La conversion au tourisme vert n’est pas un luxe à l’heure actuelle, mais une nécessité pour tout pays qui opte pour le développement du tourisme. Un point sur lequel ont insisté les intervenants à la conférence « Le Tourisme vert, une nécessité pour le développement durable », organisée dimanche au Caire par le ministère du Tourisme, en coopération avec la Fondation allemande pour la coopération internationale (GIZ), partenaire principal du gouvernement égyptien pour l’exécution de ce projet.
« Dans quelques années, le prix et la qualité des services ne seront plus les seuls critères pour le choix des destinations. Les normes écologiques deviennent des critères de plus en plus importants. Les voyageurs sont désormais sensibles à l’empreinte écologique du tourisme dans les pays qu’ils visitent et prennent davantage ce facteur en compte avant de réserver leur voyage », explique Hicham Zaazoue, ministre du Tourisme.
Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), le tourisme vert a un taux de croissance trois fois plus élevé que le tourisme traditionnel. Consciente de l’importance de cette tendance, l’Egypte vient de consacrer un milliard de L.E. pour aider les hôtels à se convertir au tourisme vert, notamment à travers l’utilisation d’énergies propres et renouvelables, affirme le ministre.
Les hôtels qui suivent ce plan de reconversion se voient décerner le label égyptien Green Star, mis en place par le ministère du Tourisme. Ce programme vise à encourager les hôtels de Charm Al-Cheikh à répondre aux normes écologiques internationales, non seulement en termes d’énergie, mais aussi dans des domaines comme la consommation de l’eau, la gestion des déchets, ou encore le traitement des eaux usées …
Selon Emad Hassan, conseiller du ministre du Tourisme pour le tourisme écologique, 53 hôtels à Charm Al-Cheikh portent déjà ce label. Treize autres le porteront d’ici mi-janvier. « Ce n’est pourtant pas la première fois que l’écotourisme est mis en avant en Egypte. Ce concept a vu le jour à Charm Al-Cheikh en 2008 avec l’initiative Green Charm», dit Hassan. Cette initiative faisait suite à la deuxième conférence internationale sur le changement climatique de Davos et prévoyait la transformation de Charm Al-Cheikh en une ville verte. La déclaration de Davos avait notamment souligné que « le secteur du tourisme doit réagir rapidement face à son empreinte écologique, s’il veut connaître une croissance durable ». Hassan poursuit : « C’est à partir de cette date que le ministère a commencé l’application de ce type de tourisme en Egypte. Il a créé une unité pour le tourisme vert et durable qui a pour but de gérer le dossier de la transformation, ainsi que de coordonner entre les différents organismes concernés ».
Réalisable, mais pas facile
Ces procédures contribuent non seulement à protéger l’environnement, mais également à accroître le rendement économique des entreprises touristiques, notamment à travers l’utilisation des énergies alternatives.
Une fois appliqué à Charm Al- Cheikh, ce programme sera étendu aux autres destinations touristiques de la mer Rouge. « D’ici trois ans, la ville de Charm Al-Cheikh sera la première dans le Moyen-Orient à se convertir en ville verte. Nous avons également un plan ambitieux qui vise à faire de la mer Rouge toute entière une zone verte d’ici 2020 », promet Hicham Zaazoue ministre du Tourisme.
Selon Thomas Lignhardt, président régional de GIZ, le tourisme écologique est le tourisme de l’avenir: tout pays qui a la volonté de développer l’industrie du tourisme à long terme doit accorder plus d’importance au développement de ce genre de tourisme. « L’Egypte possède les ressources renouvelables en abondance comme le soleil et le vent, ce qui fait de sa conversion au tourisme vert une tâche tout à fait réalisable. Depuis plus de cinq ans, nous avons commencé avec le gouvernement égyptien à appliquer un programme pour convertir les hôtels de la mer Rouge en commençant par Charm Al-Cheikh », dit Lignhardt.
Cependant, le déficit budgétaire dû à la crise du tourisme après la révolution du 25 janvier a en quelque sorte entravé la progression de ce programme. « Nous poursuivons le travail. Cependant, la tâche n’est pas facile, puisque la question ne se limite pas au fait d’atténuer les émissions de dioxyde de carbone, de traiter les eaux usées et de réduire la consommation en eau, mais aussi de stopper la dégradation de la biodiversité », tempère-t-il.
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