Minaret en spirale de la Grande Mosquée de Samarra.
(Photo:E. Bonnier — Bibliotheca Alexandrina)
Après son grand succès remporté en France en octobre dernier, c’est maintenant la Bibliotheca Alexandrina, phare culturel de la Méditerranée, qui accueille, jusqu’au samedi 24 mai, l’exposition sur le patrimoine iraqien. Elle regroupe 45 panneaux de photos et illustrations des différents sites inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. « Cette manifestation iraqienne à la Bibliothèque d’Alexandrie reflète le lien entre l’Egypte et l’Iraq, deux grandes civilisations qui se recoupent », estime Dr Ismaïl Hassan, chargé d’affaires à la délégation d’Iraq à l’Unesco, lors de l’inauguration de l’exposition. Il a appelé à préserver son patrimoine tout en rappelant que « l’Iraq était la mère des premières législations et le berceau des prophètes, ce pays qui a l’expérience du passé essaye de se dessiner avec l’Egypte, mère des civilisations, un meilleur futur ».
Marais de Mésopotamie.
(Photo:E. Bonnier — Bibliotheca Alexandrina)
Une carte de l’Iraq, deux panneaux d’entrées impressionnants, dont les titres sont : « Ombres du passé » et « Les Marais de Mésopotamie » accueillent les visiteurs de l’exposition qui quittera Alexandrie pour Athènes en juin prochain, à l’occasion de la présidence grecque de l’Union européenne.
Dr Dalal Negmeddine, membre de la délégation iraqienne à l’Unesco, assure que cette exposition reflète un patrimoine d’une richesse fascinante qui illustre 5 000 ans d’histoire et démontre que la Mésopotamie a vu naître et s’épanouir les premiers grands royaumes ainsi que plusieurs grands empires. « Elle prouve également que l’invention de la comptabilité et celle de l’écriture avec les caractères cunéiformes témoignent du génie de ces peuples qui, profitant de la richesse des terres irriguées par les eaux des grands fleuves, ont su organiser les premières cités Etats. Uruk et Ur en sont les exemples les plus connus », indique Negmeddine.
De même, le royaume de Sumer, l’empire d’Akkad et leurs successeurs nous ont légué leur histoire écrite au « qalam », ce roseau tallé qui marquait dans la terre souple des tablettes d’argile crue des empreintes en forme de clous. « Elles étaient combinées de telle manière que les noms et les actions des dieux, des souverains et des héros sont parvenus jusqu’à nous après avoir traversé près de 5 millénaires », ajoute Dalal Negmeddine. Parmi ces puissants personnages, il convient de citer Sargon d’Akkad et Hamourabi de Babylone, dont le code législatif, gravé dans la pierre vers 1750 avant notre ère, a influencé nombre de ceux que nous connaissons aujourd’hui.
Avec cette exposition, l’on constate que l’utilisation de briques crues puis de briques cuites a permis l’édification des tours à étages que l’on nomme Ziggourats, modèles de la célèbre « Tour de Babel ». Elle fait aussi le point sur les empires successifs qui ont laissé des vestiges matériels d’importance majeure : architectures, sculptures, peintures murales, mais aussi céramiques et métaux. Ils ont également produit des annales ainsi qu’une littérature qui a survécu jusqu’à nos jours, tel le Récit du Déluge dans l’Epopée de Galgamesh.
La porte d'Ishtar, VIIe-VIe siècle avant notre ère, d'une hauteur de 14,3 m.
(Photo:Olaf M. TeBmer — Bibliotheca Alexandrina)
Influence à toutes les époques
Cette exposition démontre que les grands mouvements commerciaux, politiques et religieux qui ont façonné le patrimoine de cette vaste région témoignent de son influence à toutes les époques. Ur a été mentionnée ainsi que Babylone, il convient d’y ajouter d’autres noms de lieux célèbres : Ashur, Nimrud, Nivine, Erbil, Hatra, pour ne citer que les plus connus qui figurent dans cette exposition qui ne donne qu’un aperçu de la richesse et de la diversité du patrimoine de l’Iraq.
Même depuis le début de l’islam, le nom de Bagdad, capitale politique, mais aussi lieu de culture et d’arts, rayonne dans le monde entier. Cette ville mériterait de se trouver parmi les sites illustrés ici. Car Samarra, Ukhaïdar et Wasit ont eu leur heure de gloire. Najaf, Akifl et Amedy, moins connues, sont d’un grand intérêt historique et religieux. Les millénaires écoulés ont laissé les traces, nombreuses, des activités des hommes de ce pays.
L’exposition achève ce survol par les marais de Mésopotamie. La nature les a modelés, leurs habitants les ont marqués et des populations y résident encore, aujourd’hui comme autrefois. L’habitat traditionnel fait de roseaux figurait déjà sur les sceaux cylindres ou les vases en stéatite grevée de l’époque sumérienne. Cette vaste étendue qui fut nommée « Jardin d’Eden » nécessite des soins importants. Des barrages imposants ont réduit le débit du Tigre, de l’Euphrate et de leurs affluents. Des canaux d’irrigation ont fait de même. Aujourd’hui, certaines zones souffrent de sécheresse, et la végétation luxuriante qui y poussait a fait place, par endroits, à des plaques de terre craquelée. « Nous devons tout particulièrement protéger et faire revivre ce qui fut jadis le paradis terrestre », conclut Dr Ismaïl Hassan .
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