Scène représentative d'un ascète persan dessinée par Réda Abbass.
Réda Abbass a été formé à l’école des beauxarts fondée par le chah Abbass, qui avait transformé sa capitale Ispahan (Iran) en un centre agité d’architecture et d’arts. A cette époque, le chah encourageait l’ornementation des manuscrits persans en accueillant les artistes et les architectes. Réda nous a livré d’innombrables informations sur ses oeuvres en marge de sa signature. Il y inscrivait la date précise de l’oeuvre, y compris le
mois et le jour. Parfois, il notait la raison de l’accomplissement de la peinture, l’endroit où elle a été entamée, son occasion, son directeur et à qui elle était destinée. « On constate que Réda Abbass était fier de sa profession, voire prétentieux », souligne le professeur Mahmoud Ibrahim Hussein, expert en art et antiquités islamiques à la faculté des antiquités de l’Université du Caire. Selon lui, ces petites notes étaient très
utiles pour les chercheurs et historiens d’art. Pendant sa jeunesse, Réda Abbass consacre ses efforts aux schémas planifiés et explicites. Il ne s’intéresse pas encore à la décoration des manuscrits. Au XIe siècle de l’hégire (XVIIe siècle), étant mobilisé au service de la Perse, il a eu une production artistique qui sera féconde et son empreinte sera marquée dans la vie artistique d’Ispahan. Il va alors orner les manuscrits persans,
notamment les poésies. Mais son occupation essentielle sera l’ornement des lettres privées rédigées par des fameux graveurs. Toutes ces lettres ont été collées ultérieurement pour former des albums apparus en Inde islamique, deux siècles plus tard.
Actuellement, les oeuvres de Réda Abbass sont conservées dans plusieurs musées internationaux. Citons à titre d’exemple le Musée
de Berlin, celui des Frères Galléries à Washington, le Métropolitain, la Bibliothèque nationale à Paris et bien d’autres.
Parmi ses oeuvres renommées, il y a une peinture conservée actuellement au Musée de Berlin. Sa taille en 11,5 x 8,5 cm incarne un paysan
en train de tirer un ensemble de bois à brûler. En bas, apparaît un cheval très maigre. « Les particules de la peinture sont très claires », renchérit le professeur. Selon lui, les cheveux de la nuque et ceux de la queue sont dessinés avec une fine plume, reflétant l’une des caractéristiques
du style de Réda. De nombreuses scènes mettent en évidence la vie austère des derviches et des ascètes. Une autre oeuvre se trouve sur un manuscrit descriptif de l’un des fils du roi de Géorgie qui a régné vers la fin du XIVe siècle. Ce prince porte une tunique dorée ouverte au col et ornée de deux rubans. Il est coiffé d’un turban jaune, entouré d’un châle jaune également et des souliers orange. D’après le professeur, les fines
particules claires sur le manuscrit assurent que cette peinture appartient à Réda Abbass qui reproduisait dans ses oeuvres de vraies personnalités vivant auprès de lui. Beaucoup de personnages ont été dessinés plusieurs fois, à l’instar des scientifiques enseignants. Réda Abbass ornait son arrière-plan d’un seul arbre aux feuilles très denses ou d’une branche fleurissante accompagnée de courbes aux couleurs
vives. Le style artistique de Réda Abbass est répandu dans toute la Perse. Il a eu de nombreux étudiants et ses scènes réalistes reflètent un aspect de la vie islamique à cette époque lointaine.
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