Malls, plages et soirées : Al-Alamein se prépare à accueillir les Arabes.
Sur fond de chiffres record de touristes saoudiens en 2023, qui ont atteint près d’un million, représentant la troisième nationalité, après l’Allemagne et la Russie, à visiter l’Egypte, le ministère du Tourisme et des Antiquités a participé à la 31e édition du Salon de voyage arabe (Arabian Travel Market, ATM), tenu à Dubaï du 6 au 9 mai. Cette participation vise non seulement à promouvoir les différentes destinations du pays, mais également à encourager les multiples formes du tourisme égyptien.
Sous le slogan « L’autonomisation par l’innovation », le salon a accueilli plus de 46 000 visiteurs de plus de 160 pays avec la participation de 2 600 exposants, mettant en avant la coopération arabe et le soutien aux start-up dans le secteur du tourisme. Hossam Hazaa, expert touristique, souligne que le pavillon égyptien était le plus grand avec une surface de 720 m2 regroupant l’Organisme égyptien du tourisme, 35 compagnies touristiques, 25 entreprises d’hôtellerie et des compagnies aériennes.
Durant la tenue du salon, l’accent a été mis sur l’importance de l’innovation et de la coopération entre les pays arabes pour développer les offres touristiques. Ghada Chalaby, vice-ministre égyptien du Tourisme et des Antiquités, a présenté, lors d’une conférence de presse en marge du salon, la stratégie nationale du tourisme et ses principaux axes, ainsi que le développement de l’industrie touristique en Egypte et les caractéristiques uniques de la destination touristique égyptienne. Elle a également abordé les nouveaux genres touristiques, dont le « Cairo City Break », qui vise à faire de la ville du Caire une destination touristique à part entière, augmentant ainsi le nombre de nuitées touristiques.
L’accent a été également mis sur les touristes émiratis qui viennent découvrir la Côte-Nord de l’Egypte près de la région de Ras Al-Hikma, où des compagnies émiraties prévoient l’investissement des milliards de dollars pour en faire une destination touristique de premier rang. Il s’agit d’une invitation à plusieurs volets : la promotion touristique, l’investissement dans le domaine touristique et l’augmentation des nuitées hôtelières. « Bien que la population émiratie ne dépasse pas 1,5 million d’habitants, le marché des pays du Golfe dépense en moyenne entre 250 et 300 dollars par jour, comparé aux 200 dollars/jour dépensés par un touriste américain », explique Hazaa.
Chaque marché arabe a ses besoins touristiques spécifiques, relève Hossam Darwich, expert touristique. « Les Saoudiens viennent en famille et recherchent des hôtels de luxe où ils peuvent réserver des suites avec des chambres annexes pour leur personnel. Ils préfèrent les plages et évitent les températures élevées. Ils aiment également faire du shopping dans les grands centres commerciaux », explique-t-il. Ces touristes ont besoin d’un service hôtelier différent, car ils ont l’habitude de se réveiller tard et préfèrent déjeuner en chambre. Selon Darwich, le touriste saoudien dépense dix fois plus que les touristes étrangers.
Goûts différents
« Alors que l’Egypte met les bouchées doubles pour attirer les touristes du Golfe, l’accent est mis sur les pays qui présentent un fort potentiel de croissance touristique, favorisé par une convergence culturelle et géographique qui facilite les voyages et les échanges touristiques », déclare Moataz Sedqi, vice-président du comité du tourisme à la Chambre américaine au Caire. Selon lui, l’Arabie saoudite est un marché-clé pour le tourisme égyptien grâce au grand nombre d’habitants qui dépasse les 40 millions, en plus des liens religieux et culturels. « Les Saoudiens apprécient les visites religieuses en Egypte, surtout au Caire, ainsi que la découverte des zones côtières telles que la Côte-Nord et Hurghada » sur la mer Rouge, estime-t-il.
De même, les Emiratis font partie des voyageurs aisés à la recherche d’expériences touristiques luxueuses. « L’Egypte leur propose diverses options, notamment le tourisme culturel et historique, ainsi que des séjours dans des stations balnéaires telles qu’Al-Alamein » sur la côte méditerranéenne, ajoute Sedqi. Selon lui, les Koweïtiens privilégient l’Egypte pour le tourisme familial et médical, notamment dans les régions réputées pour leurs ressources thérapeutiques. « Malgré sa population réduite, le Qatar constitue un marché cible important en raison du pouvoir d’achat élevé de ses habitants », explique l’expert en tourisme.
Perspectives et défis
Bien que l’Egypte ait réalisé un chiffre record en 2023 avec 14,9 millions de touristes, elle cherche à atteindre 30 millions d’ici 2028. « Afin d’accueillir plus de touristes, l’Egypte doit s’équiper par plus de chambres d’hôtel. Lors de l’ATM, plusieurs investisseurs ont exprimé leur désir de coopérer avec leurs homologues égyptiens afin d’inaugurer des chaînes d’hôtel de nouvelles marques internationales. L’Egypte doit également encourager ce genre d’investissement et inciter les petits investisseurs à ouvrir des boutiques hôtels », explique Hazaa. D’après lui, le tourisme de spectacles a développé le tourisme arabe et égyptien. La poursuite de cette lancée est tributaire de l’accueil de troupes de renommée internationale qui intéressent le grand public et qui incitent les blogueurs à couvrir leurs spectacles. « Le tourisme sportif, le tourisme de la mode et le tourisme des mariages constituent de nouveaux segments de tourisme de niche pour les élites », développe l’expert touristique.
En effet, la vice-ministre égyptienne a aussi souligné que l’Egypte vise à faciliter les démarches d’obtention de visas d’entrée pour les citoyens des pays du Golfe. « Le marketing numérique peut également jouer un rôle essentiel dans la promotion touristique », a-t-elle indiqué. Partageant l’idée, l’expert touristique et spécialiste en e-marketing Hossam Darwich estime que « l’e-visa est devenu indispensable et que l’e-marketing est une science dans laquelle l’Egypte doit encore faire des efforts ». Selon lui, bien que le pavillon égyptien à l’ATM 2024 ait offert aux visiteurs des billets de visite de l’Egypte, il manquait des offres de forfait pour les touristes arabes. Il a également regretté que le pavillon manque des moyens d’attraction comme la diffusion de musique traditionnelle et la présentation de plats populaires. « Lors du salon émirati, le Qatar a invité tous les participants à assister en novembre prochain à son 1er salon de voyage. On doit prendre en considération toutes les remarques pour attirer plus de touristes », conclut Hazaa.
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