Al-Ahram Hebdo : Bien que la ville de Rachid dispose d’un patrimoine culturel remarquable, elle n’a pas encore été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, pourquoi ?
Mahmoud Darwich : La ville de Rachid se distingue par sa riche histoire et son patrimoine culturel, remontant à l’époque des pharaons et s’étant développés durant les périodes islamiques, notamment sous les dynasties mamelouke et ottomane. A travers ses édifices religieux et son patrimoine urbain, militaire et commercial, Rachid est réellement un musée d’art islamique à ciel ouvert. Cependant, en raison de l’urbanisation croissante et de la négligence de ses trésors, la ville n’est pas encore classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
— Quels sont les dangers auxquels ces monuments sont confrontés ?
— Le principal danger réside dans la montée des eaux souterraines menaçant toute la ville. Leur niveau augmente de manière constante, causant l’apparition de fissures sur certains bâtiments historiques. Certains endroits ont même partiellement cédé. Malheureusement, même les récentes restaurations ne respectent pas les normes internationales en la matière.
— Faites-vous référence aux mosquées de Ali Al-Mahalli et de Taqieddine ?
— Exactement. La restauration doit suivre des normes et des principes stricts. Ce qui a été fait relève davantage d’une rénovation, voire d’une reconstruction. Il est incorrect de parler de restauration lorsque des pierres originales sont remplacées par d’autres nouvelles.
— Rachid possède une diversité de monuments. Peut-on la considérer comme une ville islamique ?
— Rachid était historiquement une ville à vocation militaire depuis l’époque pharaonique jusqu’à celle de Mohamad Ali, avec une dimension commerciale durant l’ère ottomane. La protection de la ville contre les envahisseurs par la branche fluviale de Rachid a été une préoccupation majeure pour de nombreux dirigeants. A partir du roi Mérenptah du Nouvel Empire jusqu’à l’époque ayyoubide, de différentes fortifications militaires ont été édifiées, notamment la Citadelle de Rachid, les remparts entourant la ville, les fortifications de Tell Abou-Mandour et les forts établis par le wali Mohamad Ali.
— Que faut-il faire pour préserver le riche patrimoine islamique de la ville ?
— Il est primordial de réduire le niveau de la nappe phréatique pour préserver les monuments de la ville, de réaliser une restauration méticuleuse des mosquées et des maisons historiques abondantes à Rachid et d’exploiter ces édifices à des fins culturelles afin de les protéger de la détérioration.
Lien court: