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Quand technologie rime avec patrimoine

Nasma Réda , Jeudi, 23 janvier 2025

Revival Project est une initiative lancée par la société Meta au Musée égyptien du Caire et au Musée national de la civilisation égyptienne de Fostat. Objectif : présenter de manière différente les pièces exposées. Une expérience inédite.

Quand technologie rime avec patrimoine

Les rames du bateau d’Amenhotep II commencent à bouger, Neilos récupère ses parties manquantes et Hatchepsout retrouve son allure royale. Grâce au projet Revival lancé sur Instagram par la société Meta en collaboration avec le ministère du Tourisme et des Antiquités, le Musée égyptien du Caire et le Musée national de la civilisation égyptienne de Fostat (NMEC), ces séquences prennent des allures de réel.

Revival permet aux visiteurs d’utiliser la technologie de la réalité augmentée (AR) via l’application Instagram pour réanimer virtuellement 13 artefacts emblématiques : 5 au Musée égyptien de la place Tahrir et 8 au NMEC. Il s’agit notamment d’une statue en calcaire représentant Toutankhamon, une autre de Senusert Ier, la double statue d’Amon et de Mout à Tahrir, le chariot de Thoutmôsis IV et le sphinx représentant Amenemhat III. En effet, « le choix des pièces n’a pas été facile », souligne Mohamed Ismaïl Khaled, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA), indiquant que les pièces sont soumises à l’imagerie 3D, et grâce à celle-ci, les utilisateurs peuvent explorer les motifs gravés et comprendre leur signification.

« Cette expérience permet de donner vie aux pièces archéologiques et de les rendre encore plus fascinantes pour le public. Elle permet en outre de mieux sensibiliser les jeunes au patrimoine égyptien sur les réseaux sociaux en rendant les musées plus attrayants », souligne Al-Tayeb Abbas, PDG de l’Autorité du NMEC. Il explique que le lancement de ce projet a attiré en quelques jours un grand nombre de visiteurs, surtout des jeunes. Selon lui, Revival a permis de redéfinir la façon dont les visiteurs découvrent le patrimoine égyptien, repoussant les limites du tourisme éducatif et de l’engagement numérique. En effet, ce projet s’inscrit également dans le cadre des efforts du ministère du Tourisme et des Antiquités pour numériser ses institutions.

Les visiteurs du Musée égyptien et du NMEC peuvent désormais scanner des QR codes à proximité des artefacts pour accéder aux filtres Instagram. Grâce à ces filtres, les statues, les sculptures et autres objets anciens sont reconstruits numériquement pour révéler leur aspect original. Cela offre une expérience immersive qui combine exploration et imagination numérique.

« C’est la première fois, à l’échelle mondiale, que la société américaine Meta utilise la technologie de l’AR dans la restauration et la reconstruction des artefacts », déclare Shaden Khallaf, responsable des politiques publiques pour l’Afrique du Nord chez Meta et chargée du développement durable régional, précisant que Revival Project a débuté il y a deux ans sur les plateformes des réseaux sociaux.

L’engagement de Meta

Cette expérience s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par les musées égyptiens pour améliorer la qualité des services offerts aux visiteurs et développer les expériences muséales.

« Le filtre Instagram offre des informations historiques précises et concises et des textes attrayants en arabe et en anglais, enrichissant ainsi l’expérience des visiteurs en leur permettant d’interagir avec les pièces restaurées de manière innovante et en mêlant technologie, culture et histoire », déclare Mohamed Azzam, directeur du centre d’information du NMEC.

Pour sa part, Moemen Osmane, chef du secteur des musées au ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités, ajoute que des études sont en cours pour appliquer cette technologie non seulement dans les musées, mais aussi dans certains sites archéologiques.

Qualifiant le projet d’« effort révolutionnaire » et d’« engagement de Meta pour préserver et promouvoir l’héritage culturel égyptien », ce qui permet aux jeunes générations de mieux apprécier sa valeur, Fares Akkad, directeur régional pour le Moyen-Orient et l’Afrique chez Meta, déclare : « Il est de notre responsabilité collective de protéger le riche patrimoine culturel et historique de l’Egypte et de le partager avec les générations futures ».

Akkad met en avant le potentiel de la technologie dépendant de l’Intelligence Artificielle (IA) pour définir l’avenir du secteur du tourisme.

Les défis de l’IA

L’initiative s’inscrit dans le cadre de la vision plus large de Meta d’utiliser la technologie pour combler le fossé entre le passé et le présent, selon Khallaf. « Nous croyons que la technologie a le pouvoir de transformer notre façon de vivre l’Histoire », affirme-t-elle. « En restaurant numériquement des artefacts anciens et en créant des expériences immersives, nous ne faisons que présenter au public le riche patrimoine de l’Egypte, nous lui donnons vie de manière à la fois engageante et éducative ».

En effet, le ministre du Tourisme et des Antiquités, Sherif Fathy, a abordé certains aspects-clés auxquels l’adoption de l’IA est confrontée, en particulier la nécessité d’un cadre juridique pour guider les applications et les pratiques de l’IA. Ce cadre garantirait la conformité aux lois égyptiennes et internationales, protégerait les données et respecterait les valeurs culturelles.

L’impact du projet Revival va au-delà des touristes ; il s’agit de susciter la curiosité et de rendre fiers les Egyptiens, en particulier les jeunes adeptes des réseaux sociaux et des technologies numériques. En fournissant des filtres AR sur Instagram, le projet permet aux visiteurs de partager facilement leurs expériences, diffusant ainsi l’héritage culturel de l’Egypte dans le monde entier. « Revival Project offre une nouvelle perspective pour apprécier les trésors intemporels de l’Egypte », a déclaré Sherif Fathy.

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