Comme tous les secteurs du pays, celui du tourisme est divisé sur l’approbation de la nouvelle Constitution. Certains n’y voient qu’une grande indifférence par rapport aux ambitions de plus de 4 millions d’employés qui aspirent à une clause reconnaissant l’importance de cette industrie que l’Etat doit protéger et développer. D’autres estiment que le tourisme doit être seulement pris en compte par les lois.
Ahmad Al-Khadem, expert du tourisme, approuve la Constitution qu’il trouve « satisfaisante » pour les professionnels du tourisme, étant donné qu’elle soutient le développement de l’industrie en général, en plus de la protection des libertés individuelles et du patrimoine. « Pourquoi nommer toutes les industries dans la Constitution qui est faite pour tracer les grandes lignes régissant la vie en Egypte ? Ce sont les lois qui doivent se pencher sur une industrie en particulier. Les activités économiques sont mentionnées dans la Constitution comme la construction et les communications, ce qui est illogique », explique Al-Khadem.
La loi 14/2003 organise déjà les activités de l’industrie du tourisme qui sont multiples comme la promotion, les agences, les hôtels, l’investissement touristique … « En outre, le tourisme n’est pas mentionné dans les Constitutions des plus grands pays démocratiques tels que les Etats-Unis et la France », assure Al-Khadem.
Ahmad Balbaa, président du comité du tourisme au sein de l’Association des hommes d’affaires égyptiens, assure qu’il espérait voir un texte précis sur le tourisme dans la Constitution pour protéger cette industrie cruciale pour l’économie égyptienne, surtout que les islamistes ont failli s’en prendre à ce secteur lorsqu’ils étaient au pouvoir. « Ce qui est très important pour les investisseurs du tourisme c’est l’existence d’un plan clair pour le développement touristique auquel collaborent tous les ministères et les organismes du gouvernement », indique-t-il, en assurant que jusqu’à présent, aucun indice ne laisse penser que le tourisme figure dans les plans de développement économique du pays. Et d’ajouter : « Je ne sais pas si c’est de la négligence ou de l’ignorance vis-à-vis de ce secteur qui est le seul capable de sauver l’économie égyptienne à l’heure actuelle ».
Le secteur du tourisme a engendré plus de 12 milliards de dollars en 2010, année record du tourisme en Egypte. Un chiffre qui a chuté de presque la moitié les années suivantes.
Ihab Moussa, président du groupe de subvention du tourisme, se demande secrètement si cette ignorance de la part du comité des 50 chargé d’amender la Constitution est une concession faite aux islamistes. « L’article 24 du projet d’amendement parlait du tourisme et de son importance. Il considérait l’agriculture, l’industrie, le tourisme et les activités qui se rapportent à ces secteurs comme les piliers fondamentaux de l’économie nationale. Il a été changé dans le projet final de la Constitution et j’ignore pour le compte de qui », déplore Moussa.
Selon lui, le tourisme a beaucoup souffert ces 3 dernières années, à cause des troubles politiques et des violences, mais aussi des dirigeants qui ne rassuraient ni les touristes étrangers, ni les professionnels du tourisme en Egypte. « Sur les 236 articles de la Constitution, aucun n’a été consacré au tourisme, alors que certains sont consacrés à l’agriculture et à l’industrie. C’est la preuve que le comité, qui a rédigé ce texte, n’était pas du tout conscient de l’importance du tourisme », se lamente Moussa.
« Tous les atouts »
L’expert touristique Adel Radi pense que le tourisme aurait dû être mentionné dans la Constitution en raison de son importance. Les dirigeants en Egypte doivent comprendre que si l’agriculture et l’industrie sont fondamentales pour l’économie égyptienne, le tourisme l’est tout autant. « On ne peut pas concurrencer le Japon ou les Etats-Unis dans l’industrie, on ne peut également pas atteindre le niveau de l’Espagne dans l’agriculture, mais on peut devancer tous les pays dans le secteur du tourisme parce qu’on possède tous les atouts de cette industrie et nous avons un patrimoine incomparable », explique Radi.
Malgré ces divergences sur la place du tourisme dans la nouvelle Constitution, la majorité des professionnels du métier sont d’accord sur le fait qu’il faut approuver la Constitution lors du référendum prévu les 14 et 15 janvier prochains, afin de faire progresser la feuille de route. Nagui Eriane, membre da Chambre des hôtels, assure que peu importe que le tourisme soit mentionné ou non dans la Constitution, l’essentiel est d’avoir une bonne Constitution qui réponde à la plupart des attentes des Egyptiens. « L’heure n’est pas à la divergence. On doit tous approuver la Constitution qui est la seule solution à la situation actuelle pour retrouver la stabilité et la sécurité qui sont la première garantie d’un développement du tourisme en Egypte », estime Eriane.
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