« Après la fin de la première phase de notre projet, le nombre de visiteurs à Esna a triplé, soit une augmentation de 8 % par rapport à 2020. De plus, le gouvernorat a développé la corniche d’Esna. Cependant, malgré tous ces efforts, il a été observé que la ville manquait de services touristiques », souligne Karim Ibrahim, directeur exécutif et co-fondateur de la société Takween pour le développement communautaire, dans le cadre du projet « Investissement dans le tourisme durable et intégral de la ville d’Esna », en partenariat avec Integrated Community Development (ICD) pour les consultations. Les responsables du projet, financé par l’Agence américaine pour le développement international (USAID), ont présenté, au siège de l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO), les travaux entrepris lors de la deuxième phase, qui ont duré 4 ans et se termineront en septembre 2024.
Au cours de cette période, les responsables ont davantage axé leurs efforts sur les activités communautaires pouvant servir le secteur du tourisme afin d’assurer un service de qualité aux visiteurs. En complément des travaux de restauration du temple de Khnoum, connu sous le nom de temple d’Esna, les responsables du projet ont mis en place un centre pour les visiteurs et un autre à vocation administrative. Outre le temple, le lieu de villégiature de l’ancienne famille royale, établi en 1880 à Mataana, près de la ville d’Esna, a également été restauré. « Une fois les travaux achevés, le ministère du Tourisme et des Antiquités envisage son exploitation à des fins culturelles pour bénéficier à la communauté locale », souligne Ibrahim Abdel-Ghani, responsable du marketing et de la communication du projet.
Parallèlement, le projet vise à documenter le patrimoine immatériel d’Esna, à l’instar du festival « Al-Mermah » qui se déroule annuellement pour les courses de chevaux et les jeux de bâtons. De plus, Esna est réputée pour sa cuisine particulière et se distingue également par le style vestimentaire des jeunes filles lors des festivités, mentionne Abdel-Ghani. L’amélioration du niveau des hôtels à Esna, afin d’attirer une nouvelle clientèle, et le développement de restaurants font partie des programmes du projet.
Formation et marketing
L’aspect économique a été un point central durant la deuxième phase du projet. Ainsi, un programme intitulé « Etude des séries de la valeur du tourisme culturel » a été mis en place pour favoriser le développement économique de la ville. Ce programme a identifié les aspects de l’économie locale nécessitant un développement pour répondre aux besoins des visiteurs égyptiens et étrangers. Ainsi, le projet a lancé un programme en collaboration avec les propriétaires de magasins pour améliorer leurs bazars. C’est le cas de Essam Al-Zont, actif dans le secteur du tourisme depuis plus de 40 ans. « Les responsables du projet m’ont encouragé à produire des oeuvres locales avec des motifs égyptiens pour promouvoir le tourisme », mentionne Al-Zont, qui a appris le tissage à la main et l’impression textile pour développer ses compétences. « Grâce à ce projet, mes revenus ont doublé, voire triplé », ajoute-t-il. Dans le cadre du projet, plus d’une vingtaine de plats ont été documentés. Par ailleurs, une compétition culinaire entre les femmes d’Esna a été organisée. « Nous sommes en train de mettre en place, avec les femmes d’Esna, un restaurant spécialisé dans ces plats pour les présenter aux visiteurs », explique le co-directeur.
Parmi les initiatives économiques du projet figure la création d’un atelier pour des produits en bois inspirés du patrimoine architectural d’Esna. Les femmes formées utilisent le bois d’Esna pour fabriquer des chandeliers, des miroirs encadrés de bois, de petites répliques des vérandas des maisons, et bien d’autres. Grâce à ces ateliers, le projet met l’accent sur le marketing et la promotion touristique. C’est pourquoi des sessions de formation sont organisées pour les guides et les tour-opérateurs. « La pertinence des informations fournies sur Esna, ainsi que la manière d’expliquer les monuments, encore traditionnelle et monotone, représentent un défi. C’est pourquoi nous avons initié ces sessions de formation », explique Abdel-Ghani. Enfin, le projet met en lumière Esna et son patrimoine unique, en instaurant des facilités pour la rendre plus accessible aux touristes et visiteurs.
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