Après trois ans de fermeture,la pyramide de Chéphren vient de rouvrir ses portes au public suite à des travaux de rénovation et de restauration. Cette inauguration a eu lieu dans le cadre d’une conférence de presse qui s’est tenue sur le plateau des pyramides en présence de Mohamad Ibrahim, ministre d’Etat pour les Affaires des antiquités. Cette démarche intervient à la suite d’un programme élaboré par le ministère pour rouvrir un grand nombre de sites archéologiques, afin de donner une nouvelle impulsion à la saison touristique hivernale.
Les travaux de rénovation de la pyramide de Chéphren, qui ont commencé il y a près de trois ans, ont été menés par un ensemble d’architectes, d’archéologues, d’ingénieurs et de techniciens égyptiens, tous dépendant du ministère des Antiquités sous la supervision de Ali Al-Asfar, directeur du plateau des pyramides.
Ce n’est pas la première fois que la pyramide fut fermée au public. « Depuis des années, un système de rotation permet de fermer une pyramide pour la restaurer tout en laissant les deux autres accessibles à la visite », explique Al-Asfar. « Nous avons désormais fermé la pyramide de Mykérinos pour rénovation après avoir achevé la restauration de celle de Chéphren », ajoute-t-il.
Ce système continuera d’être appliqué non seulement pour les pyramides, mais aussi pour les 400 monuments au plateau de Guiza. « Nous avons essayé d’effectuer une opération de rafraîchissement dont le but est de donner un nouveau souffle au tourisme dans la région. Chaque année, visiteurs et amateurs d’archéologie ont tendance à voir les mêmes endroits », regrette Al-Asfar.
Rénovation complète
Les travaux de rénovation incluent la restauration minutieuse des inscriptions à l’intérieur des chambres funéraires, le changement de l’éclairage en plus de la maintenance du système de ventilation à l’intérieur de la pyramide. « Une bonne ventilation est essentielle à l’intérieur de la pyramide. C’est un lieu fermé qui n’est pas fait pour accueillir un tel nombre de visiteurs. Il faut ajuster le taux d’humidité à l’intérieur de la tombe, sinon, le sel apparaîtra sur le revêtement de la tombe. Il faut de même restaurer les lieux qui s’abîment de jour en jour en raison de facteurs externes comme les mains qui touchent les murs ou encore l’utilisation de flashs pour prendre des photos », précise Al-Asfar. Pour faciliter la visite de la pyramide, un espace a été couvert pour protéger les touristes du soleil. Un plancher en bois qui s’étend sur 200 m a aussi été ajouté pour faciliter la marche.
Toujours dans le cadre de la promotion touristique des lieux et non loin de la pyramide de Chéphren, six tombes ont été ouvertes pour la première fois au grand public. Cinq d’entre elles sont situées dans le cimetière ouest du plateau de Giza remontant à la fin de la Ve dynastie. Il s’agit de tombes d’hommes d’Etat, de hauts dignitaires et de prêtres. La sixième, celle de Meresankh, se trouvant dans le cimetière est, appartient à la famille royale de la IVe dynastie.
Meresankh … une légende surgie des roches
Tombe royale taillée au cœur d’un rocher et vieille de près de 4 500 ans, Meresankh III demeure l’une des plus belles sépultures de la région. Elle est celle de la princesse Meresankh : un nom qui signifie l’aimée de la vie. Meresankh est la petite-fille du roi Chéops, fille de Kaouab et de Hétèp-Hérès II et épouse du roi Chéphren. Le tombeau de Meresankh III est connu sous le nom scientifique de G7530-7540 et est célèbre pour la richesse de ses ornements et les couleurs utilisées sur ses murs.
Découverte en 1927 par George Andrew Reisner, sa chapelle funéraire est située à l’extrémité est du mastaba, ce qui est très inhabituel. Elle est ornée de bas-reliefs qui restent inachevés. « Cette tombe est unique, que ce soit du point de vue historique ou en raison de la valeur artistique des scènes représentées sur les murs », a souligné le ministre Mohamad Ibrahim, lors de l’inauguration du site.
L’importance de la tombe provient notamment de la spécificité du style artistique utilisé. « Si l’Ancien Empire est connu par ses monuments grandioses, dans cette tombe, les choses sont différentes : le goût artistique est fin et clair », explique Al-Asfar.
Les dates inscrites à l’entrée de la tombe demeurent énigmatiques. Le visiteur peut clairement voir deux datations dont l’une indique la date du décès de la défunte alors que l’autre mentionne celle de son enterrement. Entre les deux dates : une différence de 270 jours. Un fait unique. « Meresankh est morte du vivant de sa mère. Cette dernière aurait donc pu faire construire un tombeau pour enterrer sa fille, ce qui expliquerait cette différence de 270 jours. Car l’opération de momification à l’époque ne dépassait pas les 70 jours », explique Al-Asfar, qui souligne que des recherches sont en cours pour connaître l’endroit exact où Meresankh fut laissée pendant la préparation de la tombe.
La tombe est composée de trois chambres dont les murs présentent des inscriptions de la vie quotidienne de l’époque. On peut apercevoir sur l’un des murs des barques représentant le pèlerinage vers Abydos et sur un mur adjacent des scènes d’abattage qui illustrent les offrandes faites au défunt.
Une autre chambre contenait dix sculptures alignées de femmes de différents âges. Ces statues divisent les égyptologues quant à leur véritable identité. Elles sont aussi représentées de face, une méthode propre à la IVe dynastie.
Une restauration rapide
Bien que les travaux de restauration des tombes n’aient duré qu’une année, ils furent parsemés de complications. L’équipe du chantier a rencontré plusieurs difficultés, notamment en raison des accumulations de sable dans les sites. « Les tombes étaient en bon état. Le problème était surtout à l’extérieur », reprend Al-Asfar. En ce qui concerne le cimetière ouest, qui est formé de rangées larges et régulières, les techniciens ont déblayé un seul passage par lequel le visiteur peut accéder aux cinq tombes de la nécropole. Ces tombes appartiennent au détenteur des secrets royaux, au trésorier, au scribe, au responsable de la maison d’armes et au grand prêtre du roi Apis, responsable des jardins du roi et de l’ordre des prêtres.
« Les travaux de restauration de ces tombeaux ont été très minutieux en matière artistique et architecturale. On prévoit dans le futur de fermer certains accès et d’en rouvrir d’autres après nettoyage et restauration, dans le but d’assurer une activité rotative des monuments dans toute la zone de Guiza », explique Al-Asfar. A l’heure actuelle, le plateau des pyramides comporte plus de 4 200 tombes dont seulement 400 sont connues. D’autres programmes sont prévus pour établir des fouilles et mettre au jour les tombes encore enfouies.
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