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Le Musée de la céramique fait peau neuve

Dalia Farouq , Mercredi, 30 octobre 2024

Le Musée de la céramique islamique rouvre ses portes aux visiteurs qui pourront admirer des pièces reflétant à la fois la beauté et la diversité culturelle et artistique de la civilisation islamique.

Le Musée de la céramique fait peau neuve

Après 14 ans de fermeture pour des travaux de restauration, le Musée de la céramique islamique, situé dans le Palais du prince Amr Ibrahim au coeur de l’île de Zamalek au Caire, a rouvert ses portes au grand public. Ce musée, qui témoigne de l’héritage artistique des céramistes musulmans à travers les âges, présente 315 pièces rares, dont 116 égyptiennes, 118 turques, 49 iraniennes, 25 syriennes, deux andalouses, deux iraqiennes, deux tunisiennes et une marocaine. Bien que les formes, les couleurs, les techniques de fabrication et les styles de décoration des pièces exposées varient, elles soulignent toutes que la civilisation islamique est une partie intégrante et importante de la civilisation humaine. « Chaque pièce reflète non seulement la beauté de l’art de la céramique, mais également la diversité culturelle et artistique du monde islamique », assure Ali Saïd, directeur général des centres artistiques dans le secteur des beaux-arts égyptiens au ministère de la Culture. Il ajoute que la civilisation égyptienne est l’une des plus anciennes civilisations au monde en lien avec l’art de la céramique, et cela a perduré à travers les âges.

Le choix du Palais du prince Amr Ibrahim pour abriter ce musée, fondé en 1999 pour documenter l’art de la céramique islamique, n’est pas anodin. En effet, le caractère architectural du palais et les détails de la conception intérieure de ses salles, riches en décorations islamiques, ajoutent beauté, authenticité et harmonie aux objets exposés, permettant au visiteur de vivre une expérience culturelle et artistique exceptionnelle tout en appréciant une exposition muséale unique.

Le regard du visiteur se déplace entre les vitraux en plâtre, un élément islamique bien connu, et les oeuvres en plâtre arabe riche, ainsi que les plafonds, murs et portes ornés de motifs, de muqarnas et de compositions complexes intégrant des éléments végétaux et géométriques, ainsi que des inscriptions. Un dialogue s’établit entre ces arts architecturaux qui embellissent le palais et les céramiques qui y sont exposées. Les chefs-d’oeuvre en céramique occupent deux étages complets du palais historique, montrant différents produits de céramique tels que casseroles, assiettes, plats, vases, lanternes, tasses, gobelets, bols, carreaux, en plus d’autres pièces alliant beauté et fonctionnalité, affirmant la créativité des céramistes musulmans à travers le temps grâce à leurs doigts habiles, à leurs fours et à leurs tours de potier.

Au rez-de-chaussée du palais se trouve une salle consacrée au style fatimide, une autre présente les styles de céramiques des époques omeyyade, mamelouke et ayyoubide et une troisième au même niveau est dédiée aux oeuvres turques. Quant au premier étage, il abrite des vitrines renfermant des céramiques de style iranien et un espace est réservé au style de Raqqa syrien, ainsi qu’aux autres styles.

 Travaux de restauration

En ce qui concerne les travaux de restauration du musée, ceux-ci comprennent deux phases. La première se concentre sur la restauration du bâtiment lui-même, l’autre sur la restauration des pièces en céramique qui y sont exposées. « Nous avons traversé plusieurs étapes, notamment pour la restauration minutieuse des murs, plafonds et sols, l’éclairage et l’entretien général du palais. Concernant les pièces en céramique, elles étaient en bon état, sans problèmes majeurs. Elles ont été restaurées selon des méthodes scientifiques modernes, notamment le nettoyage mécanique, afin qu’elles retrouvent leur éclat et leur beauté d’antan », explique Saïd, en ajoutant que les travaux de restauration ont permis de préserver et de mettre en valeur les collections de céramique, tout en améliorant l’infrastructure du musée. Les efforts ont été axés sur la conservation des pièces dans un environnement adapté, garantissant ainsi leur protection pour les générations futures.

Bien que le Musée de la céramique islamique ait ouvert ses portes à la visite, la restauration n’est pas encore achevée. Selon le directeur général des centres artistiques du secteur des beaux-arts, il reste des travaux de restauration sur certains murs et des décorations cachées. « Le musée devait être accessible au public même s’il n’était pas entièrement prêt afin de coïncider avec la nouvelle saison artistique. Comme on le sait, le quartier de Zamalek est une destination artistique avec ses musées, ses galeries, sa faculté des beaux-arts et ses salles culturelles qui attirent les visiteurs, surtout en hiver, permettant ainsi aux amateurs de céramique et aux étudiants d’y accéder », indique Saïd. Il souligne que cela se produit dans les musées du monde entier pour éviter les longues fermetures, d’autant que les travaux de restauration en cours ne dérangeront en rien les visiteurs et n’affecteront guère l’exposition muséale.

 Histoire d’un palais

Considéré comme l’un des plus magnifiques palais du début du XXe siècle, le Palais du prince Amr Ibrahim, siège du Musée de la céramique islamique, est situé au bord du Nil dans le quartier cairote de Zamalek. Fondé en 1921 pour être le siège estival du prince Amr Ibrahim, l’un des descendants les plus éminents de Mohamad Ali pacha, ce palais s’étend sur une superficie de 774 m2 et est entouré d’un jardin de 35 592 m2.

Le prince Ibrahim éprouvait un grand intérêt pour l’architecture et les arts islamiques, c’est pourquoi son palais est conçu dans un style islamique moderne, notamment néo-ottoman et néo-islamique, avec des influences mameloukes, ainsi que de nombreuses touches marocaines et andalouses.

Le palais comprend de nombreux éléments et caractéristiques de l’architecture islamique, tels que des formes de muqarnas, des arches, des dômes, des fenêtres, des décorations arabesques, des motifs étoilés, des carreaux de faïence et des inscriptions arabes qui ornent les murs intérieurs et extérieurs du palais. « Le palais a traversé différentes étapes historiques, comme sa vente au prince Ahmad Seifeddine, oncle du prince Amr Ibrahim. C’est en 1999 que le gouvernement égyptien l’a transformé en musée de la céramique islamique. C’était un choix judicieux, puisque le palais lui-même est un exemple fascinant d’architecture islamique, mêlant des éléments de design classique européen. Les salles d’exposition, ornées de détails décoratifs et de motifs géométriques, offrent une ambiance propice à l’appréciation des oeuvres d’art en général », résume l’archéologue Mohamed Abdel-Rahmane.

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