Al-Ahram Hebdo : En quoi consiste les travaux de restauration en cours? Le Sphinx est-il en bon état ?
Mahmoud Mabrouk : Le Sphinx est sain et il n’y pas de danger. Nous sommes là pour la restauration de routine. C’est horrible de lire et d’écouter parfois des propos alarmistes sur l’état du Sphinx, car il n’appartient pas seulement aux Egyptiens mais au aussi au patrimoine mondial. C’est un monument qui a une histoire, une esthétique qu’il faut respecter.
— Mais il est clair que le Sphinx a quand même des fragilités...
— Le Sphinx a, à plusieurs fois, subi des restaurations et nécessite des soins permanents. Parfois, il y avait de vrais dangers. Cela a nécessité quelques fois des interventions urgentes afin de pouvoir stopper les dégradations. J’ai assisté depuis 1989 jusqu’à 1998 aux travaux continuels et durs. J’ai eu l’honneur de diriger pour la première fois une équipe bien formée: des archéologues, des ingénieurs et des sculpteurs de haut niveau. C’était une équipe expérimentée qui connaît l’histoire de chaque pierre du Sphinx. Vraiment, c’était un travail dur de réparer et de remplacer ou de sculpter près de 13000 pierres du corps de cette statue monumentale. Mais c’était urgent, car le ciment et le plâtre utilisés pour rattacher les blocs au corps du Sphinx afin de le renforcer se sont détachés. Ces travaux de 1983 à 1986 étaient vraiment une série d’erreurs. Le corps de la statue a commencé à éclater et à rejeter les blocs de pierre en surface. Notre travail alors a démarré dès 1989. Artistes, ingénieurs et archéologues ont joué une symphonie de concert. Il a fallu d’abord retirer les gros blocs de pierre apposés sur la surface puis gratter le ciment qui s’était infiltré.
— Y a-t-il d’autres problèmes qui menacent cette sculpture ?
— Il est à noter que la pierre dans laquelle a été taillé le Sphinx était en calcaire argileux, très fragile, sensible à l’humidité et peu homogène. La pollution, l’humidité et la nappe phréatique ont influencé la structure. Ce qui exige une réhabilitation et une restauration continuelles. A ces facteurs naturels s’ajoutent les interventions de l’homme. La partie la plus dure c’est la tête, et la plus délicate, c’est le cou et la poitrine.
— Donc votre travail actuel est-il presque le même, puisque vous commencez à remplacer quelquespierres par d’autres ?
— Cette partie du corps du Sphinx n’a pas souffert pendant mon dernier travail. Mais aujourd’hui, les blocs se détachent l’un après l’autre. On utilise des matériaux proches de ceux des pharaons.
— Et pour le cou et la poitrine ?
— Cette partie est très fragile comme je l’ai dit. On a profité de la technologie pour imiter les matières utilisées à l’époque pharaonique. Les visiteurs ne sentiront pas la différence entre les anciens matériaux et les nouveaux.
— Le Sphinx a-t-il donc besoin de soins continuels ?
— Oui, il a besoin d’une surveillance continuelle pendant toute l’année. Cela a été une erreur de laisser cette statue sans restauration pendant ces quatre dernières années .
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