Plus de 200 jours se sont écoulés depuis l’explosion qui l’a frappé et l’état du Musée d’art islamique au Caire empire. La porte principale est bloquée par des briques et les fenêtres sont endommagées. « Pas une mesure n’a été prise pour la restauration de ce bâtiment historique mamelouk après l’attentat terroriste du 24 janvier dernier », explique l’expert en antiquités Mohamad Al-Kahlawi. « Ce musée est devenu une maison fantôme », dit-il. Ce qui a accéléré la visite de la délégation de l’Icom (Conseil international des musées). Une visite qui n’a rien apporté de nouveau, puisque l’Unesco n’a pas encore fait le don de 100 000 dollars annoncé en faveur du Musée d’art islamique après l’attentat de janvier.
L’organisation internationale de l’Onu avait aussi annoncé son intention d’organiser une campagne internationale dans le même but. A noter que l’Unesco n’est pas le seul organisme à contribuer au financement du fonds pour la restauration du musée. L’acteur égyptien Mohamad Sobhi a versé 50 000 L.E. (6 300 dollars). Il a aussi lancé la campagne « 1 million d’Egyptiens » pour collecter des fonds pour la restauration des musées mis en danger. L’USAID a, pour sa part, annoncé verser un million de L.E. pour cette restauration. « Si cette dernière aide vient à temps, on pourra restaurer le bâtiment. Les travaux commenceront en août », explique Ahmad Charaf, chef du département des musées au ministère des Antiquités. Lors des six derniers mois, les visites des experts étrangers au Musée d’art islamique se sont succédé, afin d’évaluer l’avancée des travaux de restauration. « Un groupe d’experts égyptiens, dont la plupart sont des techniciens du Musée d’arts islamique, a commencé les travaux de restauration dès la première minute après l’attentat, mais les travaux se sont arrêtés plusieurs fois en raison d’un manque d’équipements ou de financement », explique un technicien du chantier en cours.
« C’est un travail difficile »
Sur 1 471 pièces exposées lors de l’attentat, pas une pièce ne manque. 74 d’entre elles sont totalement détruites, la plupart en verre ou céramique ; 26 autres sont cassées et 64 nécessitent une restauration très sophistiquée et délicate. « C’est vraiment un travail difficile », explique le ministre égyptien des Antiquités, Mamdouh Al-Damati. Il ajoute que lors de cette visite de la délégation de l’Icom, la question des subventions a été discutée pour restaurer le bâtiment et ses salles endommagées par l’explosion. « Nous avons pour cela des experts de haut niveau », dit Mohamad Sameh Amr, président du Conseil exécutif à l’Unesco. Une idée soutenue par Christain Manhart, chef de la section des musées et des objets culturels à l’Unesco et chef de délégation de l’organisation venue au Musée d’art islamique quelques semaines après l’attentat. Il a affirmé : « Ce que j’ai vu alors était vraiment désolant. J’ai vu ce musée d’art islamique il y a deux ans, après sa dernière restauration en 2010. J’ai vu quel joyau ce musée était. Et aujourd’hui, l’intérieur est totalement détruit ... ». Il ajoute toutefois que la structure du bâtiment est extrêmement solide et n’est pas endommagée. « Seuls les coffrages et les façades internes et externes ont souffert, c’est pourquoi cela semble impressionnant. Les collections et les vitrines sont bien sûr très endommagées et là, il y a beaucoup de travail à faire. Des objets ne sont pas récupérables, ils sont extrêmement importants non seulement pour l’Egypte, mais aussi pour le monde entier, car c’est l’un des plus importants musées islamiques du monde. Par la contribution de la communauté internationale, le musée peut retrouver son aspect historique. L’Unesco va aider l’Egypte à la recherche de soutien international », conclut le président du conseil exécutif à l’Unesco.
Le ministre des Antiquités annonce avoir « presque achevé les travaux de restauration des pièces endommagées ». Reste le bâtiment. « En cas de manque de financement, tout est paralysé », souligne Charaf. « Je pense que la restauration de ce musée va longtemps durer. C’est un travail qui peut durer des mois ou des années, cela dépend des fonds disponibles. S’il y a assez d’argent, le travail peut aller plus vite », souligne Manhart. Les experts estiment que la somme globale nécessaire pour ces travaux est de 10 millions de dollars. Or, le compte bancaire 70007000, ouvert pour sauver et restaurer ce bâtiment, ne renferme aujourd’hui que « 19 000 L.E. et 200 dollars. Une somme faible qui n’est pas à la hauteur des dégâts causés », explique Ahmad Charaf .
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