Dakhla, la plus vaste des oasis du gouvernorat d’Al-Wadi Al-Guédid (la nouvelle vallée) dans le désert occidental, est l’objet d’un vaste chantier archéologique. Couverte de palmeraies et de cultures diverses, l’oasis est une suite de petits villages traditionnels composés de maisons en terre lui donnant tout son charme.
A 900 km du Caire, l’oasis de Dakhla se distingue aussi par ses tombes Al-Mezawaqa, qui veut dire en arabe « ornée » ou « décorée ». Plusieurs d’entre elles ont subi des travaux de restauration mettant en valeur un patrimoine oublié, mais situé au coeur d’une zone touristique majeure connue pour ses safaris.
Lors de l’inauguration de deux tombes rénovées, Mohamad Ibrahim, ministre des Antiquités, a précisé les objectifs d’une telle restauration : « Ce gouvernorat représente plus de 44 % de la surface totale de l’Egypte. J’appelle les touristes à venir jouir tant de la beauté naturelle et du climat de la région que de ses vestiges historiques et culturels ». Une manière de ne pas limiter l’attrait d’Al-Wadi Al-Guédid à ses immenses déserts.
Les tombes des grands prêtres Pedoubastis (le don de Bastet) et Petosiris de l’époque gréco-romaine, désormais ouvertes au public, sont l’une des preuves de la richesse culturelle de la région.
Le projet de restauration, qui a duré 6 ans, a aussi permis l’ouverture d’un centre regroupant des bureaux administratifs, une cafétéria et une salle d’exposition virtuelle pour un coût total de 3,2 millions de livres.
Une tombe datant de la XXIIIe dynastie
La tombe de Pedoubastis, ou Pelusis, remonte à la XXIIIe dynastie (818-793 av. J.-C.). Elle se compose d’une chambre unique décorée d’inscriptions funéraires aux couleurs vives et de deux cavités destinées à placer les sarcophages. Le style architectural de la tombe est plus proche du style égyptien que gréco-romain, style dominant dans la tombe de Petosiris. Une scène réaliste d’un cortège funéraire où la momie est transportée sur un chariot nous est parvenue dans un état remarquable.
Un peu plus loin se trouve la tombe de Petosiris, (le don d’Osiris), qui a vécu à la fin de la XXXe dynastie. Petosiris était considéré comme un sage. Sa tombe est composée de deux chambres jumelles. Sur les parois, des scènes funéraires montrent les rituels de l’époque. Dans la première est peint un corps d’homme à tête de faucon, probablement Horus, et Petosiris portant une toge, un pallium, des sandales et tenant un papyrus dans sa main.
La seconde est consacrée aux dieux Ibis (Thot), Horus, Osiris et Anubis qui sont montrés à travers différentes scènes, toujours accompagnés de Petosiris. Les scènes d’offrandes et de momifications sont toujours au premier plan.
« Bien que les traits du visage et les vêtements de Petosiris soient gréco-romains, sa position de prière est purement égyptienne », explique Ali Al-Asfar, vice-directeur du secteur des antiquités au sein du ministère.
Les travaux de restauration effectués par des équipes d’archéologues égyptiens consistaient largement en « la collecte d’inscriptions présentes dans les deux tombes, le nettoyage des murs et le renforcement des terrains autour des tombes. Le travail le plus difficile était de préserver le parterre qui, par endroits, est parsemé d’inscriptions colorées. Il fallait éviter que ces sols soient abîmés par les visites », précise Mohamad Al-Cheikha, chef du secteur de restauration au ministère des Antiquités. « Les travaux ont été longs, car il fallait s’assurer de la solidité des plafonds ainsi que des terrains autour des tombes », ajoute-t-il.
Le ministre des Antiquités espère maintenant que ces travaux permettront un regain d’intérêt touristique pour la région. Il souhaite faire inscrire les deux tombes sur la carte touristique de l’Egypte.
Lien court: