Vue génerale du Musée de la civilisation.
(Photo: Nasma Réda)
Le ministre d’Etat égyptien pour les Affaires des antiquités, Mohamad Ibrahim, s’est rendu la semaine dernière en France, au siège de l’Unesco, dans le but de discuter avec Irina Bokova, la directrice générale, un certain nombre de questions importantes liées à la coopération entre l’Organisation et l’Egypte dans le domaine de l’archéologie. En tête des discussions, les touches finales au grand projet du Musée national de la civilisation égyptienne à Fostat.
« L’Unesco en Egypte c’est le Musée national de la civilisation à Fostat ». C’est par ces mots brefs que Moustapha Amin, directeur du Musée de Fostat, a résumé le but premier de cette visite. Epaulée par l’Unesco, qui lui apporte son expertise, l’Egypte devrait en terminer bientôt la construction et a demandé une aide technique ainsi qu’un programme de formation spécialisée pour les futurs employés du Musée. L’histoire de cette coopération remonte à 1982, quand l’Unesco a lancé une campagne internationale pour l’ouverture de ce Musée au Caire. Un an plus tard, elle organise un concours général puis confie le projet à l’architecte égyptien Al-Ghazali Kosseiba, alors que l’aménagement intérieur est confié au Japonais Arata Isozaki. En 1999, les dirigeants des Antiquités égyptiennes et l’Unesco en changent l’implantation, choisissant Al-Fostat. Les travaux d’aménagement du site durent près de quatre ans, puis la première pierre est posée en 2002. « Tout est prêt aujourd’hui, il ne reste que le bâtiment des salles d’exposition », déclare le conseiller d’information du bureau du ministre, Hassan Saadallah. « Les pièces qui doivent être exposées ont déjà été choisies et restaurées », poursuit-il. Ce projet, qui devait voir le jour en 2009, a été reporté plusieurs fois par l’ex-ministre de Culture, Farouq Hosni, qui avait promis son ouverture pour 2011. Mais la révolution a ajourné la fin des travaux qui se sont ensuite à nouveau arrêtés à cause de problèmes financiers. 250 millions de dollars (189,5 millions d’euros) avaient été initialement alloués à la création du Musée qui en aura finalement coûté 550.
35 hectares
Le Musée est situé au Caire, à proximité du site archéologique de la première capitale islamique égyptienne, Al-Fostat, sur un site mitoyen du complexe religieux comprenant la mosquée de Amr ibn Al-Ass, l’église Mar Guirguis, l’église suspendue et le temple juif de Ben Ezra. Le lac Aïn Al-Sira est inclus dans le site du Musée de la civilisation, qui sera sur 35 hectares, l’un des plus luxueux d’Egypte. C’est le premier musée à être consacré à l’ensemble de la civilisation égyptienne depuis la préhistoire jusqu’à nos jours. Il présentera des pièces provenant des collections nationales du pays. Parmi les plus spectaculaires, citons les momies royales du Nouvel Empire (1570-1085 av. J.-C.), actuellement exposées au Musée du Caire, lequel cédera également un riche ensemble de bijoux. La galerie des momies royales recréera les conditions de visite d’une tombe royale dans la Vallée des rois.
Les collections permanentes seront présentées dans trois types d’espaces différents : des salles centrales entourées de galeries thématiques, sous lesquelles se situera la galerie des momies royales. Les salles centrales présenteront les grandes réalisations de la civilisation égyptienne dans une approche chronologique répartie selon 8 périodes : préhistorique, archaïque, pharaonique, gréco-romaine, copte, islamique, moderne et contemporaine. Les salles thématiques seront organisées autour de 6 axes principaux : l’aube de la civilisation, le Nil, l’écriture, l’Etat et la société, la culture matérielle, la pensée et les croyances. « On pense à créer une salle qui racontera les événements de la révolution du 25 janvier 2011 », souligne par ailleurs Moustapha Amin.
63 000 m2
Constitué de deux bâtiments principaux, le Musée et les espaces de services au public couvriront environ 63 000 m2. Conçu en tant qu’attraction majeure pour les touristes et en tant que centre de recherches et de conservation de renommée internationale, il aura un rôle significatif non seulement pour la sensibilisation à l’histoire et à la société de l’Egypte moderne et contemporaine, mais aussi en tant que centre dédié aux jeunes. Il veut se positionner en tant qu’institution globale et hébergera des débats ouverts. Le NMEC permettra à un plus grand nombre d’apprendre et d’apprécier la civilisation égyptienne dans le contexte d’un musée moderne du XXIe siècle.
L’Unesco a apporté son expertise technique, notamment dans les domaines de la formation et de l’organisation d’expositions, et fournira un soutien continu aux professionnels du Musée. Attendue depuis 1978, date à laquelle l’Egypte avait décidé de sa création, la date de son inauguration reste encore un mystère. Peut-être la clé se trouve-t-elle dans la mallette du ministre qui revient du siège de l’Unesco à Paris.
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