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Ces temples éclairés par le soleil

Doaa Elhami, Mardi, 24 décembre 2013

Les rayons du soleil sont tombés le 21 décembre perpendiculairement sur les temples de Hatchepsout, de Karnak à Louqsor et de Qasr Qaroun au Fayoum. Ce phénomène extraordinaire apporte à nouveau la preuve sur le génie des Anciens Egyptiens.

Hatchepsout

Le temple de Ramsès II à Abou-Simbel éblouit par sa grandeur et le génie de sa construction. La renom­mée de ce temple n’est pas due seu­lement à sa dimension, mais surtout au phénomène extraordinaire de la pénétration des rayons du soleil sur près de 41 m à l’intérieur de l’édi­fice. Ce phénomène se produisant une fois par an dure 25 minutes et permet d’illuminer les visages de 3 des 4 statues se trouvant dans ce saint des saints.

Visiblement, Abou-Simbel n’est pas le seul temple à connaître ce phénomène. « Il n’est pas lié seule­ment au temple d’Abou-Simbel, mais il se répète dans 170 autres temples égyptiens durant toute l’année. Les Anciens Egyptiens étaient réputés pour leur maîtrise de l’astronomie et de l’architecture », explique Mossallam Shaltout, professeur au Centre national des recherches astro­nomiques et géophysiques. Et de rappeler : « Trois sanctuaires ont été illuminés par les rayons du soleil, tombés à la perpendiculaire le 21 décembre dernier ». Ces temples sont ceux de la reine Hatchepsout à Deir Al-Bahari, à Louqsor, le sanc­tuaire principal du temple de Karnak dans la même ville, et enfin celui de Qasr Qaroun, au Fayoum.

Mais pourquoi le 21 décembre ? Cette date correspond, en fait, au début de la saison d’hiver, qui est aussi le premier jour de la culture des champs(sémance). « La vie des Anciens Egyptiens était basée sur l’agriculture. Il n’est donc pas étrange qu’ils lui donnent une telle importance », explique l’égyptolo­gue Ahmad Saleh. D’après Shaltout, les Egyptiens de l’époque pharao­nique ont pu fixer avec précision la date de l’arrivée de l’hiver dès le Moyen Empire. « Ils ont alors bâti leurs temples avec des angles précis pour que les rayons du soleil tombent perpendiculairement sur ces sanc­tuaires à cette même date. En outre, cette date correspond à la commé­moration de la fête de la divinité « Rê le Grand », dit Shaltout.

Pour le temple de Qasr Qaroun construit pendant l’époque ptolé­maïque (fin du IIIe siècle av. J.-C.), la date du 21 décembre correspond à la fondation de la ville de Dionysias et à la fête de la divinité locale, Sobek, représentée par le crocodile. C’est ce qu’affirme Mohamad Qénawi, membre de la mission italienne de l’Université de Sienne travaillant sur ce site. « En général, ce phénomène astronomique se produit chaque année à des dates précises dans les temples qui sont encore bien entrete­nus », renchérit Qénawi. Il souligne aussi que ces dates correspondent aux fêtes des divinités locales, à la création de ces cités ou encore a partagé par Khaled Saad, directeur général du département de la préhis­toire au ministère d’Etat pour les Affaires des antiquités. Selon lui, l’architecte de l’Egypte Ancienne a toujours lié son oeuvre à l’astrono­mie. « C’est ainsi qu’il a pu habile­ment faire en sorte que les rayons du soleil tombent de manière perpendi­culaire sur les souverains renommés et les grandes divinités », explique-t-il. Au temple d’Abou-Simbel, les rayons éclairent trois statues seule­ment. La première représente le dieu Rê Harakhti (dieu du soleil), la deu­xième Ramsès II et la troisième Amon-Rê. Quant à la quatrième sta­tue, elle représente le dieu Ptah, dieu des ténèbres, situé à l’extrême gauche, et qui demeure dans l’obscu­rité.

Ce phénomène est généralement lié aux divinités solaires, ou celles qui sont liées à la création. Citons à titre d’exemple Amon, Rê, Amon-Rê, Atoum, Atoun, Soker, originaire de Saqqara, puis Sobek, Nit, Nout et Nefer tom. Selon Khaled Saad, le phénomène de la tombée perpendi­culaire des rayons du soleil peut aussi être observé au temple d’Amnemhat III (IIe dynastie du Moyen Empire) et à Qasr Al-Sagha dans le gouverno­rat de Fayoum. Toujours selon le chercheur, ce phénomène mérite plus d’études et une coopération entre le ministère d’Etat pour les Affaires des antiquités, l’Institut des sciences géo­physiques et d’autres organismes concernés.

Si le 22 février et le 22 octobre de chaque année sont des dates qui ont la faveur des touristes pour assister à ce phénomène, il faut y ajouter d’autres dates, car ce phénomène se répète 170 fois par an dans différents temples égyptien.

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