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Un anniversaire riche en activités

Nasma Réda , Mercredi, 17 janvier 2024

Le Musée d’art islamique au Caire fête son 120e anniversaire, avec l’organisation de plusieurs expositions.

Un anniversaire riche en activités

A journey in The Sky of Islamic Civilization (une journée au ciel de la civilisation islamique) est le thème choisi par le Musée d’art islamique au Caire pour célébrer son 120e anniversaire. « Ce musée est l’un des plus importants du monde, puisqu’il abrite l’une des plus grandes collections d’art islamique avec d’uniques pièces antiques. Il est considéré comme étant le phare de l’art et de la civilisation islamiques », souligne Ahmad Siyam, directeur du musée, ajoutant que le musée renferme plus de 100 000 pièces antiques, y compris celles stockées, dont 1 475 considérées comme très précieuses et rares.

En marge des célébrations, une exposition intitulée « Al-Beit » qui veut dire (la maison) est tenue dans un corridor du musée depuis 23 décembre, pour un mois. « Des maquettes et des répliques de quelques maisons aux styles islamiques sont exposées. C’est une nouvelle manière de montrer l’art islamique en coopération avec les plus célèbres ateliers artisanaux de la région du Caire fatimide », explique Racha Gamal, chef du département de l’éducation du musée. Le musée, au style néo-islamique, accueille également une exposition de la peintre russe Liza Yukhnyova, sur l’imitation des oeuvres d’art des Orientalistes du XIXe siècle.


Flacon en verre coloré avec en image Mohamad Ali.

Les célébrations se poursuivent en 2024. Il s’agit de l’exposition intitulée « Retour à la nature », organisée dans les salles temporaires du musée depuis le 1er janvier, elle met en valeur quelques trésors archéologiques du musée avec une vision contemporaine. 40 artisans présentent, pendant la première semaine de l’année, 120 oeuvres d’art utilisant des matériaux naturels respectueux de l’environnement. « De magnifiques répliques de moucharabieh, une maquette de la mosquée et du khanka de l’émir Chaykhou Al-Ansari en style mamelouk remontant à 1349 sont parmi les pièces présentées. Un exemplaire de la robe magique remontant à la dynastie des Séfévides régnant sur la Perse de 1501 à 1736 fait aussi part de cette exposition temporaire qui est accompagnée d’un enregistrement vocal racontant l’histoire des pièces », souligne Racha Kamal, directeur général du département de la sensibilisation du public au Conseil Suprême des Antiquités (CSA).

Une histoire qui remonte au XIXe siècle

L’histoire du Musée d’art islamique remonte à 1869, sous le règne du khédive Ismaïl (1830-1895), lorsque l’archéologue français Auguste Salzmann lui propose la construction d’un musée pour conserver les monuments historiques arabo-islamiques. Le khédive charge alors l’architecte autrichien Julius Franz de trouver un endroit pour rassembler les objets artistiques aux styles islamiques qui ont de la valeur. Ce dernier installe des pièces antiques, dont le nombre dépassait les 3 000, dans un bâtiment de la cour de la mosquée d’Al-Hakim Bi Amr Allah.


Minbar, moucharabieh et autres font partie de l’art islamique.

En 1880, le khédive Tawfiq, fils d’Ismaïl, fonde le Comité de conservation des monuments arabes, qui avait comme mission de transférer et de conserver ces monuments dans un musée national. Le Musée d’art arabe a donc vu le jour la même année, toujours au même endroit. Jour après jour, les pièces se sont entassées au sein de ce petit bâtiment. Plus tard, l’ingénieur Max Herz, superviseur du musée, a catalogué les pièces conservées dont le nombre est passé à 7 000 en 1903.

Ainsi est réapparue en 1897 l’idée de construire un musée, mais il fallait trouver un autre endroit plus spacieux. C’était à la place Bab Al-Khalq, au centre-ville du Caire, où les travaux de construction de Dar Al-Assar Al-Arabiya (la maison des antiquités arabes) ont commencé. La construction du bâtiment s’est achevée en 1902, puis le transfert des antiquités a duré un an et l’inauguration a eu lieu en décembre 1903 par le khédive Abbas Helmi II. Le bâtiment était divisé entre Al-Kotob Khana (la maison des livres khédiviaux) et la maison des antiquités arabes.

La collection du musée était formée des dons et des fouilles. Le premier don était une collection rare de pièces antiques fournies par la mère du khédive Abbas Helmi II (1874-1944). Des princes, tel Youssef Kamal, ainsi que des rois, tel le roi Farouq en 1945, amateurs d’antiquités, ont offert leurs collections personnelles au musée.

Le nombre des pièces antiques s’est élargi, notamment avec l’idée d’acheter des objets de valeur comme les tapis, la céramique, les armes et autres de différents pays du monde. Et avec les fouilles à Fostat (au Vieux-Caire) et en Haute-Egypte, la collection a doublé.


Des joyaux de l’art islamique.

En 1945, il y avait plus de 45 000 pièces venant de plusieurs pays du monde. « Ce grand bâtiment présente diverses collections d’art islamique non seulement de l’Egypte, mais en plus d’Inde, de Chine, d’Iran, de la péninsule arabique et d’Andalousie (Espagne), d’Afrique du Nord et d’autres pays du monde islamique », affirme Siyam.

Ce n’est qu’en 1951 que le nom du musée a changé en Musée d’art islamique, où les pièces sont exposées par ordre chronologique dans 23 salles. Et ce n’est qu’en 2003 que l’idée de réaménager le musée est née. Il a alors fermé ses portes pendant sept ans pour subir une modernisation complète qui a coûté 140 millions de L.E.

Avec près de 4 500 pièces exposées, la muséologie du XXIe siècle apparaît dans chaque coin du musée qui a rouvert en 2010. Les différents styles architecturaux de l’art islamique sont montrés, marquant les époques omeyyade, fatimide, mamelouke jusqu’à la fin de l’ère ottomane. Les pièces sont alors exposées d’une manière thématique, de l’astronomie à la médecine, l’architecture, etc. La clé de la Kaaba, à La Mecque en Arabie saoudite, est l’un des trésors précieux du musée. D’autres pièces, comme les pièces de monnaie en or trouvées à la maison de Zeinab Khatoun (morte en 1836), y sont exposées. « A la suite de l’explosion de 2014, le musée a de nouveau fermé ses portes, puis a rouvert en 2017, ayant pour vision d’être un centre international d’art islamique », conclut le directeur du musée.

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