Salamlek, Haramlek, les jardins historiques, sans oublier le kiosque à thé et les jardins qui les entourent: les composants architecturaux du palais Montazah sont l’une des merveilles du pays.
Le khédive Abbas Helmi II, fondateur
des palais de Montazah
(Photo: Bibliotheca Alexandrina)
Montazah, c’est aussi une partie de l’histoire d’Alexandrie, une histoire qui commence il y a plus de deux millénaires. Palais et jardins de Montazah de Mohamed Awad est le résultat d’une longue étude commandée par la compagnie Montazah pour l’investissement touristique, en charge de la gestion du palais et de ses jardins. Sur 250 pages illustrées, l’ouvrage revient sur 2000 ans d’évolution.
Le livre commence à l’époque gréco-romaine, soit très exactement en 332 av. J.-C. « Nous avons des évidences historiques datées depuis la fondation de la ville par Alexandre Le Grand », souligne l’architecte dans la préface de son livre.
A cet âge lointain, la région était nommée Pétaposiris et était située en face de Taposiris Magna, qui renferme certaines des plus renommées tombes gréco-romaines. On croyait à l’époque que Pétaposiris était la terre de la tombe symbolique d’Osiris.
Le palais Haramlek de l'intérieur.
(Photo: Bibliotheca Alexandrina)
Bien qu’elle soit fréquentée depuis longtemps, la région de Montazah ne connaît son essor qu’au XIXe siècle, sous Mohamad Ali. « C’est lui qui a fait construire le palais de Ras Al-Tine. Peu après, il décide d’en bâtir un autre à l’autre extrémité de la corniche. Mais il n’en a pas eu le temps », précise Ayman Al-Toukhy, archéologue spécialiste des monuments islamiques.
Il faut attendre le khédive Abbas Helmi II (1854-1918) pour qu’un autre palais voie le jour sur une petite colline appelée Salamlek, une nomination turque signifiant « endroit de délassement et de quiétude ». Une fois la construction du palais terminée en 1892, le khédive Abbas Helmi II donne à cette région le nom de Montazah.
« Le palais fait appel aux styles autrichiens, assez répandus à l’époque. Son architecture reprend les styles de la Renaissance. Il est surmonté de tours et de multiples coupoles », explique Awad dans son ouvrage.
Mais très vite, la famille royale emménage dans une petite villa que vient de faire construire le khédive sur une autre colline à proximité de la première. La villa est détruite à l’ordre du roi Fouad en 1926 qui demande à l’architecte italien Ernesto Virocci bey d’y construire un nouveau palais (Al-Haramlek). « A cette époque, les Italiens ont une forte influence sur la cour royale et exercent un monopole sur la construction et la rénovation des palais royaux », explique Mohamed Awad dans son livre.
La reine Nazli, avec ses enfants, une excursion avec une charrette.
(Photo: Bibliotheca Alexandrina)
Ajouts contemporains
Le nouveau palais se caractérise par sa cour interne couverte du verre teinté. De cette cour jaillissent les éléments architecturaux qui distinguent le palais: escaliers internes et externes, terrasses, tours et ornementations.
Avec l’arrivée du roi Farouq, le palais de Montazah prend d’autres fonctions. Le roi demande à l’architecte renommé Moustapha pacha Fahmi de relier les deux palais royaux avec un kiosque à thé de style classique. L’architecte va aussi y installer un cinéma, un bureau extérieur pour le roi et plusieurs annexes de services comme le château d’eau, l’écurie et la station royale du chemin de fer, sans oublier une école consacrée aux membres de la famille royale.
Avec l’époque nassérienne et le déclenchement de la Révolution de 1952, le complexe du palais de Montazah ouvre ses portes au grand public. Le Haramlek est transformé en hôtel et l’école est détruite pour être remplacée par l’actuel hôtel de Palestine, de style moderne, construit pour accueillir les délégués de la conférence du sommet arabe, tenue à Alexandrie en 1964.
C’est cette histoire que reprend le livre de Mohamed Awad, richement illustré de photos anciennes et contemporaines.
Le palais des malheurs
Avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale, l’occupation anglaise éloigne le khédive Abbas Helmi II, fondateur du palais de Montazah, du pouvoir et du trône égyptien. Les Anglais s’emparent du palais et le transforment en hôpital pour leurs soldats.
Après la guerre, le palais et ses annexes ont été restitués à la famille royale et ont été utilisés comme résidence estivale.
Quelques années plus tard, le 22 juillet 1952, c’est-à-dire la veille du déclenchement de la révolution, le roi Farouq organise au palais de Montazah une grande fête en l’honneur de son beau-frère Ismaïl Chérine. Au cours de la cérémonie, le chef du protocole du palais, Mohamad Hussein, avertit le roi que des officiers libres se sont emparés du commandement central au Caire. En très peu de temps, l’armée entoure déjà le palais. Le roi Farouq est contraint à l’exil.
Depuis la fin des années 1950, Montazah est ouvert au grand public. Des cabines ont été construites et des plages privées ont été créées. Et il est question que le palais du khédive soit transformé en palais présidentiel.
Lien court: