A peine ses travaux annuels entamés, la mission archéologique d’Armant a déjà découvert deux statues et cinq têtes de statues décapitées. Situé à une vingtaine de kilomètres au sud de Louqsor, le site d’Armant est fouillé par l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO), le Centre égypto-français d’étude du temple de Karnak (CFEEK) et l’Unité archéologique des sociétés méditerranéennes (UMR).
La mission a découvert au sein du temple d’Armant, consacré au dieu Montou Rê, deux statues entières et cinq têtes dispersées sur le site de fouille. Les deux statues datent du Nouvel Empire, plus précisément de la XIXe dynastie. Elles ont été découvertes dans les fondations du temple ptolémaïque et romain consacré au dieu Montou Rê, entièrement détruit au Ve siècle de notre ère.
« Malgré la destruction du temple, il nous livre encore des vestiges. Par chance, on a trouvé des statues laissées sur place », se réjouit Christophe Thiers, directeur de la mission. La première statue est en calcaire et mesure 93 cm de haut, l’autre, d’une hauteur de 68,5 cm, est en granodiorite. « Leur état de conservation, les textes hiéroglyphiques qu’elles portent ainsi que leur iconographie font de ces deux statues des oeuvres exceptionnelles et atypiques », poursuit Christophe Thiers.
La statue en calcaire représente Nebamon, scribe et médecin du roi Amenhotep II. Le roi est entouré de plusieurs membres de sa famille. Il porte une représentation assise du dieu Montou abrité dans son naos. Nebamon était déjà connu grâce à une autre statue découverte en 1980, toujours à Armant, par le Service des antiquités d’Egypte.
La deuxième statue en granodiorite représente le premier grand prêtre de Montou d’Armant Ramosé, un contemporain de Ramsès II. Le grand prêtre porte en offrande deux têtes de faucon sur un plateau, symbole du dieu Montou. Selon Thier, la représentation du dieu Montou dans cette position est exceptionnelle. Il assure : « Ramosé n’était jusqu’à présent connu que par une statue conservée à Chicago et par une représentation à l’intérieur de la tombe thébaine d’un certain Khonsou, dans laquelle il participe à une procession en l’honneur du dieu d’Armant ».
Ces découvertes ne sont que la première étape d’un long processus. « Les études sur les deux statues vont commencer pour tenter de dévoiler tous les secrets qu’elles détiennent, précise le directeur du secteur des antiquités égyptiennes, Mohamad Abdel-Maqsoud. On a encore beaucoup à faire. On commence la restauration. Ensuite, on décidera du lieu où elles seront placées ».
D’autres pièces pourraient suivre ces premières découvertes. Quelques jours après la découverte des deux statues, ce sont cinq têtes de statues royales de l’Egypte pharaonique qui ont été trouvées par cette même équipe d’archéologues franco-égyptiens. « Elles pourraient avoir 4 000 ans. Ces têtes de statues portent des couronnes typiques de Haute et de Basse-Egypte en calcaire sculpté », précise le ministre des Antiquités, Mohamad Ibrahim. Chaque tête, couronne comprise, mesure 50 centimètres.
Selon Mohamad Ibrahim, elles dateraient du Moyen Empire et pourraient correspondre aux corps de statues retrouvées décapitées il y a plusieurs années. Pour le moment, les têtes n’ont toujours pas été extraites du site. Selon les archéologues, elles semblent extrêmement bien conservées.
Les travaux réalisés par les équipes de Christophe Thiers cherchent à arrêter au plus vite la disparition des vestiges disséminés dans la ville. Le projet vise également à développer une analyse architecturale, topographique et épigraphique des ruines du temple principal du dieu Montou. Malgré l’état de détérioration du temple de la cité de Montou d’Armant, les ruines livrent toujours de nombreux secrets.
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