avons une génération de jeunes joueuses possédant de bonnes qualités sur les plans technique et physique. Elle constitue l’avenir du football féminin en Egypte. C’est une génération de joueuses capable d’attirer les feux de la rampe sur le football féminin égyptien après tant d’années d’anonymat » .
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