
Blatter salue les membres de l'Assemblée générale lors du congrès de la FIFA. (Photo : Reuters)
C’était l’événement le plus suivi le week-end dernier sur la planète. Les élections de la Fédération Internationale de Football (FIFA) se sont déroulées vendredi dernier dans une ambiance très tendue, et Joseph Blatter, 79 ans, a été reconduit pour un cinquième mandat à la présidence. Le directeur suisse, président depuis 1998, n’a pas pu trancher le vote dès le premier tour n’ayant acquis que 133 voix, qui ne constituent pas la majorité des deux tiers selon le règlement de la FIFA, contre 73 voix pour le prince jordanien, Ali Bin Al-Hussein. Mais ce dernier a déclaré forfait avant le deuxième tour vu le grand écart qui sépare les deux blocs électoraux. La victoire de Blatter n’a pas été saluée dans les médias, notamment occidentaux, puisqu’elle est arrivée au lendemain d’un scandale de corruption qui a vivement secoué la plus grande instance internationale du monde du foot. A la veille des élections, plusieurs hauts responsables au sein de la FIFA ont été arrêtés sur fond d’accusations de corruption de la part du département de la justice américaine. Les charges comprennent des faits qui s’étalent sur plusieurs années, et certains accusés ont même plaidé coupables dans le plus grand scandale de l’instance internationale. Plusieurs chefs de fédérations et hauts responsables, avec à leur tête le président de l’UEFA, Michel Platini, ont demandé à Blatter de se retirer. Ils ont réclamé une réforme totale au sein de la FIFA. «
Je lui ai demandé de démissionner, de partir de la FIFA. Je lui ai dit qu’il devait avoir l’honnêteté de voir que ça n’allait pas bien et que je pensais que ça aurait été bien pour son image et pour la situation qu’il nous quitte »
, avait dit l’ancienne gloire de France. Mais Blatter est resté défiant, déniant toute responsabilité des actes de certains individus, et grâce à de larges et solides relations qu’il a bâties depuis son entrée à la FIFA en 1975, il s’est imposé lors des élections.
Le lendemain lors d’un entretien à la télévision suisse RTS, Blatter a lancé une contre-offensive contre ceux qui l’avaient critiqué. « Je pardonne à tout le monde, mais je n’oublie pas. Il faudra continuer avec Platini et l’UEFA. Nous ne pouvons pas vivre sans l’UEFA et l’UEFA ne peut pas vivre sans nous », a-t-il dit. Il a aussi riposté contre l’administration des Etats-Unis et ses enquêtes. « Il y a des signes qui ne trompent pas : les Américains étaient candidats à la Coupe du monde de 2022 et ils ont perdu (...). Si les Américains ont à faire avec des délits d’argent ou de droit commun qui concernent des citoyens nord ou sud-américains, qu’ils les arrêtent là-bas, mais pas à Zurich alors qu’il y a un congrès. N’oublions pas qu’ils (les Etats-Unis) sont le sponsor numéro un du Royaume hachémite, donc de mon adversaire (le prince jordanien Ali Bin Al-Hussein) », a-t-il lancé. Mais lors du congrès de la FIFA, il a adouci le ton et a dit qu’il était le président de tous les membres, même ceux qui n’ont pas voté pour lui. Il a aussi appelé à l’unité et la solidarité pour avancer. De même qu’il a apaisé les craintes européennes du changement de la répartition des sièges, lors des prochaines éditions du Mondial, après avoir annoncé le maintien de l’actuel nombre de 32 participants avec le même quota par continent (Ndlr : Europe 13, Afrique 5, Asie 4,5, Amérique du Sud 4,5, Amérique du Nord et Amérique Centrale 3,5, Océanie 0,5, pays hôte). Mais cela n’a pas été une réconciliation et le feuilleton est loin d’être terminé. Le ministère américain de la Justice a annoncé que d’autres enquêtes étaient encore en cours et que d’autres arrestations seraient effectuées. Les autorités suisses, elles aussi, mènent actuellement une enquête sur fond de corruption concernant les votes pour les Mondiaux 2018 en Russie et 2022 au Qatar qui ont créé d’énormes controverses. Moscou a été très critique de ses allégations venues des Etats-Unis tandis que le Qatar a dit qu’il avait remporté l’organisation de ces Mondiaux en toute honnêteté et qu’il était prêt à collaborer avec tous dans n’importe quelle enquête. Pour sa part, l’UEFA n’a pas baissé les bras non plus et compte poursuivre son combat. L’Anglais David Gill, vice-président de la Fédération Anglaise (FA), choisi par l’UEFA pour occuper l’un des postes de vice-président de la FIFA, a refusé ce poste et a laissé son siège vide au Comité exécutif, en affirmant : « Il n’était pas approprié d’être membre du comité exécutif de la FIFA avec la direction actuelle ».
L’UEFA menace de boycotter la Coupe du monde 2018 et ses membres tentent de soumettre une position commune. Pour sa part, interrogé sur l’avenir de Blatter, le président de la Fédération anglaise, Greg Dyke, a d’ailleurs estimé que « M. Blatter ne sera plus là dans quatre ans (...). On pourra élire quelqu’un qui mettra de l’ordre dans le football mondial ».
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