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Rosette, ville islamique

Doaa Elhami , Mercredi, 03 avril 2024

Rosette, ou Rachid en arabe, est une ville historique riche en architecture islamique. Située sur la Méditerranée, dans le gouvernorat de Béheira, elle joue un rôle-clé dans la préservation du patrimoine islamique.

Rosette, ville islamique
Mosquée Zaghloul.

Rosette est la deuxième ville d’Egypte en termes de nombre de monuments islamiques après Le Caire. Elle est connue pour son architecture islamique distinctive, abritant de nombreuses mosquées et écoles coraniques, ainsi que d’autres sites religieux. Elle revêt ainsi une importance capitale pour le gouvernorat de Béheira, où elle est située. Les monuments islamiques de Rosette, notamment ses maisons, se distinguent par leur style architectural éminent, grâce à l’utilisation de la pierre locale, le mangoure, aux teintes rouge et noire alternées, pour orner les façades des demeures. « La pierre mangoure rouge est fabriquée en argile pressée, tandis que la noire est constituée de terre cuite obtenue après cuisson de l’argile », explique Mahmoud Al-Fakharani, inspecteur en chef des monuments de Rosette. Il précise que la ville était connue pour la densité de ses couches de limon pur en raison de son emplacement sur la branche du Nil portant le même nom.

Cet emplacement privilégié sur la Méditerranée a fait de Rosette une ville commerciale durant l’époque islamique, notamment sous les dynasties fatimide, mamelouke et ottomane. Ainsi, la plupart des habitants étaient des commerçants réputés qui ont édifié des caravansérails adjacents à leurs habitations pour faciliter leurs activités commerciales. En effet, « les rez-de-chaussée des maisons étaient aménagés en caravansérails, dépôts et écuries pour répondre aux besoins des propriétaires », explique Saeid Rakha, directeur général du Musée national de Rosette. Il souligne que les habitations disposaient de deux portes d’entrée : la principale réservée aux membres de la famille et aux invités, tandis que la seconde donnait accès aux dépôts et aux écuries. Par ailleurs, l’agencement des étages des maisons variait : des demeures à deux étages telles que celles de Mekki et Tabaq, ou à trois ou quatre étages, voire cinq comme les maisons de Maazouni et Galal. Selon les experts, le premier étage, ou salamlek, était destiné à accueillir les invités, avec de larges fenêtres rectangulaires pour pallier l’absence de cour permettant l’entrée de la lumière. Le deuxième étage, ou harem, était réservé aux femmes et à la famille du propriétaire et était caractérisé par des moucharabiehs. « Ces moucharabiehs faisaient pénétrer la lumière et les rayons du soleil et aéraient les pièces, permettant aussi aux membres de la famille de voir la rue et l’extérieur de la maison, tout en étant protégés des regards indiscrets », reprend l’inspecteur. Enfin, le troisième étage, similaire au deuxième, représentait l’étage du milieu de la demeure. Le quatrième étage, partiellement ouvert, comportait une salle de bains et quelques chambres. Les maisons de Rosette sont connues pour leurs plafonds en bois colorés et ornés de motifs floraux.


L’entrée de la Citadelle.

Architecture islamique omniprésente

L’aspect architectural islamique de la ville se reflète également sur ses fontaines annexées aux maisons telles celles de Asfour, d’Al-Baqrouli, de Moharram et de Maazouni. Les fontaines se composent de pièces carrées ou rectangulaires, munies de deux façades équipées d’abreuvoirs. « Ces abreuvoirs sont une caractéristique particulière des fontaines de Rosette, contrairement à celles du Caire qui puisent leur eau dans les réservoirs souterrains », précise Al-Fakharani. L’aspect architectural islamique se manifeste également dans les constructions militaires de la ville, comme en témoigne la Citadelle de Qaïtbay où la célèbre pierre de Rosette fut découverte. Cette citadelle, érigée par le sultan ottoman Al-Achraf Qaïtbay en 1479 pour défendre le port de la ville, présente un mélange de styles architecturaux. On y retrouve des éléments byzantins et islamiques variés. A l’intérieur du fort se trouve une mosquée possédant quatre iwans et surmontée d’un minaret de forme conique, typique de l’époque ottomane. La cour extérieure renferme les vestiges d’un bâtiment rectangulaire abritant les casernes des soldats, des entrepôts et une citerne d’eau. La diversité et la richesse architecturales de Rosette lui confèrent une identité unique la démarquant des autres villes égyptiennes.

 Le patrimoine islamique de Rachid

Epoque mamelouke

— La forteresse de Rachid

— Vestiges de muraille entourant la ville

Epoque ottomane

— 22 maisons historiques

— Le bain public de Azzouz

— Deux moulins (un à Rachid, celui d’Abou-Chahine, et l’autre à Edko, à22 km de Rachid)

— 13 mosquées

— L’église historique

— 9 forts sur la Méditerranée remontant à l’époque de Mohamad Ali, situés entre les tours de Rachid et le traversier d’Edko

 Rosette, aux yeux des voyagistes

« Rosette est la plus belle cité après Le Caire » : le voyagiste français Jean de Thévenot, en 1656.

« Rosette est la petite Egypte et Le Caire est la grande Egypte. Ses bâtiments sont plus beaux que ceux de Constantinople » : le voyagiste russe Ivan Lukyanov, en 1701.

« Rosette comprend deux églises, l’une dépend du patriarche d’Alexandrie et l’autre est romaine » : le voyagiste russe Vasily Grigorovish Parsky.

« Rosette est la cité la plus joyeuse en Egypte. Ses édifices sont plus beaux que ceux du Caire. Elle est le jardin d’Egypte » : le noble français Sonnini de Manoncourt, en 1771.

« Rien ne vaut la beauté des jardins de Rosette » : Thomas Walsh, en 1801.

« Ce paradis africain. C’est l’un des lieux les plus exotiques du monde entier » : le voyagiste et scientiste anglais Edward Clarke, 1799-1803.

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