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Préhistoire : Un passé commun

Doaa Elhami, Mardi, 17 mars 2015

Les vestiges préhistoriques retrouvés dans différents pays arabes montrent une évolution similaire et des préoccupations identiques. Les empreintes de mains et les bijoux en sont un bon exemple.

Préhistoire
Traces préhistoriques trouvées dans la vallée de Hadramout au Yémen et à Soura en Egypte. (Photo : Hussein Al-Aïdarous)

« La ressemblance des vestiges préhistoriques prouveque les premiers hommes possédaient un même instinct », assure le préhistorien Zeidan Kafafi, doyen de la faculté d’archéologie de l’Université de Yarmouk. Lors de la conférence sur les périodes préhistoriques dans le monde arabe à la Bibliotheca Alexandrina, un constat a émergé : l’universalité des vestiges préhistoriques.

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(Photo : Doaa Elhami)

Le préhistorien yéménite Hussein Al-Aïdarous, assure ainsi que les empreintes de mains présentes sur des parois de grottes ou de rochers, ainsi qu’on en trouve dans la Vallée de Hadramout au Yémen « expriment la protection contre le mauvais oeil et la mauvaise âme. En même temps, elles représentent la paix, la bénédiction ».

Selon lui, ces signes font partie de la mythologie et des cultes religieux des hommes vivant pendant cette époque lointaine. « Les empreintes de mains féminines sont plus nombreuses que celles d’hommes ou de jeunes. Ceci est dû à leur plus importante présence dans ces grottes, alors que les hommes étaient souvent à l’extérieur », poursuit le préhistorien yéménite. Il affirme que ces grottes, utilisées au départ comme abris pour vivre, ont plus tard été transformées en lieu de culte.

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Traces préhistoriques trouvées dans la vallée de Hadramout au Yémen et à Soura en Egypte. (Photo : Khaled Saad)

Les empreintes de mains se retrouvent au Yémen, mais aussi en Egypte dans le Désert occidental, notamment dans les grottes de Soura et d’Al-Obaïd dans l’oasis de Farafra. Mais dans ces grottes, les empreintes de mains d’hommes sont plus fréquentes. Khaled Saad, directeur général du département de la préhistoire auprès du ministère des Antiquités, explique que bien qu’étant des symboles religieux, ces empreintes reflètent aussi la position sociale de ceux qui les ont laissées. « Seuls les chefs avaient le droit de laisser leurs empreintes qui symbolisaient pour eux l’éternité de leur force. Ces empreintes sont l’identité de la personne, le nom de celui qui les laisse ». Elles sont faites à partir de l’oxyde dérivé des pierres alentour. Pour Saad, ces empreintes colorées demeurent un art universel rencontré un peu partout à travers le monde.

Les bijoux : Une passion commune

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Des bijous originaires de Aïn Ghazal en Jordanie, et un collier de la région du lac Qaroun en Egypte.(Photo : Mayssoun Al-Nahar)

Les bijoux font aussi partie des thèmes les plus fréquents parmi les vestiges préhistoriques. Selon la préhistorienne jordanienne Maysoon Al-Nahar, doyenne de la faculté d’archéologie et du tourisme de l’Université d’Amman, les bijoux trouvés sur le site de Aïn Ghazal, au nord-est d’Amman, sont une preuve de l’évolution de leur fabrication. Les premières évidences remontent à l’époque paléolithique supérieure : « Des bijoux faits avec des pierres et des coquillages troués ». Puis, lors de l’âge néolithique, l’homme commence à fabriquer ses bijoux avec différentes matières comme le grenat, l’ambre, l’opale et la perle ou le corail.

« La présence de ces bijoux à Aïn Ghazal prouve aussi la présence de liens entre les différents sites des autres régions, notamment la Vallée de Choeib au sud de la Jordanie. En effet, les matières qui les composent proviennent d’endroits différents et éloignés, ce qui laisse supposer que des liens existaient entre les différentes communautés vivant dans différentes régions ». Par exemple, l’opale provenait de la région de Garche, mais on en retrouve sur un certain nombre de sites préhistoriques. Selon elle, la fabrication de ces bijoux est un signe de la stabilité qui régnait dans les familles établies au même endroit pendant de longues périodes.

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Des bijous originaires de Aïn Ghazal en Jordanie, et un collier de la région du lac Qaroun en Egypte. (Photo : Khaled Saad)

En Egypte, les bijoux ont suivi la même évolution. Au début, ils étaient faits de coquillages puis, au milieu de l’époque paléolithique moyenne, l’homme a fait évoluer ses outils et par conséquent, a commencé à utiliser des morceaux de bois, des noyaux de fruits ou des oeufs. Puis apparaissent les pierres semi-précieuses, notamment le grenat et le turquoise. On retrouve, par exemple, des colliers ou des bracelets faits de coquilles d’oeufs d’autruches et de pierres semi-précieuses. « Ces coquilles et ces pierres semi-précieuses dégagées du lac Qarounétaient enfilées avec des poils d’animaux tressés », reprend Khaled Saad. Puis, avec l’ère néolithique (12000 av. J.-C.- 4500 av. J.-C.) apparaissent les amulettes fabriquées en os et en ivoire. Autant de traces qui laissent penser que, de tout temps et en tout lieu, l’homme a créé et porté des bijoux.

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